L'Eclat du Jour de Tizza Covi et Rainer Frimmel
Film recommandé

L’Éclat du jour

Tizza Covi et Rainer Frimmel

Distribution : Zootrope Films

Date de sortie : 12/02/2014

Autriche - 2013 - 1.85 - Dolby SR - 1h31

Philipp, acteur de théâtre reconnu, se produit sur les plus prestigieuses scènes de Vienne et Hambourg. Son quotidien est rythmé par l’apprentissage des textes, les répétitions et représentations. L’irruption dans sa vie de son oncle Walter, ancien artiste de cirque, va le pousser à ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure et réaliser que la vie ne se résume pas à la scène.

Festival du film de Locarno (Suisse) – Prix de la meilleure interprétation masculine
Festival Diagonale (Autriche)– Prix du meilleur Film autrichien et prix du scénario
Festival Max Ophuls de sarrebruck (Allemagne) – Prix du meilleur film
Festival International de Sulmona (Italie) – Prix du meilleur film et Prix du meilleur acteur
Festival Tarkovski à Ivanovo (Russie) – Mention du jury et Prix de la critique Russe
Viennale (Autriche) – Prix MehrWert
Festival Premiers plans – Angers (France), Festival du Nouveau Cinéma (Montréal), Festival International du film de Thessalonique (Grèce), de Reykjavik (Islande), de Buenos Aires (Argentine) ,de New York (Usa), de Leeds (Royaume Uni), de Wroclaw (Pologne), de Shanghai (Chine), Vancouver (Canada), Vladivia (Chili), Kiev (Ukraine), Seville (Espagne), Estoril (Portugal), Goteborg (Suède), Mexico (Mexique)….

Avec : Philipp Hochmair, Walter Saabel, Vitali Leonti

Réalisation Tizza Covi et Rainer Frimmel • Scénario Tizza Covi, Rainer Frimmel et Xaver Bayer • Directeur de la photographie  Rainer Frimmel • Montage Tizza Covi, Emily Atrmann • Son Manuel Grandpierre • Production VENTO FILM (Rainer Frimmel) 

Tizza Covi & Rainer Frimmel

Tizza Covi est italienne. Elle est née en 1971 à Bolzano. Rainer Frimmel naît en Autriche la même année. C’est à Vienne qu’ils étudient tous deux la photographie. Ils travaillent ensemble depuis 1996. Après une courte carrière de photographes indépendants, ils fondent en 2002 leur propre société de production de films, Vento Films, pour développer des projets artistiques de manière autonome. Ils coréalisent ensemble un premier documentaire Das ist alles suivi de Babooska, remarqué dans de nombreux festivals. En 2009, ils réalisent leur première fiction, La Pivellina, sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Le film reçoit le label Europa Cinemas et représente l’Autriche aux Oscars 2011. Avec L’éclat du jour, en 2012, ils poursuivent leur exploration des frontières entre documentaire et fiction, scénario et improvisation. Le film est présenté en première mondiale à Locarno et se voit décerner le Léopard d’Argent du Meilleur Acteur. Mister Universo est leur troisième longmétrage de fiction.

Filmographie

DAS IST ALLES (doc) 2001
Visions du Réel – Nyons : Prix regards neufs

BABOOSKA (doc) 2005
Prix Wolfgang Staudte (Berlinale)
Prix international de la Scam (Ciné ma du réel – Paris)
Prix du meilleur documentaire (Festival Diagonale – Graz)

LA PIVELLINA 2009
Festival de Cannes – Quinzaine des réalisateurs – Prix Label Europa Cinémas
Festival du Cinéma Italien d’Annecy – Prix Spécial du Jury, Prix d’Interprétation
Féminine Festival International du Film de Toronto

L’ÉCLAT DU JOUR 2012
Festival du film de Locarno – Prix de la meilleure interprétation masculine
Festival Diagonale – Prix du meilleur Film et prix du scénario
Festival Max Ophuls de Sarrebruck – Prix du meilleur film

CRITIQUE

PAR ISABELLE DANEL (BANDE A PART)

Philipp, acteur de théâtre en représentations à Hambourg reçoit la visite de son oncle Walter, venu de Rome, et qu’il n’a jamais rencontré. Celui-ci est artiste de cirque et cherche un emploi, son neveu lui propose de l’héberger, y compris quand il sera retourné à Vienne. Comme pour La Pivellina, leur formidable premier long-métrage de fiction, Tizza Covi et Rainer Frimmel mélangent réalité et imagination, écriture et improvisations. Les comédiens et leurs personnages (qui portent le même nom) se confondent un temps. Philipp apparaît chauve et revêtu de l’uniforme militaire de son rôle, Woyzeck ; il est « accro », comme il dit, à son métier, n’a pas de temps pour les amis. Walter semble être un type sur qui on ne peut compter : alors qu’il devait aller voir le spectacle de Philipp, il passe sa soirée dans un café à discuter et danser. Peu à peu, un glissement s’opère lorsque Walter s’occupe des deux enfants du voisin, Viktor : concerné par tout ce qui l’entoure, ce bon vivant va contaminer celui qui ne vivait que par procuration. Port où le travail manque, bars désertés, immigrés en situation précaire, appartements miteux : comme des instants volés, la caméra saisit l’état du monde. Mieux vaut le regarder pour ce qu’il est que de vivre ailleurs dans sa tête, semblent nous dire les réalisateurs, sans jouer les moralisateurs pour autant. Ce beau film erratique à la fin en point d’interrogation, parle avec justesse d’engagement, de choix et de famille. La solidarité, qui ne dit pas son nom, semble ici un concept tout neuf.

lien vers l’article sur le site de Bande à part https://www.bande-a-part.fr/cinema/critique/critique-leclat-du-jour-de-tizza-covi-et-rainer-frimmel/


Dans les coulisses

 par Clément Graminiès

Quatre ans après la sortie en salles remarquée de La Pivellina, les réalisateurs Tizza Covi et Rainer Frimmel proposent à nouveau un film hybride, naviguant entre fiction et travail documentaire. Dans L’Éclat du jour, le parallèle est d’autant plus saisissant que le scénario confronte ici deux hommes que beaucoup de choses opposent : Philipp, acteur connu de théâtre classique, et son oncle Walter, artiste de cirque qui a pas mal bourlingué au gré de ses expériences professionnelles. Entre ces deux personnages qui se découvrent sur le tard s’engage une réflexion autour de la distinction à opérer entre la vraie vie et les métiers de la scène. Au-delà du discours écrit, il y a évidemment un parti pris de mise en scène, celui de vider les plans de tout artifice pour revenir à l’essence du monde. Les choix de mise en scène des cinéastes s’engagent donc dans cette voie : mis à part l’appartement du comédien et le théâtre où il disparaît derrière son rôle, la plupart des scènes sont tournées en extérieur, en lumière naturelle et sans ajout de musique extradiégétique.

Pour autant, le film assume complètement et de manière cohérente sa dimension fictionnelle. Si les deux acteurs sont proches des personnages qu’ils incarnent (le premier est réellement un acteur de théâtre expérimenté tandis que l’autre s’est distingué dans les arts de la rue), l’écriture des dialogues et des scènes témoignent d’une cohabitation stimulante entre l’artifice et le réel. C’est de ce fragile équilibre que L’Éclat du jour tire sa force : déjouant les règles classiques du récit, le film s’abandonne à une certaine forme de désintégration comme si la finalité de l’exercice n’avait finalement que très peu d’importance. Sans enjeux dramaturgiques (tout au plus apprendra-t-on que l’oncle n’est pas le bienvenu pour le père du comédien), l’œuvre de Tizza Covi et Rainer Frimmel se laisse porter par une sorte d’étrange flottement. Si cette absence de didactisme scénaristique donne parfois le sentiment de ne pas trop savoir où les deux cinéastes veulent en venir, elle confère au film une liberté de ton qui fait de cette ode du retour au réel un objet fragile mais précieux.

lien vers l’article sur le site de Critikat : https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/l-eclat-du-jour/