Shirley a quitté la ville pour s’occuper de sa grand-mère dans un petit village calme du littoral dans la région du Nordeste au Brésil. Le mois d’août marque l’arrivée d’une découverte surprenante qui entraîne Shirley et son petit copain Jeison dans un questionnement sur la vie, la mort, la mémoire du vent et de la mer.
MENTION SPÉCIALE AU FESTIVAL DE LOCARNO 2014
LICORNE D’OR FESTIVAL D’AMIENS 2014
GRAND PRIX MEILLEUR FILM IFIS ISTANBUL 2015
PRIX DU JURY STARZ DENVER FESTIVAL 2014
MEILLEUR RÉALISATEUR FESTIVAL JANELA DE RÉCIFE 2014
MEILLEURE ACTRICE ET MEILLEURE PHOTOGRAPHIE AU 47 E FESTIVAL DE
BRASILIA
Avec : Shirley Dandara De Morais • Jeison Geová Manoel Dos Santos • Grand Mere Maria Salvino Dos Santos • Père De Jeison Antônio José Dos Santos • Chercheur Du Vent Gabriel Mascaro
Réalisateur Gabriel Mascaro • Producteur Rachel Ellis • Scénariste Gabriel Mascaro & Rachel Ellis • Directeur Photo Gabriel Mascaro • Producteurs Délégués Rachel Ellis & Stefania Reis • Montage Wricardo Pretti & Eduardo Serrano • Producteur Executif Livia De Melo • Direction Artistique Stefania Regis • Son Victoria Franzan • Mixage Son Mauricio D’órey • Post-Production Vanessa Barbosa • Effets Spéciaux Ernesto Herrmann & Cinecolor
Gabriel Mascaro
Gabriel Mascaro est né à Recife (Brésil) en 1983, où il réside et travaille. Il a réalisé quatre documentaires et deux courts métrages qui ont été montré dans les plus importants festivals internationaux: Rotterdam (IFFR), Amsterdam (IDFA), Oberhausen, Clermont- Ferrand, Copenhagen (CPH:DOX), Visions du Réel, Buenos Aires (Bafici). Son travail explore les frontières entre le documentaire et la fiction. Ventos de Agosto est son premier film de fiction.
Filmographie
Ventos de Agosto, 2014, Bresil, 77mn, fiction
Doméstica, 2012, Brésiil, 75mn, documentaire
A Onda Traz o Vento Leva, 2012, Brésil/Espagne, 25mn, documentaire,
As Aventuras, de Paulo Bruscky 2010, Brésil, 20 mn
Um Lugar ao Sol, 2009, Brésil 70mn, documentaire
KFZ-1348 2008, Brésil, 85mn, documentaire 35mm
Av. Brasilia Teimosa, 2010, Brésil, 85mn documentaire
ENTRETIEN AVEC GABRIEL MASCARO
Q – QU’EST-CE QUI A DÉCLENCHÉ L’IDÉE DU FILM ?
GM – Il y a quelques années lors d’un voyage sur les cotes de Pernambuco, au Nordeste du Brésil, j’ai découvert de nombreuses maisons détruites par la montée des eaux. On a commencé à faire des recherches sur ces événements et comment en trente ans ces plages paradisiaques ont été partiellement détruites. On a découvert un cimetière englouti par la mer, ce qui m’a laissé une image très forte. Ce fut le départ de mon écriture du film. J’ai commencé à écrire à propos de l’abandon, la mémoire, la perte, les vagues, le soleil, le sel, et les ruines. Je sentais quand même que mon défi était de créer des images de quelque chose d’invisible : la force du vent. Cette apparente impossibilité a décuplé mon envie. J’ai découvert le documentaire du réalisateur Joris Ivens qui a fait son premier film sur le vent en 1965 «Le Mistral». Dans son dernier film «Une histoire du vent» Ivens avec ses cheveux gris y déclare que filmer l’impossible est la meilleure chose qui soit. Cela m’influença grandement et dans Ventos de Agosto j’ai incorporé un personnage qui joue un chercheur enregistrant méticuleusement les sons et réverbérations des vents de la zone intertropicale.
Q – QUE REPRÉSENTENT LES VENTS D’AOÛT DANS LE FILM ?
GM – Dans le film, les Vents d’août font références aux vents qui
existent dans la zone intertropicale, mieux connu sous le nom d’alizés.
Ils ont une identité forte et une histoire avec un son très particulier.
Pour moi cela représente une force perpétuelle de la nature qui
s’impose dans la région. J’ai choisi de me concentrer sur le mois d’août
parce qu’ici au Nord-Est du Brésil, c’est le mois où le vent est le
plus fort, qui crée le plus de dégâts durant l’année. Ce qui rend cette
force invisible plus palpable.
Q – COMMENT S’EST PASSÉ LE TRAVAIL AVEC LES ACTEURS?
GM – A l’exception de Shirley, le personnage principal, aucun acteur
est professionnel, ils viennent tous du village ou est tourné le film.
On s’est rendu au village pour chercher des comédiens. Presque tous les
habitants ont passé les essais excepté Geová, qui joue Jeison. Deux
jours après il vient me voir s’excuse pour avoir raté les essais et
demande s’il y a un rôle pour un chanteur. Je lui ai demandé de chanter
devant la caméra, une fois qu’il eût finit je lui ai proposé le rôle de
Jeison. Dans le scénario original il y avait beaucoup de dialogues pour
les acteurs non professionnels, Jeison travaillait beaucoup
sur l’improvisation et répétait les scènes très sérieusement. Avec
Dandara qui joue Shirley, ce fut différent. Son rôle était très
restreint au départ, on devait la filmer sur deux jours, elle finit par
tourner vingt jours. Elle passa du temps à vivre dans la maison où
vivait sa grand-mère, Maria , dans le film. C’est là qu’on a compris
comment le personnage pouvait réagir avec l’environnement et pouvait
s’incorporer dans le film pour épouser la réalité. Dandara passa une
semaine à aider Maria, lui fit à manger, la mis au lit, apporta une
couverture quand il faisait froid, écouta ses histoires.Très vite elle
l’appelait Grand-Mère sans faire de distinction entre la réalité et la
fiction. Quand ces frontières sont dépassées ce qui est réel fleurit et
ce qui ne l’est pas devient réel.
Q – DANS QUELLES CONDITIONS AVEZ-VOUS TOURNÉ ?
GM – On a filmé en août avec la présence naturelle des vents, en petite
équipe, sans matériel lourd, ce qui permettait de filmer spontanément,
organiquement en intégrant la réalité du village et l’environnement. À
ces moments-là la narration était invisible pour nous, le climat, le
vent étaient largement responsables de ce que l’on voit à l’écran.
Q – VOUS CUMULEZ PLUSIEURS POSTES SUR LE FILM, COMMENT CELA S’ORGANISE ?
GM – Je cumule plusieurs fonctions : réalisateur, scénariste, directeur
photo, acteur. C’est une dynamique et un investissement personnel dans
le film. On était une petite équipe, on doit savoir faire un peu de
tout. On logeait à côté du tournage, on montait tous les jours après le
tournage, pendant trois semaines sans s’arrêter, c’était un vrai défi de
trouver l’équilibre entre la narration et les nouvelles possibilités de
chaque journée.
Q – VOUS VENEZ DU DOCUMENTAIRE, VENTOS DE AGOSTO EST VOTRE PREMIÈRE FICTION, EST-CE QUE CELA A CHANGE VOTRE APPROCHE ?
GM – Je préfère ne pas faire de distinction entre la fiction et le
documentaire. Toutes mes précédentes réalisations en tant que
documentariste ont été contaminées par des idées et approches que
d’autres considèrent comme faisant partie de la fiction. Je reconnais
Ventos de Agosto comme une fiction et j’y vois aussi l’influence de mon
travail de réalisateur de documentaire. Au centre de Ventos de Agosto
nait l’idée que le vent voyage à travers le temps et l’espace dans un
sens qui contamine la nature du film. J’aime l’idée que le vent nous
amène dans des directions et des considérations que nous
n’attendions pas.