Pour la première fois, après trois ans d’existence, le CGLPL (Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté) accepte qu’une équipe de tournage le suive dans son travail, minutieux, essentiel de contrôle des droits fondamentaux dans les Prisons, hôpitaux psychiatriques, commissariats… Stéphane Mercurio a suivi une quinzaine de contrôleurs. Leurs lieux de mission : la maison d’arrêt de femmes de Versailles, l’hôpital psychiatrique d’Evreux, la centrale de l’île de Ré, et enfin la toute nouvelle prison de Bourg-en-Bresse.Pendant ces quelques semaines d’immersion à leurs côtés au cœur des quartiers disciplinaires, dans les cours de promenade des prisons ou dans le secret des chambres d’isolement, un voile se lève sur l’enfermement et la réalité des droits fondamentaux en ces lieux.
Réalisation : Stéphane Mercurio assistée de Edie Laconi
Image : Pierre Boffety, Laurent Fénart
Photographies : Grégoire Korganow
Son : Patrick Genet
Musique originale : Hervé Birolini
Montage : Françoise Bernard assistée de Nicolas Després – Stagiaire : Félix Salmont
Montage son : Raphaël Girardot
Mixage : Simon Apostolou
Étalonnage : Herbert Posch – Étalonnage photographies : Antonine Sennegon
Production : Viviane Aquilli assistée de Lena Fraenkel
Une production ISKRA, Matthieu de Laborde, Inger Servolin, Carole Etoubleau, Jasmina Sijercic
Administration : Rémi Roy assisté de Chrystèle Boucher
Avec la participation de CANAL + et de PLANETE JUSTICE et du Centre national du cinéma et de l’image animée, du Contrôle général des lieux de privation de liberté et avec le soutien de la SACEM
Merci à Jean-Marie Delarue, contrôleur général.
Merci à Marine Calazel, contrôleur – déléguée à la communication, pour son aide précieuse.
Stéphane Mercurio
Le premier film de Stéphane Mercurio, « Scènes de ménage avec Clémentine » (Ateliers Varan), sur les rapports entre une femme de ménage et ses employeurs, sera diffusé par la télévision et sélectionné dans les festivals. En 1993, elle tourne une lutte pour le logement et s’investit dans le magazine La Rue. En 1996, elle réalise « Cherche avenir avec toit » (59mn, Canal Plus) qui marque le début de sa collaboration avec Iskra. Depuis, elle a écrit et réalisé plusieurs documentaires pour la télévision : « Le bout du bout du monde » et « Louise, son père, ses mères, son frère et ses sœurs », ou encore « Hôpital au bord de la crise de nerfs ». Pour le cinéma, elle a filmé « A côté » (2008) des prisons, les femmes qui attendent leur parloir, ce film a reçu de nombreux prix. Elle réalise en 2010 « Mourir ? Plutôt crever ! » sur le dessinateur Siné
FILMOGRAPHIE
CINÉMA
Mourir ? Plutôt crever !
À côté co-écrit avec Anna Zisman
Prix du public et prix du film français Festival Entre Vues (Belfort 2007).
Prix du public Festival du film de femmes.
Prix de la justice – Festival Images de justice. A
TÉLÉVISION (entre autres)
2004 Louise, son père, ses mères, son frère et ses sœurs
2003 Hôpital au bord de la crise de nerfs
2002 Sans principe, ni précaution, le distilbène
2000 Le bout du bout du monde
Envies de justice
1997 Cherche avenir avec toit
COURTS MÉTRAGE
2012 Avec mon p’tit bouquet
2009 Marie-Claude et le PDG
2003 Hélène aux urgences
1992 Scènes de ménage avec Clémentine
Note d’intention de Stéphane Mercurio
Dans mon précédent film «À côté», je filmais des familles de prisonniers avant et après les parloirs en restant hors de la prison. Aux côtés des contrôleurs, ici je pénètre au cœur des lieux de détention. Je traverse le mur. Qu’y a-t-il de commun à tous ces lieux ? Comment faire respecter les droits des détenus, des malades mentaux ? Alors que tout dérive, le contrôle peut-il garantir leurs droits? Qu’est-ce donc qu’être enfermé en France en 2010 ?À tout moment, sur l’ensemble du territoire français, les contrôleurs peuvent se rendre derrière les murs de leur choix. À toute heure, et pour la durée qu’ils jugent nécessaire.Vivre cette immersion avec le contrôle, c’est, bien entendu, voir une réalité sur laquelle la République se veut discrète. Il est extrêmement difficile – voire impossible – en France de pénétrer à l’intérieur de ces lieux. Les autorisations sont le plus souvent refusées, ou les tournages très encadrés ! Et de son côté, le public préfère les criminels à l’ombre, les fous, interdits de cité, les inutiles hors d’usage. Ils sont « fous, dangereux, pauvres ». Laissons-les là où ils ne nous gênent pas, et qu’importent les conditions dans lesquelles ils sont détenus : prisons surpeuplées ou inhumaines, hôpitaux psychiatriques sans moyens où les malades tournent en rond des journées entières, gardes à vue abusives…Ces lieux nourrissent le fantasme. Parfois, la réalité est plus banale qu’on ne l’imagine. L’horreur de l’incarcération se joue sur d’infimes petites choses, transformant le quotidien en cauchemar. Le téléphone, auquel on n’a pas accès, l’éloignement de la famille qui délite les liens, la peur de la promenade où tout peut arriver. Le contrôle mesure les détails. Il mesure également les conséquences du temps passé à ne rien faire – des journées, des semaines, des mois de vide – parce que c’est ainsi que les hommes sont détruits, humiliés, fatigués. C’est ainsi que les hommes se suicident, deviennent inaptes à la vie dans la cité, c’est ainsi que la violence s’exacerbe contre les autres ou contre eux-mêmes.
Les origines du film
En 2008 sortait mon film «A côté», sur les familles de détenus. Lors d’une projection au Sénat, Jean-Marie Delarue, tout juste nommé contrôleur général des lieux privatifs de liberté, était présent. Quelques mois plus tard, nous nous sommes rencontrés. Il avait toujours refusé la présence de toute caméra. L’idée d’un film documentaire à la fois sur le contrôle et sur l’enfermement a séduit le contrôleur général. A ses yeux, le film précédent est la garantie que je saurai respecter ceux qui nous ferons confiance. Dès ce moment, ma liberté est totale et son engagement sans faille
Octobre 2010
La confiance que me témoigne l’équipe de Jean-Marie Delarue me permet de travailler dans ces lieux difficiles. Une fois les portes franchies nous suivons en toute liberté les contrôleurs. Nous filmons les détenus en entretien ou les patients partout où ils sont : cellules, cours de promenades, chambre d’isolement… Notre seule limite est l’accord des personnes filmées. Une grande partie d’entre elles accepte notre présence. Du fond de leurs oubliettes, ils saisissent l’occasion de se rappeler à nous.
Stéphane Mercurio