Un semestre sur le campus de la plus prestigieuse université publique américaine : Berkeley.
Frederick Wiseman nous montre les principaux aspects de la vie universitaire et plus particulièrement les efforts de l’administration pour maintenir l’excellence académique et la diversité du corps étudiant face aux restrictions budgétaires drastiques imposées par l’Etat de Californie.
A travers les différentes facettes de cette institution mythique, At Berkeley nous donne accès au débat sur l’avenir de l’enseignement supérieur aux États-Unis.
Réalisation, son, montage Frederick Wiseman • Image John Davey • Assistant caméra James Bishop • Assistante montage Nathalie Vigneres • Assistants montage son Christina Hunt et Robert Todd • Mixage son Emmanuel Croset • Production Berkeley Film, Inc. • En coproduction avec Independent Television Service (ITVS) • Avec le soutien de Corporation for Public Broadcasting (CPB), Public Broadcasting Service (PBS), Ford Foundation, National Endowment for the Arts (NEA), Sundance Institute Documentary Film Program and Fund, Rosenthal Family Foundation et Pershing Square Foundation.
Frederick Wiseman
Frederick
Wiseman est un cinéaste américain né le 1er janvier 1930 à Boston,
Massachusetts. Documentariste, il s’est principalement appliqué à
dresser un portrait des grandes institutions nord américaines.
Après avoir fait des études de droit à l’université de Yale, il
commence à enseigner sa discipline sans grande conviction. En 1964, sa
vie prend un virage suite à sa décision de produire la réalisatrice
Shirley Clarke, qui a décidé de réaliser The Cool World adapté
d’un roman de Warren Miller. Cette expérience ayant été révélatrice pour
lui, il décide de consacrer sa vie à réaliser, produire et monter ses
propres films. Trois ans après sort dans les salles son premier
documentaire : Titicut Folies qui jette un regard d’une acuité terrible sur un hôpital pour aliénés criminels.
Dès son premier documentaire, il se démarque clairement de ses
contemporains. Ses films, que l’on peut rapprocher de l’essai
littéraire, ne comportent aucune interview, aucune musique, aucun
commentaire, ni ordre chronologique. Ils présentent des segments
thématiques qui se répondent et se lient par contraste et comparaison.
Wiseman fournit une vision brute et laisse au spectateur le soin de se
créer son propre avis. Il choisit pour tous ses tournages de prendre
lui-même le son et dirige son cameraman en communiquant par des signes
convenus.
Après son premier film Titicut Folies, il réalise et produit,
au rythme de un par an, une série de documentaires aux titres
évocateurs dans lesquels il poursuit son étude des règles du “vivre
ensemble“ tel qu’il est agi dans les grandes institutions dont s’est
dotée la société américaine : High School (Collège) et Law and Order (Le commissariat de police) en 1969, Hospital en 1970, Juvenile Court (Tribunal pour mineurs) en 1973, et Welfare (Aide sociale) en 1975. Durant cette période, il réalise deux documentaires sur les rapports avec le monde animal : Primate en 1974 et Meat en
1976, respectivement sur l’expérimentation scientifique animale et
l’élevage de masse des bœufs destinés à l’abattoir et la consommation.
Ces deux films, particulièrement impressionnants, mettent en relief
l’interrogation qui traverse l’ensemble de son œuvre : le phénomène
institutionnel et ses rapports complexes avec le théâtre de la vie.
Il se lance ensuite dans l’observation des modèles de la société de consommation avec Model en 1980 puis The Store
en 1983. Comme dans chacun de ses précédents films, il prend le temps
d’écouter et de regarder en privilégiant les longs plans séquences.
Acuité de l’observation, humour féroce et compassion caractérisent ses
plongées dans l’agence de mannequins et le grand magasin Neiman Marcus,
temples de la modernité occidentale. Il s’immisce en 1995, dans les
coulisses du théâtre et réalise La Comédie-Française ou l’amour joué. Il
aborde de nouveaux les thèmes sociaux avec Public housing
(1997), analyse des logements sociaux dans un ghetto noir de Chicago,
Belfast, Maine (1999), véritable radiographie du quotidien d’une ville
côtière de la Nouvelle Angleterre. Domestic violence
(2001-2003), filmé à Tampa, en Floride montre le travail du principal
centre d’accueil offrant un abri aux femmes et enfants victimes de
violences physiques. Dans State legislature (2006), ode à la
démocratie représentative et au travail législatif, Wiseman suit les
travaux des deux chambres du Parlement de l’Idaho. En 2002, il réalise
une œuvre de fiction: La Dernière Lettre, poignant monologue
résumant les derniers jours d’une mère juive dans un ghetto en Ukraine,
qu’il avait mis en scène au théâtre en 1988. Passionné de théâtre, il
met en scène plusieurs pièces jusqu’à « Oh les beaux jours » de Samuel
Beckett à La Comédie Française, en 2006.
Les films de Frederick Wiseman ont été sélectionnés et récompensés dans
de très nombreux festivals à travers le monde, aux premiers rangs
desquels Cannes, Venise et Berlin. L’ensemble de son œuvre a été
récompensé à plusieurs reprises. Il est membre d’honneur de l’Académie
Américaine des Arts et des Lettres.
Filmographie
1967 TITICUT FOLLIES
1968 HIGH SCHOOL
1969 LAW AND ORDER
HOSPITAL
1971 BASIC TRAINING 1972 ESSENE
1973 JUVENILE COURT
1974 PRIMATE
1975 WELFARE
1976 MEAT
1977 CANAL ZONE
1978 SINAI FIELD MISSION
1979 MANOEUVRE
1980 MODEL
1982 SERAPHITA’S DIARY
1983 THE STORE
1985 RACETRACK
1986 DEAF – BLIND – ADJUSTMENT & WORK MULTI-HANDICAPPED
1987 MISSILE
1989 NEAR DEATH – CENTRAL PARK 1991 ASPEN
1993 ZOO
1994 HIGH SCHOOL II
1995 BALLET
1996 LA COMÉDIE FRANÇAISE
1997 PUBLIC HOUSING
1999 BELFAST, MAINE
2001 DOMESTIC VIOLENCE
2002 DOMESTIC VIOLENCE 2 – LA DERNIÈRE LETTRE
2004 THE GARDEN
2006 STATE LEGISLATURE
2009 LA DANSE, LE BALLET DE L’OPERA DE PARIS
2010 BOXING GYM
2011 CRAZY HORSE
2013 AT BERKELEY
2014 NATIONAL GALLERY 2015 IN JACKSON HEIGHTS
2017 EX LIBRIS – THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY
2018 MONROVIA, INDIANA
NOTES DE RÉALISATION
Le film s’inscrit dans ma
démarche de réaliser des documentaires qui révèlent autant que possible
les multiples aspects du comportement humain. Je pense que c’est aussi
important de montrer des gens intelligents, tolérants et passionnés par
leur travail, que de faire des films sur les échecs, l’indifférence et
la cruauté d’autres personnes. At Berkeley est une illustration de cette
idée. Ce film montre une administration et un corps enseignant solide
qui s’évertue à maintenir, face à une crise financière sévère, les
principes et l’intégrité d’une grande université publique, au service
d’une population étudiante intelligente et diversifiée. Ce fut un
privilège pour moi de tourner dans l’Université de Californie à
Berkeley.
J’ai passé 12
semaines à Berkeley et tourné 250 heures de rushes. At Berkeley est le
second film que j’ai réalisé en HD. L’équipe de tournage était composée
de deux personnes et moi-même. Aucun évènement n’est mis en scène et il
n’y a pas de lumière artificielle. Le montage du film a duré 14 mois,
étalé sur deux ans et demi. J’ai dû terminer le montage de mon film
Crazy Horse (2011) avant de pouvoir commencer à monter At Berkeley,
montage que j’ai à nouveau interrompu pour tourner un film sur la
National Gallery à Londres. At Berkeley est le 38ème de ma série sur les institutions contemporaines.
Comme
dans tous mes documentaires, je n’ai pas d’idée sur les thèmes ou la
structure du film jusqu’à ce que j’ai bien avancé dans le montage. Une
fois le tournage achevé, je regarde tous les rushes synchronisés et je
les note avec le système de classement par étoiles crée par le Guide
Michelin. Je donne à chaque séquence que je pourrais inclure, une note
de une à trois étoiles. Pendant le premier visionnage, j’élimine ainsi
environ 50 % des rushes. Je monte alors toutes les séquences que je
pense pouvoir insérer dans la version finale du film. Je ne choisi pas
de structure avant d’avoir monté toutes les séquences sélectionnées dans
une forme presque définitive. Cette étape prend environ trois ou quatre
jours. Le premier montage dure généralement 30 à 40 minutes de plus que
la version finale. Je travaille ensuite le rythme de chaque séquence
et, entre les séquences. Je dois alors tester et réfléchir à ce
qu’implique l’ordre des séquences : leur sens littéral et les
abstractions suggérées par l’ordre choisi. Le film doit jouer sur les
deux plans : le sens littéral – les actions et l’objet spécifique de
chaque scène doit être clair – et un sens métaphorique ou abstrait.
L’ordre des séquences doit suggérer des idées au-delà de leur sens
propre. Je considère que le film est fini seulement quand je peux le
parcourir, du début à la fin, et expliquer pourquoi chaque séquence est
là et son rapport aux séquences qui la précèdent et la succèdent. Quand
je pense que le film est terminé, je regarde tous les rushes pour
m’assurer qu’il n’y a rien d’important que j’aurais pu oublier. Je
trouve toujours des séquences ou des transitions que j’avais
initialement rejetées et qui servent en fait le film.
At
Berkeley présentait un problème au niveau du montage particulièrement
intéressant car la diversité des rushes était plus importante que dans
n’importe lequel de mes films précédents. La population universitaire
forme un groupe complexe composé de différentes parties – les étudiants,
le corps enseignant, l’administration, le personnel, la police, les
anciens étudiants, les responsables politiques et la communauté du lieu
où le campus est établi. Au cours du montage, je dois essayer de trouver
une façon de suggérer ces interactions, et leurs complexités, et
simultanément apporter du sens à l’institution dans son ensemble. J’ai
essayé de faire le portrait d’une grande université publique se démenant
avec succès pour surmonter une crise financière majeure tout en
préservant ses grands principes et son envergure internationale.
Frederick Wiseman
L’UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE – BERKELEY
L’Université de Californie – Berkeley, est le plus important des dix
campus formant l’université publique californienne. Située dans la baie
de San Francisco, l’université est créée en 1868 suite à la fusion entre
l’université privée de Californie et l’école des mines et des arts
mécaniques.
Berkeley a bâti sa réputation au cours du 20ème siècle grâce à de
nombreuses découvertes dans les domaines scientifiques (chimie,
physique, médecine). En 1939, Ernest Lawrence obtient le prix Nobel pour
ses travaux en physique nucléaire, attribué pour la première fois à un
chercheur d’une université publique. C’est le premier des 29 prix Nobel
qui seront attribués à des chercheurs issus de Berkeley.
L’université a également acquis une grande réputation d’engagement
socio- politique en devenant le point de départ des mouvements
contestataires étudiants dans les années 60. Le Free Speech Movement
naît sur le Campus en 1964 après l’interdiction des activités politiques
par l’administration. Des groupes étudiants liés au mouvement
anti-raciste réclament le droit à la liberté d’expression. De
manifestations en «sit-in», les étudiants obtiennent gain de cause de
manière pacifiste, si bien que l’université devient un haut lieu de la
contestation : du campus de Berkeley naitra le mouvement d’opposition à
la guerre du Vietnam et plus généralement le mouvement hippy.
Le campus de Berkeley compte actuellement plus de 35.000 étudiants pour
un corps professoral de prêt de 1600 membres, répartis en 130
départements et plus de 80 champs de recherche interdisciplinaires.
Berkeley est régulièrement classée parmi les 10 meilleures universités
mondiales. Le classement international de Shanghai cette année l’a
classé à la troisième position, juste derrière Harvard et Stanford.
Plus d’information sur : www.berkeley.edu