Film soutenu

At Berkeley

Frederick Wiseman

Distribution : Sophie Dulac Distribution

Date de sortie : 26/02/2014

USA / 2013 / / 4h04 / Documentaire / Couleur / 1.85 / 5.1 / VOST

Un semestre sur le campus de la plus prestigieuse université publique américaine : Berkeley.
Frederick Wiseman nous montre les principaux aspects de la vie universitaire et plus particulièrement les efforts de l’administration pour maintenir l’excellence académique et la diversité du corps étudiant face aux restrictions budgétaires drastiques imposées par l’Etat de Californie.
A travers les différentes facettes de cette institution mythique, At Berkeley nous donne accès au débat sur l’avenir de l’enseignement supérieur aux États-Unis.

Réalisation, son, montage Frederick Wiseman • Image John Davey • Assistant caméra James Bishop •  Assistante montage Nathalie Vigneres • Assistants montage son Christina Hunt et Robert Todd • Mixage son Emmanuel Croset •  Production Berkeley Film, Inc. • En coproduction avec Independent Television Service (ITVS) • Avec le soutien de Corporation for Public Broadcasting (CPB), Public Broadcasting Service (PBS), Ford Foundation, National Endowment for the Arts (NEA), Sundance Institute Documentary Film Program and Fund, Rosenthal Family Foundation et Pershing Square Foundation.

Frederick Wiseman

Frederick Wiseman est un cinéaste américain né le 1er janvier 1930 à Boston, Massachusetts. Documentariste, il s’est principalement appliqué à dresser un portrait des grandes institutions nord américaines.
Après avoir fait des études de droit à l’université de Yale, il commence à enseigner sa discipline sans grande conviction. En 1964, sa vie prend un virage suite à sa décision de produire la réalisatrice Shirley Clarke, qui a décidé de réaliser The Cool World adapté d’un roman de Warren Miller. Cette expérience ayant été révélatrice pour lui, il décide de consacrer sa vie à réaliser, produire et monter ses propres films. Trois ans après sort dans les salles son premier documentaire : Titicut Folies qui jette un regard d’une acuité terrible sur un hôpital pour aliénés criminels.
Dès son premier documentaire, il se démarque clairement de ses contemporains. Ses films, que l’on peut rapprocher de l’essai littéraire, ne comportent aucune interview, aucune musique, aucun commentaire, ni ordre chronologique. Ils présentent des segments thématiques qui se répondent et se lient  par contraste et comparaison. Wiseman fournit une vision brute et laisse au spectateur le soin de se créer son propre avis. Il choisit pour tous ses tournages de prendre lui-même le son et dirige son cameraman en communiquant par des signes convenus.
Après son premier film Titicut Folies, il réalise et produit, au rythme de un par an,  une série de documentaires aux titres évocateurs dans lesquels il poursuit son étude des règles du “vivre ensemble“ tel qu’il est agi dans les grandes institutions dont s’est dotée la société américaine : High School (Collège) et Law and Order (Le commissariat de police) en 1969, Hospital en 1970, Juvenile Court (Tribunal pour mineurs) en 1973, et Welfare (Aide sociale) en 1975. Durant cette période, il réalise deux documentaires sur les rapports avec le monde animal : Primate en 1974 et Meat en 1976, respectivement sur l’expérimentation scientifique animale et l’élevage de masse des bœufs destinés à l’abattoir et la consommation. Ces deux films, particulièrement impressionnants, mettent en relief l’interrogation qui traverse l’ensemble de son œuvre : le phénomène institutionnel et ses rapports complexes avec le théâtre de la vie.
Il se lance ensuite dans l’observation des modèles de la société de consommation avec Model en 1980 puis The Store en 1983. Comme dans chacun de ses précédents films, il prend le temps d’écouter et de regarder en privilégiant les longs plans séquences. Acuité de l’observation, humour féroce et compassion caractérisent ses plongées dans l’agence de mannequins et le grand magasin  Neiman Marcus, temples de la modernité occidentale. Il s’immisce en 1995, dans les coulisses du théâtre et réalise La Comédie-Française ou l’amour joué. Il aborde de nouveaux les thèmes sociaux avec Public housing (1997), analyse des logements sociaux dans un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999), véritable radiographie du quotidien d’une ville côtière de la Nouvelle Angleterre. Domestic violence  (2001-2003), filmé à Tampa, en Floride montre le travail du principal centre d’accueil offrant un abri aux femmes et enfants victimes de violences physiques. Dans State legislature (2006), ode à la démocratie représentative et au travail législatif, Wiseman suit les travaux des deux chambres du Parlement de l’Idaho. En 2002, il réalise une œuvre de fiction: La Dernière Lettre, poignant monologue résumant les derniers jours d’une mère juive dans un ghetto en Ukraine, qu’il avait mis en scène au théâtre en 1988. Passionné de théâtre, il met en scène plusieurs pièces jusqu’à « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett à La Comédie Française, en 2006.
Les films de Frederick Wiseman ont été sélectionnés et récompensés dans de très nombreux festivals à travers le monde, aux premiers rangs desquels Cannes, Venise et Berlin. L’ensemble de son œuvre a été récompensé à plusieurs reprises. Il est membre d’honneur de l’Académie Américaine des Arts et des Lettres.

Filmographie

1967 TITICUT FOLLIES
1968 HIGH SCHOOL
1969 LAW AND ORDER
HOSPITAL
1971 BASIC TRAINING 1972 ESSENE
1973 JUVENILE COURT
1974 PRIMATE
1975 WELFARE
1976 MEAT
1977 CANAL ZONE
1978 SINAI FIELD MISSION
1979 MANOEUVRE
1980 MODEL
1982 SERAPHITA’S DIARY
1983 THE STORE
1985 RACETRACK
1986 DEAF – BLIND – ADJUSTMENT & WORK MULTI-HANDICAPPED
1987 MISSILE
1989 NEAR DEATH – CENTRAL PARK 1991 ASPEN
1993 ZOO
1994 HIGH SCHOOL II
1995 BALLET
1996 LA COMÉDIE FRANÇAISE
1997 PUBLIC HOUSING
1999 BELFAST, MAINE
2001 DOMESTIC VIOLENCE
2002 DOMESTIC VIOLENCE 2 – LA DERNIÈRE LETTRE
2004 THE GARDEN
2006 STATE LEGISLATURE
2009 LA DANSE, LE BALLET DE L’OPERA DE PARIS
2010 BOXING GYM
2011 CRAZY HORSE
2013 AT BERKELEY
2014 NATIONAL GALLERY 2015 IN JACKSON HEIGHTS
2017 EX LIBRIS – THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY
2018 MONROVIA, INDIANA

NOTES DE RÉALISATION

Le film s’inscrit dans ma démarche de réaliser des documentaires qui révèlent autant que possible les multiples aspects du comportement humain. Je pense que c’est aussi important de montrer des gens intelligents, tolérants et passionnés par leur travail, que de faire des films sur les échecs, l’indifférence et la cruauté d’autres personnes. At Berkeley est une illustration de cette idée. Ce film montre une administration et un corps enseignant solide qui s’évertue à maintenir, face à une crise financière sévère, les principes et l’intégrité d’une grande université publique, au service d’une population étudiante intelligente et diversifiée. Ce fut un privilège pour moi de tourner dans l’Université de Californie à Berkeley.
J’ai passé 12 semaines à Berkeley et tourné 250 heures de rushes. At Berkeley est le second film que j’ai réalisé en HD. L’équipe de tournage était composée de deux personnes et moi-même. Aucun évènement n’est mis en scène et il n’y a pas de lumière artificielle. Le montage du film a duré 14 mois, étalé sur deux ans et demi. J’ai dû terminer le montage de mon film Crazy Horse (2011) avant de pouvoir commencer à monter At Berkeley, montage que j’ai à nouveau interrompu pour tourner un film sur la National Gallery à Londres. At Berkeley est le 38ème de ma série sur les institutions contemporaines.
Comme dans tous mes documentaires, je n’ai pas d’idée sur les thèmes ou la structure du film jusqu’à ce que j’ai bien avancé dans le montage. Une fois le tournage achevé, je regarde tous les rushes synchronisés et je les note avec le système de classement par étoiles crée par le Guide Michelin. Je donne à chaque séquence que je pourrais inclure, une note de une à trois étoiles. Pendant le premier visionnage, j’élimine ainsi environ 50 % des rushes. Je monte alors toutes les séquences que je pense pouvoir insérer dans la version finale du film. Je ne choisi pas de structure avant d’avoir monté toutes les séquences sélectionnées dans une forme presque définitive. Cette étape prend environ trois ou quatre jours. Le premier montage dure généralement 30 à 40 minutes de plus que la version finale. Je travaille ensuite le rythme de chaque séquence et, entre les séquences. Je dois alors tester et réfléchir à ce qu’implique l’ordre des séquences : leur sens littéral et les abstractions suggérées par l’ordre choisi. Le film doit jouer sur les deux plans : le sens littéral – les actions et l’objet spécifique de chaque scène doit être clair – et un sens métaphorique ou abstrait. L’ordre des séquences doit suggérer des idées au-delà de leur sens propre. Je considère que le film est fini seulement quand je peux le parcourir, du début à la fin, et expliquer pourquoi chaque séquence est là et son rapport aux séquences qui la précèdent et la succèdent. Quand je pense que le film est terminé, je regarde tous les rushes pour m’assurer qu’il n’y a rien d’important que j’aurais pu oublier. Je trouve toujours des séquences ou des transitions que j’avais initialement rejetées et qui servent en fait le film.
At Berkeley présentait un problème au niveau du montage particulièrement intéressant car la diversité des rushes était plus importante que dans n’importe lequel de mes films précédents. La population universitaire forme un groupe complexe composé de différentes parties – les étudiants, le corps enseignant, l’administration, le personnel, la police, les anciens étudiants, les responsables politiques et la communauté du lieu où le campus est établi. Au cours du montage, je dois essayer de trouver une façon de suggérer ces interactions, et leurs complexités, et simultanément apporter du sens à l’institution dans son ensemble. J’ai essayé de faire le portrait d’une grande université publique se démenant avec succès pour surmonter une crise financière majeure tout en préservant ses grands principes et son envergure internationale.

Frederick Wiseman


L’UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE – BERKELEY

L’Université de Californie – Berkeley, est le plus important des dix campus formant l’université publique californienne. Située dans la baie de San Francisco, l’université est créée en 1868 suite à la fusion entre l’université privée de Californie et l’école des mines et des arts mécaniques.
Berkeley a bâti sa réputation au cours du 20ème siècle grâce à de nombreuses découvertes dans les domaines scientifiques (chimie, physique, médecine). En 1939, Ernest Lawrence obtient le prix Nobel pour ses travaux en physique nucléaire, attribué pour la première fois à un chercheur d’une université publique. C’est le premier des 29 prix Nobel qui seront attribués à des chercheurs issus de Berkeley.
L’université a également acquis une grande réputation d’engagement socio- politique en devenant le point de départ des mouvements contestataires étudiants dans les années 60. Le Free Speech Movement naît sur le Campus en 1964 après l’interdiction des activités politiques par l’administration. Des groupes étudiants liés au mouvement anti-raciste réclament le droit à la liberté d’expression. De manifestations en «sit-in», les étudiants obtiennent gain de cause de manière pacifiste, si bien que l’université devient un haut lieu de la contestation : du campus de Berkeley naitra le mouvement d’opposition à la guerre du Vietnam et plus généralement le mouvement hippy.
Le campus de Berkeley compte actuellement plus de 35.000 étudiants pour un corps professoral de prêt de 1600 membres, répartis en 130 départements et plus de 80 champs de recherche interdisciplinaires.
Berkeley est régulièrement classée parmi les 10 meilleures universités mondiales. Le classement international de Shanghai cette année l’a classé à la troisième position, juste derrière Harvard et Stanford.
Plus d’information sur : www.berkeley.edu