Film soutenu

Aucun ours

Jafar Panahi

Distribution : ARP sélection

Date de sortie : 23/11/2022

Iran – 2022 – 1h47 – 1.85 – 5.1

Dans un village iranien proche de la frontière, un metteur en scène est témoin d’une histoire d’amour tandis qu’il en filme une autre.
La tradition et la politique auront-elles raison des deux ?

Prix Spécial du Jury – Mostra de Venise 2022

Avec :
Jafar Panahi Jafar Panahi • Le chef du village Naser Hashemi • Ghanbar Vahid Mobaseri • Bakhtiar Bakhtiar Panjei • Zara Mina Kavani • La mère de Ghanbar Narjes Delaram • Reza Reza Heydari

Jafar Panahi

Jafar Panahi, né le 11 juillet 1960 à Téhéran, est réalisateur, scénariste et monteur iranien.
Il est associé au mouvement de la Nouvelle Vague iranienne au cinéma. Il a obtenu le Lion d’Or à Venise en 2000 pour Le Cercle, L’Ours d’Or à Berlin pour Taxi Téhéran en 2015, le Prix du scénario au Festival de Cannes en 2018 pour le film Trois Visages et cette année à Venise le Prix Spécial du Jury pour Aucun Ours.
Après avoir étudié la réalisation à l’Université de cinéma et de télévision de Téhéran, Jafar Panahi réalise plusieurs films pour la télévision iranienne. Il a été, pendant de nombreuses années, l’assistant du réalisateur Abbas Kiarostami. Jafar Panahi accède à la renommée internationale avec Le Ballon blanc, réalisé en 1995, qui reçoit la Caméra d’Or au Festival de Cannes. Il est rapidement reconnu comme étant l’un des cinéastes les plus influents en Iran. Ses films sont connus pour leur approche sociale et se focalisent sur la vie des enfants, la pauvreté et la condition des femmes en Iran.
Bien que la plupart de ses films aient été bannis dans son pays, il a continué à recevoir des éloges internationaux de la part de critiques et théoriciens du cinéma. Il a reçu le Léopard d’Or au Festival de Locarno en 1997 pour Le Miroir, le Prix Un Certain Regard à Cannes pour « Sang et Or » en 2003 et l’Ours d’Argent à Berlin pour Hors-Jeu en 2006.

FILMOGRAPHIE
longs métrages
1995 Le Ballon Blanc (Caméra d’Or à Cannes)
1997 Le Miroir (Léopard d’Or à Locarno)
2000 Le Cercle (Ours d’Or à Berlin)
2003 Sang et Or (Prix un Certain Regard à Cannes)
2006 Hors-Jeu (Ours d’Argent à Berlin)
2011 Ceci n’est pas un film (Séance spéciale à Cannes)
2013 Padré (Ours d’Argent et Meilleur Scénario à Berlin)
2015 Taxi Téhéran (Ours d’Or à Berlin)
2018 Trois Visages (Prix du Scénario à Cannes)
2022 Aucun Ours (Prix Spécial du Jury à Venise)

Documentaires
1988 Yarali bashlar
1988 Negah-e dovom
1991 Kish
1997 Ardekoul
2007 Persian Carpet
2016 Où en êtes-vous, Jafar Panahi ?
2020 Celles qui chantent
2020 Hidden

Courts Métrages
1992 Doust
1992 Akharin emtehan
2007 Untying the Knot
2010 The Accordion
2021 Life

Jafar Panahi et le pouvoir

Jafar Panahi a été arrêté en 2010 pour « propagande contre le régime », après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique d’Iran.
Détenu pendant deux mois en 2010, il a été condamné à six ans de prison et vingt ans d’interdiction de réaliser ou d’écrire des films, de voyager ou même de s’exprimer dans les médias. Depuis, il vivait sous un régime de liberté conditionnelle qui pouvait être révoqué à tout instant. Il continuait cependant à travailler et vivre en Iran.
Le vendredi 8 juillet 2022, le cinéaste Mohammad Rasoulof et son collègue Mostafa Al-Ahmad sont arrêtés à leur domicile à Téhéran et incarcérés pour « incitation à la haine » dans la prison iranienne d’Evin, sous le contrôle du VAJA, le Ministère du Renseignement de la République islamique d’Iran.
La raison invoquée est le lancement quelques jours plus tôt d’un appel sur les réseaux sociaux, signé par eux, puis par soixante-dix personnalités du milieu du cinéma iranien, qui demandait aux forces de l’ordre d’arrêter de menacer les civils avec leurs armes à feu pendant qu’ils manifestaient, comme l’indique le hashtag #putyourgundown.


Lettre ouverte de Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof


En détention depuis le 11 juillet, Jafar Panahi a adressé une lettre ouverte aux organisateurs du Festival de Venise où « Aucun Ours » était sélectionné en compétition de la 79ème édition.
Il co-signe cette déclaration avec son confrère Mohammad Rasoulof, lui aussi détenu depuis le 8 juillet.


« Nous sommes des cinéastes. Nous faisons partie du cinéma indépendant iranien. Pour nous, vivre c’est créer. Nous créons des oeuvres qui ne sont pas des commandes, c’est pourquoi ceux qui sont au pouvoir nous voient comme des criminels. Le cinéma indépendant reflète son époque. Il s’inspire de la société. Et il ne peut y être indifférent. L’histoire du cinéma iranien témoigne de la présence constante et active de réalisateurs indépendants qui ont lutté pour repousser la censure et garantir la survie de cet art.
Pendant que certains se voient interdire de tourner des films, d’autres sont contraints à l’exil ou réduits à l’isolement. Et pourtant, l’espoir de créer à nouveauest notre raison d’être. Peu importe où, quand et dansquelles circonstances, un cinéaste indépendant crée ou pense à la création. Nous sommes des cinéastes
indépendants ».

Dans une tribune intitulée « Libérez Jafar ! », publiée le 9 septembre, le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, s’inquiète de son sort et craint une dure punition : « Le régime s’est toujours opposé à lui de manière agressive et nous avons tous peur de ce qui va lui arriver », écrit-il. Une manifestation de soutien s’est tenue sur le tapis rouge, juste avant la projection officielle du film salué par une salve d’applaudissements autant destinée à l’œuvre qu’à son auteur.

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