Un soir, seul au volant, le docteur Nariman tente d’éviter un chauffard et renverse une famille en scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et insiste pour qu’Amir, leur enfant de 8 ans légèrement blessé, soit conduit à l’hôpital.
Deux jours plus tard, à l’institut médico-légal où il travaille, Nariman s’étonne de revoir la famille, venue veiller le corps sans vie d’Amir. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire. Mais Nariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente.
MOSTRA DE VENISE 2017 – MEILLEUR RÉALISATEUR – MEILLEUR ACTEUR
Avec : Navid Mohammadzadeh Moussa • Amir Aghaee Dr Nariman • Hediyeh Tehrani Sayeh • Zakiyeh Behbahani Leila • Sa’eed Dakh Inspecteur • Alireza Ostadi Assistant Procureur
Réalisation Vahid Jalilvand • Scénario Ali Zarnegar, Vahid Jalilvand • Image Peyman Shadmanfar • Son Amin Mirshekari • MixageSeyyed Alireza Alavian • Musique Peyman Yazdanian • Montage Vahid Jalilvand, Sepehr Vakili • Assistant réalisation Zeinab Nassrollahi • Décors Mohsen Nassrollahi • Photographe de plateau Amir Hossein Shoja’ee • Direction de production Mohammad Sadeq Azin • Production associée Hamed Anqa, Nazanin Eskandari, Ali Jalilvand • Production Ali Jalilvand & Ehsan Alikhani
Vahid Jalilvand
Né à Téhéran en 1976, Vahid Jalilvand est diplômé en mise en scène à l’Université de Téhéran. Il commence sa carrière en tant qu’acteur de théâtre, puis en 1996, il débute dans les chaînes de télévision d’État iraniennes comme rédacteur en chef, puis en tant que réalisateur. Il réalise deux séries télévisées et une trentaine de documentaires, avant de présenter son premier long-métrage de cinéma, WEDNESDAY MAY 9 à la Mostra de Venise (Orizzonti) en 2015, où il remporte le prix FIPRESCI. CAS DE CONSCIENCE est son deuxième long-métrage.
“Ceux
qui avaient de l’audace et du courage mourraient avant de pouvoir
transmettre leurs gênes à la génération suivante. Ceux qui restaient,
lâches et prudents, ont survécu. Nous sommes leurs descendants.”
Cette citation de Rolf Dobelli a eu une influence particulière sur
l’écriture du film. Nous nous représentons tous d’une étrange manière ce
que sont des gens lâches, mais en réalité nous sommes pareils qu’eux.
Peut-être sont-ils même l’incarnation de notre comportement, un
comportement qui peut se révéler cruel et que nous justifions sous
couvert de sagesse. Combien de fois nos peurs et notre incapacité à
exprimer la vérité ont pu déclencher des peines dans la vie des autres ?
Je ne sais pas ce que je ferais à la place du médecin légiste dans le
film, mais je me souviens clairement de moments beaucoup plus simples où
j’ai cédé à mes doutes, par sagesse. Ce film est peut-être un hommage à
l’homme que j’aurais rêvé être. Vahid Jalilvand
NOTES DU RÉALISATEUR
À L’ORIGINE DE L’ÉCRITURE
Quand on a commencé à travailler sur le scénario avec le co-scénariste Ali Zarnegar, nous partagions notre temps entre l’hôpital et le cimetière. Un jour nous parlions avec un docteur, un autre jour avec un fossoyeur, on les a observés dans leur travail, on passait du temps avec eux. Mais nous ne savions toujours pas ce que nous allions raconter, on voulait simplement retranscrire ce sentiment de souffrance. Il nous a fallu 16 mois avant de finaliser l’histoire du film.
RESPONSABILITÉ
Les fautes commises par les individus sont des sous-produits de l’insécurité. Ce sont la conséquence de circonstances particulières, de privations émotionnelles, de rejet de la communauté… Personne ne naît criminel. Des conditions familiales défavorables, des négligences parentales et le manque de confiance en soi, vont conduire l’enfant dans un univers violent où aucun droit ni aucune règle ne pourront l’arrêter. Une société basée sur des obligations et des interdictions, et non sur la conscience et la dignité, se cache derrière ses règles dans les moments critiques. Les lois sont inefficaces et même dangereuses si la dignité humaine n’y est pas respectée.
SAGESSE
La raison et le courage sont souvent mis en opposition et on pense
parfois que ces deux notions peuvent difficilement cohabiter chez une
personne. Dans la philosophie orientale, la “sagesse vivante”, dont la
priorité est la “survie”, est très différente de la “sagesse du
jugement” qui porte un regard différent sur les situations et nous
rappelle en permanence l’idée de la vie après la mort. La “sagesse du
jugement” ne considère cependant pas le courage en conflit avec la
raison et parle même d’un être humain “moral courageux”, comme un être
transcendantal. Dans le film, le Dr Nariman considère la raison d’une
manière différente. Au début, il a peur et rejette la vérité, mais avec
un peu de recul, il ouvre les yeux et fait le choix du courage, celui de
connaître la vérité, de l’affronter. Tout son défi est d’arriver à
concilier raison et courage.
PERSONNAGES
J’accorde une grande importance à la perception et à la connaissance qu’ont les acteurs de leur personnage et des situations dans lesquelles ils se trouvent. Rien ne peut mieux préparer une performance que cette compréhension. Lors des répétitions, nous avons passé énormément de temps à comprendre chacun des personnages dans le moindre détail. Je préfère travailler avec des acteurs qui ont davantage de connaissances de la société et de la vie réelle, que d’expérience dramatique. Dans le film, tous les personnages, même les coupables, ont des motifs compréhensibles de faire ce qu’ils font. Et nous n’avons pas voulu les condamner ni les juger. Aussi, dans le film comme dans la société iranienne, les femmes sont plus audacieuses et courageuses que les hommes.