Film soutenu

C’est ici que je vis

Marc Recha

Distribution : Ad Vitam

Date de sortie : 10/02/2010

Espagne / 2009 / 1h32 / couleur / 35 mm / 2.35 :1 – scope / Dolby digital

Arnau 17 ans vit avec sa sœur aux abords de Barcelone. Immergé dans la nature, il se voue à sa seule passion : les concours de chants d’oiseaux.
Lorsque son oiseau préféré remporte celui de Catalogne, il commence  à mettre de l’argent de côté afin d’engager un bon avocat et espère ainsi sortir sa mère de prison.
Mais pendant l’été, son oncle Ramon l’initie aux plaisirs du jeu.  Arnau y voit alors un moyen de gagner encore plus d’argent….

Festival de LOCARNO – Sélection Officielle 2009
Festival de LONDRES – Sélection Officielle 2009
Festival de VALLADOLID – Sélection Officielle 2009

réalisation Marc Recha / scénario Nadine Lamari et Marc Recha / assistant réalisateur Pol Rodríguez / image Hélène Louvart / son Daniel Fontrodona, Marisol Nievas, Katia Boutin et Ricard Casals  / montage Nelly Quettier / musique Pau Recha /producteur executif Nico Villarejo Farkas et Elisa Plaza  /production Marc Recha et Jérôme Vidal / production Noodles Production et Parallamps companyia cinematographica 

Marc Recha

Loin de la Movida madrilène, Marc Recha grandit à l’Hospitalet de Llobregat, banlieue ouvrière de Barcelone. Enfant, on lui offre une caméra super 8 avec laquelle il commence à réaliser des films. Plus tard, il découvre Bresson et le cinéma asiatique à la Cinémathèque de Barcelone. Titulaire d’une bourse du gouvernement catalan, Recha part à Paris où il travaille auprès du cinéaste avant-gardiste Marcel Hanoun. En autodidacte, il écrit, réalise et produit plusieurs courts-métrages. 
A 21 ans, il tourne en trois jours son premier long-métrage, Le Ciel monte, d’après un roman écrit en 1916 par son compatriote Eugenio Ors. Mais la critique internationale découvre le cinéaste catalan avec son deuxième film, L’ Arbre aux cerises, prix de la Fipresci au Festival de Locarno.  » Le cinéma, c’est le regard ; et le regard, c’est attendre les choses, attendre qu’elles se révèlent. » Telle est la philosophie de ce cinéaste qui, dans ce deuxième opus, filme la vie quotidienne d’un village espagnol, en portant une grande attention à la nature. 

La notoriété de Marc Recha s’accroit avec son film suivant, Pau et son frère,présenté en compétition au Festival de Cannes. Foncièrement indépendant, le réalisateur affine sa méthode : réunir une équipe dans un lieu isolé, et se nourrir des aléas du tournage pour enrichir un scénario en constante évolution. 

Entre deux longs-métrages, Marc Recha multiplie les activités. Il réalise films publicitaires et documentaires, collabore à des revues de cinéma et donne des cours dans des Universités espagnoles. Olivier Gourmet et Eduardo Noriega font partie de la distribution de son quatrième film, Les Mains vides, présenté à Cannes dans la section Un certain Regard, et que le cinéaste espagnol a tourné, pour la première fois, de l’autre côté des Pyrénées. En 2006, il réalise Dies D’Agost, et 2009 C’est ici que je vis

FILMOGRAPHIE
1991 Le Ciel monte 
1998 L’Arbre aux cerises 
2001 Pau et son frère 
2002 Les Mains vides 
2009 C’est ici que je vis 

Le quartier de Vallbona

Un décor naturel  que le temps a modifié progressivement.
Le processus d’écriture du scénario a débuté en 2004. A ce moment-là, Vallbona était en pleine transformation et les  éléments du quartier ont été pris en considération dans l’état dans lequel ils se trouvaient à ce moment précis.
Lorsque, quatre ans plus tard, le tournage du film démarre, le décor naturel a changé une fois de plus, à cause des  travaux du TGV, de la construction de ponts et de bâtiments, et de la disparition des potagers si caractéristiques de la zone. Cette situation a contraint l’équipe à travailler des détails du scénario pour les adapter à la nouvelle réalité  du paysage.

Vallbona est un quartier de Barcelone. Il se trouve dans  une zone montagneuse, à la frontière entre Barcelone et Montcada i Reixac. La construction des autoroutes à la fin des années soixante a pratiquement isolé le quartier du reste de la ville.  Ce no man’s land traversé par le fleuve Besós – qui suit  son chemin jusqu’à la mer – situé entre les régions du Barcelonés et du Vallés, a permis à l’équipe de travailler dans une zone de frontière souvent oubliée par les habitants de la grande capitale. C’est un endroit dans lequel la vie défile et tout se transforme. Une espèce de laboratoire dans lequel cohabitent structures et bâtiments modernes avec des constructions datant  des décennies passées, fruit de la croissance architecturale démesurée. Ce quartier accueille des personnes provenant de différentes ethnies et cultures.

La transformation
Bientôt les petites maisons seront remplacées par des HLM,  les zones vertes par des autoroutes… Il s’agit d’un endroit dans lequel règne l’incertitude des gestions de l’espace : on ne sait pas encore si on construira une université ou bien un centre culturel, si l’endroit continuera à être un quartier ou finira par se transformer en zone résidentielle.
Si l’on jette un coup d’œil aux alentours, en observant les gens et en parlant avec eux, on se rend compte que  Vallbona fait penser à l’Hospitalet de Llobregat des années soixante dix : à l’époque, ce quartier était aussi en pleine transformation, tout était à faire et il y avait une solidarité entre les divers mouvements associatifs qu’aujourd’hui encore on peut ressentir dans ses rues. Tout ce processus de transformation, la possibilité d’aller d’un endroit à un autre, se retrouve dans l’histoire de ce film.
Vallbona sera le premier écoquartier de Barcelone. Par conséquent, il interférera avec le reste de la ville au travers d’une structure urbaine dense qui se trouvera intégrée, en même temps, dans la nature.

Le Cynodrome de la Meridiana
Le cynodrome* de la Meridiana a été le dernier cynodrome ouvert en Espagne.  D’architecture moderne (Prix FAD d’Architecture en 1964, et patrimoine de la ville), c’était un lieu de loisirs et de rencontres situé dans le quartier barcelonais du Congrés dans lequel,  dit-on, on pariait plus qu’on ne gagnait. Les retraités et les  chômeurs étaient les clients habituels. Le cynodrome a fermé ses portes en février 2006. Il était donc abandonné depuis longtemps au moment du tournage. Par conséquent, il a fallu recréer l’endroit et effectuer un travail considérable pour le rendre tel qu’il était à l’époque.
Une petite anecdote concernant les figurants qui sont  présents dans le film : nous avons retrouvé différentes personnes qui, auparavant, pariaient pendant les courses de lévriers  et certains employés se sont vus exécuter, à nouveau et avec nostalgie, les gestes de nombreuses années de travail et  ce devant les caméras. Les courses de lévriers ont été recrées avec des lévriers professionnels qui font habituellement  du coursing.
*cynodrome : piste dévolue aux courses de lévriers.

Marc Recha


Les personnages

SOLE vue par EULÀLIA RAMON 
Vallbona est son quartier, sa vie, l’endroit où elle est et où elle veut vivre. C’est son destin et elle n’a pas la prétention de le changer, peut-être parce qu’elle sait que c’est presque impossible. Mais chaque jour, quelque chose fait que tout prend sens :
protéger Arnau, se disputer avec son frère Sergi et contre la vie qu’il mène, recevoir l’oncle Ramon et ses espoirs de changement, et voir passer les jours aux côtés
de son compagnon Araignée. Voilà le tableau que Sole veut conserver et surtout ne pas céder à la pression constante de la grande ville.

ARNAU vu par MARC SOTO
Arnau est un garçon immergé dans son monde singulier. Un adolescent introverti, innocent et timide.
Son petit compagnon est un chardonneret. Sa mère Filo est emprisonnée et Arnau vit avec un seul désir, la libérer. Sa sœur aînée, Sole, remplace inévitablement la mère absente.

SERGI vu par EDUARDO NORIEGA
 Sergi fuit. Il assiste, passivement, à la transformation totale du monde qui l’entoure sans se sentir capable d’aller de l’avant dans sa propre vie. Sergi sort, s’amuse, et s’éloigne le plus possible des responsabilités qu’il ne veut pas affronter. Il voudrait protéger Arnau mais il n’est pas habitué à communiquer avec lui en tête à tête. Il lui est donc difficile de connaître les préoccupations de son frère.

ONCLE RAMON vu par SERGI LÓPEZ
L’oncle Ramon veille sur sa famille. On dirait qu’il vit en marge de tout mais c’est lui qui soutient sa nièce Sole.
Il joue aux courses de lévriers et le jour où il voit Arnau au cynodrome, il se sent fier de son neveu et pense que c’est sûrement une bonne manière de se rapprocher de lui et de son monde « mystérieux ».

ARAIGNÉE vu par PERE SUBIRANA 
Araignée est le type de personne qui traverse la vie sans faire de bruit. C’est
une personne tranquille. Il ne lutte pas et ne se heurte pas à son environnement, íl
s’adapte. Il n’intervient pas dans les affrontements quotidiens entre Sole et Sergi, mais sa présence est en réalité un pont entre les deux frères.
Arnau trouve dans Araignée un complice silencieux qui remplace l’image idéalisée