Film soutenu

Coma

Bertrand Bonello

Distribution : New Story

Date de sortie : 16/11/2022

France - 2022 - 1h20

Une adolescente a un pouvoir, celui de nous faire entrer dans ses rêves. Mais aussi dans ses cauchemars.
Enfermée dans sa chambre, la jeune fille, dont le seul rapport au monde extérieur est virtuel, se met à naviguer entre rêve et réalité. Jusqu’au moment où elle s’y perdra complètement.

Berlinale, compétition Encounters (2021)
New York Film Festival (2022) / Champs Élysée Film Festival (2022)
FIFIB (2022) / Festival Indépendances et Créations, Auch Ciné 32 (2022)

Louise LABEQUE  L’adolescente • Julia FAURE  Patricia Coma
Louis GARREL  voix Dr BALLARD • Laetitia CASTA  voix poupée Sharon • Gaspard ULLIEL  voix poupée Scott • Anaïs DEMOUSTIER  voix poupée Ashley • Vincent LACOSTE  voix poupée Nicholas

Réalisation Bertrand BONELLO • Scénario Bertrand BONELLO • Musique Bertrand BONELLO • Producteurs Bertrand BONELLO (My New picture), Justin TAURAND (Les Films du Bélier) • Coproducteurs Felix DE GIVRY & Ugo BIENVENU (Remembers) • Image Antoine PAROUTY • Animation Simon CADILHAC, Josselin FACON • Montage Gabrielle STEMMER • Son Romain CADILHAC, Clément LAFORCE & Jean-Pierre LAFORCE • Assistant réalisation Alexis DIOP • Post production Christina CRASSARIS • Décors Gaston PORTEJOIE / Daphné YVON / Anna BONELLO • Costumes Pauline JACQUARD • Maquillage Raphaële THIERCELIN • Production Les Films du Bélier, My New picture • Co-production Remembers avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC), Image/Mouvement du Centre national des arts plastiques (CNAP)

Bertrand Bonello

Bertrand Bonello est né en 1968, à Nice. Il alterne musique et cinéma. En 1996, il réalise un documentaire de création : Qui je suis, d’après Pier Paolo Pasolini. Son premier long métrage, Quelque chose d’organique (1998), est présenté au Festival de Berlin (Panorama). Le pornographe (2001) avec Jean-Pierre Léaud est invité à la Semaine de la Critique à Cannes et obtient le prix FIPRESCI. En 2003, Tiresia est sélectionné en Compétition au Festival de Cannes. La Quinzaine des Réalisateurs montre De la guerre en 2008. L’Apollonide Souvenirs de la maison close (2011) est en Compétition au Festival de Cannes et reçoit huit nominations aux César. Saint Laurent (2014), également en Compétition à Cannes, représente la France aux Oscars et obtient dix nominations aux César. La même année, Bertrand Bonello organise une exposition au Centre Pompidou et sort un album, Accidents. Il continue régulièrement à réaliser des films courts ou musicaux : Cindy, the Doll is Mine (2005), en Sélection Officielle à Cannes, My New Picture (2007), Where the Boys Are (2010), Ingrid Caven, musique et voix (2012), tous présentés à Locarno ; Sarah Winchester, opéra fantôme (2016), créé pour la 3e scène de l’Opéra de Paris. En 2016 sort Nocturama, son septième long métrage. En 2019, la Quinzaine des Réalisateurs sélectionne Zombi Child. Coma est présenté en compétition à la Berlinale 2022 dans la sélection Encounters.

FILMOGRAPHIE

2022 COMA
2019 ZOMBI CHILD
2016 NOCTURAMA
2014 SAINT LAURENT
2012 INGRID CAVEN : MUSIC AND VOICE
2011 L’APOLLONIDE. SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE
2008 DE LA GUERRE
2003 TIRESIA
2001 LE PORNOGRAPHE
1998 QUELQUE CHOSE D’ORGANIQUE

NOTES DU RÉALISATEUR

POINT DE DÉPART

L’origine du film est un court métrage, qui est devenu le prologue de Coma, une lettre à ma fille de 18 ans, à l’aube de son âge adulte, quelques phrases qui se voulaient à la fois inquiètes et rassurantes, et qui voulaient surtout montrer la confiance que je pouvais témoigner en sa personne, en son futur, en ses choix, alors que nous traversons tous une période propice à ce que nous perdions confiance en à peu près tout.


« Que les autres rêvent, c’est très dangereux. Le rêve est une terrible volonté de puissance. Chacun de nous est plus ou moins victime du rêve des autres. Même quand c’est la plus gracieuse jeune fille, c’est une terrible dévorante, pas par son âme, mais par ses rêves. Méfiez-vous du rêve de l’autre parce que si vous êtes pris dans le rêve de l’autre, vous êtes foutu. Ne soyez jamais pris dans le rêve de l’autre… »


C’est en retombant sur ce passage d’une conférence de Gilles Deleuze que j’ai voulu poursuivre, aller au-delà
de la lettre et du prologue, et imaginer et observer la psyché d’une jeune fille. Ce passage extraordinaire qui
pousse à faire immédiatement le contraire de ce qu’il dit. Soyons pris dans le rêve de l’autre ! Et voyons ce
qu’il se passe.

Dès lors, le film est assez simple. C’est une jeune fille sur son lit, son lit comme un radeau en pleine mer, qui
se projette dans les choses les plus enfouies en elle. C’est son voyage, parfois dans des terres légères, parfois
dans des terres sombres et inquiétantes.
C’est son obsession pour les tueurs en série, pour l’écologie, sa peur d’une rupture amoureuse, ses réflexions
sur la liberté, qui vont l’amener doucement à une distorsion du réel. Et quelque part, à y voir clair.

LES DIFFÉRENTS MONDES

La jeune fille se projette dans une série de mondes différents, comme autant de portes ouvertes sur son
imaginaire. Le monde des poupées, celui des limbes, de Patricia Coma, du dessin animé, faisant de Coma un
film hybride, avec des éléments narratifs divers qui, au cours du récit, fabriquent petit à petit des liens entre
eux, en travaillant la porosité́ et la contamination de l’un à l’autre, à l’image des poupées qui commencent
par rejouer des scènes de Sitcom, pour finir par citer des tweets de Donald Trump ou des paroles de tueurs en
série.
Ces glissements progressifs amèneront l’adolescente à ne plus savoir si c’est elle ou les poupées qui pensent
et parlent, à ne plus savoir si la disparition d’une de ses amies est normale ou si elle a été tuée par un
maniaque, à trouver normal de rencontrer des morts ou à se poser des questions essentielles sur la liberté et
la manière de pouvoir éventuellement en jouir.
Chacun de ses mondes génère ses propres peurs, créé ses propres monstres, mais engendre aussi du
merveilleux, de la création, des possibles. Au-delà du fait que les limbes sont l’endroit du libre arbitre, c’est
aussi le seul lieu où les personnages se retrouvent.
Cette hybridité a donné lieu à une superposition de textures dans le film, qui mélange les prises de vue réelles
et classiques, la caméra subjective en mini DV, les caméras de surveillance, le dessin animé, l’animation 3D,
les archives, les images internet, qu’elles soient réelles ou inventées (la chaine de Patricia Coma).
J’ai souhaité traiter chacun de ses mondes comme de micros-fictions, qui seraient aussi des commentaires de
l’époque.


L’ÉPOQUE

Comment parler à quelqu’un de 18 ans, aujourd’hui ? Le film ne répond évidemment pas à cette question,
mais propose en tous cas d’inventer des récits à ce sujet.
Il y avait une envie de parler de choses sérieuses et importantes, mais de le faire de manière souvent ludique,
avec parfois même humour et légèreté, alors que le film est traversé profondément par un climat très sombre,
celui que nous vivons.
Certains dispositifs du film, comme l’animation ou la chaine de Patricia Coma, m’ont permis de dire des
choses frontalement, en alternant la comédie, le second degré et des choses beaucoup plus effrayantes.
Le personnage de Patricia Coma se révèle être un guide, pour la jeune fille, mais aussi pour le film, et nous
amène au sujet le plus profond du film : Aujourd’hui plus que jamais, être libre veut dire aussi se confronter
à ses peurs les plus profondes.


LES RÊVES

Même si le postulat de départ est de rentrer dans des rêves, le film est plus un déplacement, un glissement
des affects d’une jeune fille à partir de sa perception du monde contemporain, que la représentation réelle
de ses rêves. Avec au final, peut-être une seule question : Aujourd’hui, avons-nous encore le droit de rêver ?

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