Film soutenu

Eternal Daughter

Joanna Hogg

Distribution : Condor Films

Date de sortie : 22/03/2023

Etats-Unis, Royaume-Uni / 2022 / 1h36

Une artiste et sa mère âgée font face à la résurgence de secrets enfouis lorsqu’elles se rendent dans une ancienne demeure familiale transformée en hôtel, hantée par un mystérieux passé.

Julie/Rosalind Tilda Swinton • Louis Louis • Chauffeur de taxi August Joshi • Réceptionniste Carly-Sophia Davies • Bill Joseph Mydell

Réalisation Joanna Hogg • Production Ed Guiney, Emma Norton, Andrew Lowe, Joanna Hogg • Production déléguée Rose Garnett, Martin Scorsese • Co-Production Eimhear McMahon • Photographie Ed Rutherford • Décors Stéphane Collonge • Montage Helle le Fevre • Son Jovan Ajder

Joanna Hogg

Joanna Hogg est considérée comme l’une des meilleures cinéastes du Royaume-Uni. Son premier long métrage, UNRELATED (2008), avec Tom Hiddleston, a remporté le prix de la FIPRESCI et le prix du meilleur premier film décerné par le Guardian et le prix du meilleur premier film aux Evening Standard British Film Awards. Elle a enchaîné avec ARCHIPELAGO (2010), de nouveau interprété par Tom Hiddleston, qui a reçu une mention spéciale au London Film Festival. En 2013, elle signe EXHIBITION 2013, avec Viv Albertine des Slits, Liam Gillick de YBA et Hiddleston. THE SOUVENIR, dont la production exécutive a été assurée par Martin Scorsese, a été plébiscité par la critique américaine et remporté le Grand Prix du jury au festival de Sundance dans la catégorie cinéma du monde. Il a été présenté dans la section Panorama du festival de Berlin et cité à l’Independent Spirit Award. La deuxième partie, THE SOUVENIR PART II, est présentée au festival de Cannes.
Joanna Hogg réalise en 2022 THE ETERNAL DAUGHTER, avec Tilda Swinton.

___________________________

A télécharger LE DOSSIER DE PRESSE

___________________________

NOTES DE PRODUCTION

Dans son sixième long métrage, Joanna Hogg livre sa relecture audacieuse d’un genre rebattu en mêlant son style résolument personnel et intuitif à une histoire de fantômes autour d’une mère et de sa fille. Elle signe ainsi un conte crépusculaire inédit, aussi bouleversant qu’hypnotique et troublant.

Julie emmène sa mère Rosalind (toutes deux interprétées par Tilda Swinton avec une grande subtilité) dans un hôtel reculé du Pays de Galles où la seconde a des souvenirs. Mais en arrivant à Moel Famau, noyé dans la brume et envahi par les ombres, les deux femmes découvrent que le passé est toujours palpable. Elles basculent alors dans un monde parallèle où plusieurs événements inquiétants éclairent la complexité de leurs liens indéfectibles tout en les mettant à mal.

La cinéaste bouscule les codes du suspense et de l’angoisse propres au cinéma d’épouvante avec ce film inventif et émouvant. Au-delà du climat surnaturel et cauchemardesque mis en place avec élégance, ETERNAL DAUGHTER révèle des mystères bien plus insondables – le rôle de la mère, la place de la fille et les liens familiaux, aussi complexes qu’indestructibles. Tandis que Julie, réalisatrice d’une cinquantaine d’années qui n’a pas eu d’enfant, et Rosalind, sa mère vieillissante et réservée, tentent de renouer dans le cadre étrange de cet hôtel quasi désert, elles se heurtent à des questions douloureuses : éprouvent-elles encore de l’amour l’une pour l’autre ? quelle est la signification profonde de cette escapade qui suscite chez elles un malaise croissant ?

S’il s’agit du premier film de Joanna Hogg teinté d’éléments surnaturels, toute son œuvre s’intéresse à des mondes invisibles. Le rapport au temps, l’identité, l’attachement affectif, les relations familiales, la création, la culture, l’amour et la multiplicité des identités de chaque être humain traversent depuis longtemps son cinéma. Son récent diptyque, THE SOUVENIR, s’attache à une jeune réalisatrice qui trouve sa voie après avoir vécu une histoire d’amour dévastatrice qui puise dans la force mystérieuse des souvenirs pour nourrir son imaginaire.

Les souvenirs assaillent également les deux protagonistes de ETERNAL DAUGHTER – les souvenirs familiaux, les regrets personnels, les moments perdus, et la question de savoir à qui appartiennent nos souvenirs – tandis que Julie et Rosalind ont le sentiment de se prêter à un jeu de miroirs émotionnels et de plonger dans un kaléidoscope d’aspirations irréconciliables et de désirs communs.

Le tournage s’est également révélé un périple intense pour Joanna Hogg et Tilda Swinton, deux amies qui ne savaient pas précisément ce que leurs recherches allaient produire et qui en sont ressorties transformées.

« Tilda et moi nous sommes embarquées ensemble dans un incroyable périple et nous avons vécu une expérience d’une extraordinaire densité, solaire et tournée vers la vie », indique la cinéaste. « Étant donné qu’on se connaît extrêmement bien, on a pu creuser certaines questions comme on n’aurait jamais pu le faire avec quelqu’un d’autre. Nos discussions pendant le tournage poursuivaient celles que nous avons depuis de nombreuses années sur nos rapports à nos mères. Nous avons vécu des moments si chargés émotionnellement qu’il est presque impossible de les verbaliser ».

Tilda Swinton acquiesce : « C’étaient des moments étonnamment tendres et riches. Même si le film se déroule dans un cadre onirique, envahi par la brume et les gargouilles, Joanna et moi avions le sentiment d’évoluer dans un environnement totalement crédible parce qu’on abordait des réflexions et des émotions qui nous lient comme amies. Je crois que l’audace du projet vient du fait qu’on n’a pas cherché à se protéger, bien au contraire. On s’est lancées dans le projet corps et âme, en tâchant d’en approcher la vérité au plus près ».

Si les deux femmes ont accepté de se mettre à nu sans concession, c’était parce qu’elles avaient la ferme volonté d’ouvrir la boîte de Pandore renfermant la peur, l’angoisse et l’affection propres aux rapports mère-fille. Joanna Hogg et Tilda Swinton ont plongé tête baissée dans des questionnements insolubles – comment mères et filles parviennent à affirmer leur identité au contact l’une de l’autre, comment elles renversent parfois leurs rôles, comment chacune est habitée par la présence de l’autre d’une manière à la fois évidente et incompréhensible. Ces thèmes traversent ETERNAL DAUGHTER avec la même force que le brouillard gallois.

« Entre autres thèmes, le film parle du fait que nos parents, et singulièrement nos mères, ont le pouvoir, quel que soit notre âge, de nous infantiliser, ce qui fonctionne comme un sortilège », relève Tilda Swinton. « Même quand on atteint la cinquantaine, même quand on s’occupe de parents âgés, le sentiment d’être adulte ne dure pas – et on prend alors conscience qu’on est terriblement vulnérable et terrifié ».

Certaines peurs prégnantes dans ETERNAL DAUGHTER sont palpables. D’autres sont évanescentes. Et pourtant, elles dialoguent entre elles, tout comme les deux personnages campés par Tilda Swinton se réfléchissent comme des doubles inversés. Pour Joanna Hogg, le malaise du film n’a qu’une seule origine : l’inexplicable, dans le monde ou chez les gens qu’on aime. « Si je voulais raconter une histoire de fantômes, c’est parce que je voulais puiser dans ma peur du noir, ancrée en moi depuis longtemps », dit-elle « Mais Julie doit affronter plusieurs peurs dans cet hôtel sombre. Elle a peur de ce qui est en train d’arriver à sa mère, de ne plus être en capacité de la protéger, et – ce qui la bouleverse plus que tout – de ne jamais pouvoir en faire assez pour rendre sa mère heureuse ».


DANS LES TÉNÈBRES

Joanna Hogg a toujours eu peur du noir. Par ailleurs, elle voulait depuis longtemps consacrer un film à ses rapports avec sa mère. Ces deux éléments se sont curieusement superposés en 2020 lorsque la réalisatrice a eu l’idée d’associer le récit réaliste d’une mère et de sa fille, qu’elle avait commencé à écrire en 2008, à sa volonté de s’approprier le genre du film d’épouvante. Les deux idées n’ont pas tardé à se rejoindre de manière organique. Car, au fond, rien ne nous hante autant, dans la vie, que nos proches.

« En faisant de cette histoire, profondément liée à ma relation avec ma propre mère, un film de fantômes, j’ai sans doute réussi à prendre suffisamment de recul pour me permettre d’être plus audacieuse », relate la cinéaste. « Le fait de situer ce film dans un univers surnaturel m’a semblé libérateur ».

Malgré cette liberté retrouvée, Joanna Hogg devait surmonter sa réticence naturelle à se servir de sa mère comme source d’inspiration – et affronter la question troublante de savoir si elle se sentait le droit de s’emparer du monde intime de sa mère pour l’intégrer à son film. Est-il possible de trop fouiller l’intime ? Étrangement, elle a commencé à insuffler ces doutes dans le parcours de Julie. « Lorsque je me suis remise au travail en 2020, je me suis rendu compte que toute la culpabilité qui m’empêchait d’écrire sur ma mère imprégnait désormais le projet », confie-t-elle.

Tout comme Julie, Joanna Hogg voyageait parfois avec sa mère : elles séjournaient parfois dans un hôtel tout en allant rendre visite à des proches, ce qui leur donnait un prétexte pour se retrouver toutes les deux sans aucun contact avec le monde extérieur. Mais Julie a délibérément emmené sa mère dans cet hôtel précis, lié à leur histoire familiale, soi-disant pour aller voir un cousin. En réalité, elle envisage de lui avouer qu’elle prépare un film sur elle, mais elle ne tarde pas à se retrouver plongée dans un maelström psychologique qui prend des proportions surréalistes. De plus en plus déstabilisée par les événements étranges se produisant autour d’elle et par ses propres questionnements, Julie se met à errer dans les couloirs de l’hôtel – recherchant la source de bruits et de sensations inexplicables et ignorant ce qui la perturbe autant.

Si Joanna Hogg se sentait mise à nu face à ce déferlement d’émotions, la dimension surnaturelle du film, qui la fascinait sur le plan cinématographique, apaisait son sentiment de vulnérabilité. Comme beaucoup d’enfants dont l’imagination fait surgir des mondes terrifiants dès que la lumière s’éteint, Joanna Hogg a toujours, paradoxalement, été attirée par les histoires de fantômes. Elle se souvient que dès l’âge de 11 ans, elle lisait Fontana Book of Great Ghost Stories le soir, dans son lit, en jouant à se faire peur.

Désormais, alors qu’elle s’apprêtait à réaliser son premier film à l’atmosphère gothique, elle commença à évoquer la manière de mettre en scène la peur avec son producteur exécutif Martin Scorsese. Très en amont, il lui conseilla quelques lectures, et notamment l’œuvre de M. R. James, considéré comme le pape du récit de fantômes anglais. Les contes fantastiques de James, datant du début du XXème siècle, se déroulent souvent dans des bibliothèques et des abbayes faiblement éclairées où les personnages paient le prix fort pour comprendre le passé. Son œuvre a été particulièrement marquante dans la mesure où elle a mis en place les mécanismes susceptibles de susciter la terreur en ancrant un phénomène fantastique dans un contexte réaliste.

Scorsese lui a également recommandé They de Rudyard Kipling, paru en 1904, autour d’un automobiliste qui tombe sur une étrange maison remplie d’enfants perdus. Joanna Hogg se souvient : « C’était la première fois que je lisais un récit d’épouvante qui me faisait pleurer. J’ai été saisie par ce mélange de terreur et d’émotions fortes. Ce livre m’a profondément inspirée ».

Joanna Hogg a également vu ou revu plusieurs films – comme LES INNOCENTS de Jack Clayton et RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR de Jacques Tourneur, deux classiques du cinéma gothique –, mais elle se pensait constamment à « la frontière entre un récit d’épouvante et un film d’horreur, et j’avais vraiment le sentiment que je n’étais pas en train de tourner un film d’horreur ».

Ces différences se sont encore accrues au moment où la cinéaste allait partir en tournage. Le processus créatif de Joanna Hogg est un mystère à part entière. Elle entame son travail avec un document qui tient davantage d’une carte de chasse au trésor que d’un scénario – il s’agit d’une trentaine de pages qui réunit photos, idées, descriptions de scènes, et extraits de dialogues destinés à susciter l’improvisation de manière spontanée. Bien que la cinéaste maîtrise parfaitement la construction dramaturgique, elle apprécie que les acteurs s’approprient leur texte. Une méthode qui favorise la spontanéité, l’authenticité et les inévitables accidents propres à la création.

« J’aime être surprise et j’espère pouvoir constamment dépasser le cadre prévu à l’origine », explique-t-elle. « Avec ce film, je n’aurais jamais pu imaginer quelle direction le projet allait emprunter ».

C’est ainsi que le dispositif même de ETERNAL DAUGHTER a été bouleversé par une idée de Tilda Swinton que la réalisatrice n’avait pas envisagée au départ : la comédienne a suggéré, de manière totalement spontanée, d’incarner la mère et la fille. Si cette proposition était parfaitement indépendante de la genèse du film, elle s’est aussitôt imposée comme une évidence. En effet, Joanna Hogg et Tilda Swinton ont pris conscience que ce postulat pouvait largement enrichir le film et en faire une expérience beaucoup plus originale. Avec le recul, après avoir observé Julie et Rosalind se donner la réplique et exister à l’écran comme deux personnages distincts, la cinéaste et sa comédienne ne pourraient envisager de procéder différemment.

« Cela témoigne de l’esprit brillant de Joanna », remarque Tilda Swinton. « Elle aime planter une graine et voir comment celle-ci va pousser. Une fois qu’on a décidé que j’allais camper les deux femmes, l’histoire s’est formidablement épanouie. On s’est vraiment interrogées sur les innombrables manières dont nous incarnons nos parents et celles dont Julie parvient parfois – et ne parvient pas à d’autres moments – à s’affranchir de ce lien ».


MISE EN SCÈNE ET MONTAGE

D’entrée de jeu, Joanna Hogg voulait que l’étrangeté de ETERNAL DAUGHTER émane de l’interprétation de Tilda Swinton. Mais c’était un vrai défi. « Je ne voulais pas de trucages », dit-elle. « Je n’avais pas besoin de réunir souvent les deux personnages dans le même plan, mais je tenais à ce qu’on ait le sentiment d’avoir affaire à deux êtres distincts. Avant de commencer, on s’est posé beaucoup de questions pour savoir comment s’y prendre concrètement et pour que le dispositif ne soit pas trop fatiguant pour Tilda. Mais Tilda était tellement emballée à l’idée d’interpréter les deux femmes qu’elle faisait preuve d’une énergie inépuisable ».

La réalisatrice poursuit : « Comme pour tous mes films, je ne voulais pas que le spectateur se rende compte du travail d’improvisation et Tilda a donc dû déployer tout son talent pour créer une diction propre à chaque personnage. Je suis stupéfaite par ce qu’elle a su faire. Au montage, j’ai presque oublié que c’était Tilda qui jouait les deux rôles.

 J’avais l’impression qu’il s’agissait de deux comédiennes différentes, et puis je tournais mon regard vers l’interlocutrice de celle qui venait de parler et, bien entendu, il n’y avait personne ! »

Joanna Hogg et Tilda Swinton ont mis au point une méthode permettant à la seconde de rester, dans la mesure du possible, dans l’esprit de la scène pour ne pas en perdre la fraîcheur, même lorsqu’elle devait passer d’un rôle à l’autre. Les journées étaient coupées en deux : le matin, Tilda Swinton jouait Julie et, l’après-midi, Rosalind – ou l’inverse –, et se faisait maquiller pendant la pause de la mi-journée pour changer d’identité. « On décidait laquelle de Julie ou Rosalind allait mener la conversation, et s’il s’agissait de Julie, on la filmait en premier – même si, étant donné qu’on improvisait, c’était parfois difficile de s’y retrouver », remarque la comédienne.

Tandis que Tilda Swinton incarnait Julie ou Rosalind, Joanna Hogg lui donnait souvent la réplique, hors-champ, sous les traits de la mère ou de la fille afin de conserver la spontanéité de leurs échanges. De son côté, le preneur de son enregistrait la scène, puis la scripte notait attentivement tous les dialogues. Enfin, Tilda Swinton rejouait la séquence sous les traits de l’autre personnage, tout en continuant à improviser. C’est ainsi que, même si les scènes changeaient constamment, l’équipe pouvait suivre la progression de l’intrigue.

« C’était comme un Rubik’s cube », sourit Tilda Swinton, « parce qu’on ne savait pas forcément dans quelles impasses on s’aventurait. Nous avions très souvent l’impression d’avancer totalement à découvert. Mais j’étais franchement impressionnée par les risques que Joanna était prête à prendre. On a beaucoup tourné. Mais on repartait rarement en sens inverse. En général, on faisait en sorte de tourner les deux pôles de la conversation le même jour parce que, si on attendait le lendemain matin pour le faire, on risquait de perdre la fraîcheur de l’instant ».

Le chef-opérateur Ed Rutherford n’avait pas collaboré avec Joanna Hogg depuis ARCHIPELAGO et EXHIBITION. Il contribue ici à décrypter les thèmes centraux de ETERNAL DAUGHTER en ayant recours au grain apparent du 16 mm afin de créer une réalité composée de particules qui s’assemblent et se recomposent. Rutherford et Joanna Hogg ont choisi une atmosphère de clairs-obscurs, ponctuée de couleurs profondes, et opté pour des angles de prises de vue vertigineux. Les nuits sont nappées de verts troublants. « On était intrigués par la lumière verte des bornes de sécurité et on s’en est servi comme une couleur centrale dans notre palette chromatique, mais on a aussi utilisé les bleus sombres et des touches de rouge vers la fin du film », rapporte la réalisatrice.

Le chef-opérateur a joué un rôle décisif dans le tournage des scènes opposant Julie et Rosalind. Il a même eu l’audace de ne recourir à aucun effet en filmant Tilda Swinton, suscitant seulement un léger sentiment de malaise sans jamais interrompre le récit. « Il est d’un grand classicisme et d’une formidable précision dans ses cadrages », signale Tilda Swinton en évoquant le directeur de la photo. « Quand j’ai découvert les rushes, j’ai été frappée par la manière dont il parvient, sans aucun trucage, à donner l’impression que Julie et Rosalind appartiennent à des mondes différents. J’ai aussi trouvé ingénieux l’idée de Joanna et d’Ed de filmer Julie et Rosalind en se passant de toute présence d’un autre acteur ».

Par la suite, le montage, qui s’est étalé sur six mois, a modifié plusieurs aspects de l’esthétique du film. Joanna Hogg et Helle Le Fevre, qui a monté tous les films de la cinéaste, ont cherché à apporter une parfaite fluidité à la double interprétation de Tilda Swinton.

Fidèles à leur méthode habituelle, la monteuse et la réalisatrice ont exploré différentes prises, mais aussi diverses rythmiques et intrigues. Mais dans le cas de ETERNAL DAUGHTER, les deux femmes ont surtout joué sur la tension entre proximité et éloignement qui sous-tend les rapports mère-fille. Le montage devait respecter la cohérence narrative, mais aussi mettre en valeur les manifestations à la fois inquiétantes et révélatrices de la mère chez la fille – et inversement – tout en évoquant la convalescence d’un cœur meurtri. « C’était une aventure intéressante et Helle a excellé à trouver un vrai fil rouge à l’histoire », remarque Joanna Hogg.