In Jackson Heights
Film soutenu

In Jackson Heights

Frederick Wiseman

Distribution : Sophie Dulac Distribution

Date de sortie : 23/03/2016

Etats-Unis / 2015 / 3h10 / HD / couleur

Jackson Heights est l’un des quartiers les plus cosmopolites de New York.
Ses habitants viennent du monde entier et on y parle 167 langues. Ce quartier incarne à lui seul la nouvelle vague d’immigration aux États-Unis et concentre les problématiques communes aux grandes villes occidentales comme l’im­migration, l’intégration et le multiculturalisme.
Wiseman s’invite dans le quotidien des communautés du quartier new-yorkais, filmant leurs pratiques religieuses, politiques, sociales et culturelles, mais aussi leurs commerces et leurs lieux de réunion. Il met également en lumière l’antagonisme qui se joue au sein de ces communautés, prises entre la volonté de préserver les traditions de leur pays d’origine et la nécessité de s’adapter au mode de vie et aux valeurs des États-Unis.

Sélection officielle Toronto International Film Festival 2015
Sélection officielle New-york Film Festival 2015
Hors-compétition à la Mostra de Venise 2015

RÉALISATION / SON / MONTAGE / PRODUCTION Frederick Wiseman • PHOTOGRAPHIE John Davey • ASSISTANT CAMERA James Bishop • MIXAGE SON Emmanuel Croset • ÉTALONNAGE Gilles Granier (LE LABO PARIS) • ASSISTANT MONTAGE – DIT Nathalie Vignères • ASSISTANT MONTAGE (SON) – 2nd DIT Christina Hunt • PRODUCTEUR ÉXÉCUTIF Karen Konicek • PRODUIT PAR Moulins Films, LLC • AVEC LE SOUTIEN DE JustFilms/Ford Foundation, PBS, ITVS, Sundance Institute Documentary Film Program, Pershing Square Foundation, Pershing Square Foundation, Hot Docs Forum • Un film présenté par Zipporah Films, Inc.

Frederick Wiseman

Frederick Wiseman est un cinéaste américain né le 1er janvier 1930 à Boston, Massachusetts. Documentariste, il s’est principalement appliqué à dresser un portrait des grandes institutions nord américaines.
Après avoir fait des études de droit à l’université de Yale, il commence à enseigner sa discipline sans grande conviction. En 1964, sa vie prend un virage suite à sa décision de produire la réalisatrice Shirley Clarke, qui a décidé de réaliser The Cool World adapté d’un roman de Warren Miller. Cette expérience ayant été révélatrice pour lui, il décide de consacrer sa vie à réaliser, produire et monter ses propres films. Trois ans après sort dans les salles son premier documentaire : Titicut Folies qui jette un regard d’une acuité terrible sur un hôpital pour aliénés criminels.
Dès son premier documentaire, il se démarque clairement de ses contemporains. Ses films, que l’on peut rapprocher de l’essai littéraire, ne comportent aucune interview, aucune musique, aucun commentaire, ni ordre chronologique. Ils présentent des segments thématiques qui se répondent et se lient  par contraste et comparaison. Wiseman fournit une vision brute et laisse au spectateur le soin de se créer son propre avis. Il choisit pour tous ses tournages de prendre lui-même le son et dirige son cameraman en communiquant par des signes convenus.
Après son premier film Titicut Folies, il réalise et produit, au rythme de un par an,  une série de documentaires aux titres évocateurs dans lesquels il poursuit son étude des règles du “vivre ensemble“ tel qu’il est agi dans les grandes institutions dont s’est dotée la société américaine : High School (Collège) et Law and Order (Le commissariat de police) en 1969, Hospital en 1970, Juvenile Court (Tribunal pour mineurs) en 1973, et Welfare (Aide sociale) en 1975. Durant cette période, il réalise deux documentaires sur les rapports avec le monde animal : Primate en 1974 et Meat en 1976, respectivement sur l’expérimentation scientifique animale et l’élevage de masse des bœufs destinés à l’abattoir et la consommation. Ces deux films, particulièrement impressionnants, mettent en relief l’interrogation qui traverse l’ensemble de son œuvre : le phénomène institutionnel et ses rapports complexes avec le théâtre de la vie.
Il se lance ensuite dans l’observation des modèles de la société de consommation avec Model en 1980 puis The Store en 1983. Comme dans chacun de ses précédents films, il prend le temps d’écouter et de regarder en privilégiant les longs plans séquences. Acuité de l’observation, humour féroce et compassion caractérisent ses plongées dans l’agence de mannequins et le grand magasin  Neiman Marcus, temples de la modernité occidentale. Il s’immisce en 1995, dans les coulisses du théâtre et réalise La Comédie-Française ou l’amour joué. Il aborde de nouveaux les thèmes sociaux avec Public housing (1997), analyse des logements sociaux dans un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999), véritable radiographie du quotidien d’une ville côtière de la Nouvelle Angleterre. Domestic violence  (2001-2003), filmé à Tampa, en Floride montre le travail du principal centre d’accueil offrant un abri aux femmes et enfants victimes de violences physiques. Dans State legislature (2006), ode à la démocratie représentative et au travail législatif, Wiseman suit les travaux des deux chambres du Parlement de l’Idaho. En 2002, il réalise une œuvre de fiction: La Dernière Lettre, poignant monologue résumant les derniers jours d’une mère juive dans un ghetto en Ukraine, qu’il avait mis en scène au théâtre en 1988. Passionné de théâtre, il met en scène plusieurs pièces jusqu’à « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett à La Comédie Française, en 2006.
Les films de Frederick Wiseman ont été sélectionnés et récompensés dans de très nombreux festivals à travers le monde, aux premiers rangs desquels Cannes, Venise et Berlin. L’ensemble de son œuvre a été récompensé à plusieurs reprises. Il est membre d’honneur de l’Académie Américaine des Arts et des Lettres.

Filmographie

1967 TITICUT FOLLIES
1968 HIGH SCHOOL
1969 LAW AND ORDER
HOSPITAL
1971 BASIC TRAINING
1972 ESSENE
1973 JUVENILE COURT
1974 PRIMATE
1975 WELFARE
1976 MEAT
1977 CANAL ZONE
1978 SINAI FIELD MISSION
1979 MANOEUVRE
1980 MODEL
1982 SERAPHITA’S DIARY
1983 THE STORE
1985 RACETRACK
1986 DEAF – BLIND – ADJUSTMENT & WORK MULTI-HANDICAPPED
1987 MISSILE
1989 NEAR DEATH – CENTRAL PARK 1991 ASPEN
1993 ZOO
1994 HIGH SCHOOL II
1995 BALLET
1996 LA COMÉDIE FRANÇAISE
1997 PUBLIC HOUSING
1999 BELFAST, MAINE
2001 DOMESTIC VIOLENCE
2002 DOMESTIC VIOLENCE 2 – LA DERNIÈRE LETTRE
2004 THE GARDEN
2006 STATE LEGISLATURE
2009 LA DANSE, LE BALLET DE L’OPERA DE PARIS
2010 BOXING GYM
2011 CRAZY HORSE
2013 AT BERKELEY
2014 NATIONAL GALLERY
2015 IN JACKSON HEIGHTS
2017 EX LIBRIS – THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY 2018 MONROVIA, INDIANA

NOTES DE FREDERICK WISEMAN

J’ai toujours été fasciné, depuis que je suis enfant, par la diversité des comportements humains. Il m’est apparu très vite que faire des documentaires était le métier idéal pour moi. Cela me permet non seulement de capter mais aussi de penser et d’organiser mon expérience de cette diversité. J’ai réalisé une série de films sur les institutions sans jamais avoir à définir ces institutions. Certains de mes films traitent simplement de l’activité au sein d’un bâtiment, d’autres d’un groupe particulier qui interagit dans plusieurs bâtiments contigüs, et occasionnellement d’une zone géographique relativement étendue. In Jackson Heights se trouve dans cette dernière catégorie et c’est d’ailleurs le troisième film que je fais sur des communautés – après Aspen et Belfast, Maine. De la même façon que je ne pars pas d’une définition arrêtée pour les institutions, je n’ai aucun à priori sur les communautés que je filme.
Certains films sont en partie définis et limités par les bâtiments dans lesquels la caméra évolue, d’autres à des territoires géographiques. Ce que je fais, c’est tracer une ligne irrégulière autour d’un bâtiment, d’un groupe de bâtiments ou d’un territoire et dire que tout ce qui arrive dans la zone circonscrite par ce tracé arbitraire fait la matière du film. A l’extérieur de cette zone, c’est un autre film.
Ce choix de réalisation rend possible l’observation de l’activité et des comportements humains dans une large palette de contextes et de rencontres limités. Le montage me donne l’opportunité d’essayer de définir une forme et une structure à l’expérience que j’ai vécu lors du tournage.
Pour ce film, j’ai tracé une ligne imaginaire dans l’arrondissement new-yorkais du Queens, connu sous le nom de Jackson Heights. En dépit de ses frontières floues, Jackson Heights est une sorte de quartier dans le quartier.
On parle 167 langues à Jackson Heights. Les différentes communautés qui vivent ensemble viennent d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, mais aussi du Pakistan, du Bangladesh, d’Inde, de Thaïlande, du Népal et même du Tibet. Ils cohabitant avec les enfants des premiers migrants italiens, juifs et irlandais. Le quartier est un véritable melting pot qui rappelle le quartier Est de New York du dix-neuvième siècle.
Nous avons collecté 120 heures de rushes en filmant les événements qui se passaient dans les rues du quartier, en allant dans les commerces (boutique de prêt-à-porter, laveries, restaurants, supermarchés), et en pénétrant dans certaines institutions religieuses (mosquées, temples, églises). Quand j’ai commencé à filmer, je ne savais pas de quoi le film serait fait : je n’avais aucune idée des thèmes, des points de vue qui seraient abordés, ni de la durée du film.
In Jackson Heights est le résultat de 9 semaines de tournage et de 10 mois de montage. Le film fini est une conversation à 4 voix entre mon souvenir du lieu, l’enregistrement de ce souvenir capté dans les rush, mon expérience générale et le processus de montage pendant lequel j’essaie de comprendre ce qui se passe dans une séquence individuelle, de choisir et de monter la matière que je veux utiliser et découvrir des connexions visuelles et thématiques entre les séquences. Le film trouve sa forme dans cette conversation et représente ce que j’ai appris de l’expérience de filmer ce quartier.

Frederick Wiseman