Dans le Plunger, sous-marin, l’oxygène se fait rare. Le compte à rebours vers une mort certaine est enclenché. L’équipage cherche en vain le capitaine, le seul capable de les sauver. Soudain, de manière improbable, un bûcheron perdu arrive parmi eux et leur raconte comment il a échappé à un redoutable clan d’hommes des cavernes. Sa bien-aimée à été enlevée par ces hommes féroces, et il est prêt à tout pour la sortir de là.
Embarquez dans le Plunger et faites le tour du monde des paysages oniriques, dans un tourbillon d’aventures peuplées de femmes fatales, de fous à lier et d’amoureux transis.
Site internet du projet SEANCES : www.lachambreinterdite.fr
SÉLECTION FORUM – Festival international du film de Berlin 2015
Festival international de LOCARNO 2015
Avec : Mathieu Amalric, Roy Dupuis, Clara Furey, Amira Casar, Géraldine Chaplin, Jacques Nolot, Slimane Dazi, Ariane Labed, Maria de Medeiros, Charlotte Rampling, Udo Kier, Louis Negin, Jean-François Stévenin, André Wilms
Réalisation GUY MADDIN, EVAN JOHNSON • Producteurs PHOEBE GREENBERG, PENNY MANCUSO, PHYLLIS LAING, DAVID CHRISTENSEN • Productrices déléguées JEAN DU TOIT, EMMANUELLE HÉROUX, LIZ JARVIS • Montage JOHN GURDEBEKE • Direction artistique GALEN JOHNSON • Concepteurs artistiques BRIGITTE HENRY, CHRIS LAVIS, MACIEK SZCZERBOWSKI • Costumes ELODIE MARD, YSO SOUTH, JULIE CHARLAND • Son SIMON PLOUFFE, DAVID ROSE, JOHN GURDEBEKE, VINCENT RIENDEAU, GAVIN FERNANDES, CAS
Guy Maddin
Né
en 1957 à Winnipeg, dans le Manitoba, Guy Maddin a remis au goût du
jour le surréalisme gothique, explorant dans ses films la déviance
sexuelle, la répression, la perte et la folie.
Guy Maddin est diplômé en sciences économiques. Il a fait depuis 1985
dix-neuf ans neuf longs métrages et de nombreux courts, véritables
triomphes de l’imagination sur les contraintes budgétaires. Ses films se
déroulent la plupart du temps dans des décors semi-mythiques, dans un
proche passé qui n’a jamais existé.
Tom Waits, David Cronenberg ou Martin Scorcese (qui a récemment acheté
une copie de son premier long-métrage) font partie de ses admirateurs.
En 2012 Guy Maddin a réalisé des courts-métrages en public pour son
projet Séances, dont font partie un site internet interactif et le long
métrage CHAMBRE INTERDITE.
Filmographie
1985 The Dead Father (cm) 1988 Tales from the Gimli Hospital 1989 Mauve Decade (cm) – BBB (doc) 1990 Archangel – Tyro (cm) 1991 Indigo High-Hatters (cm perdu) 1992 Careful 1993 The Pomps of Satan (cm) 1994 Sea Beggars (cm) 1995 L’Oeil comme un étrange ballon se dirige vers l’infini (cm) – Sissy-Boy Slap-Party (cm) – The Hands of Ida (Tv) 1996 Imperial Orgies (cm) 1997 Twilight of the Ice Nymphs 1998 The Hoyden (cm) 1999 Hospital Fragment (cm) – Maldoror : Tigers (cm) – The Cock Crew (cm) 2000 Gas III (cm) – The Heart of the World (cm) 2001 Dracula, pages tirées du journal d’une vierge (Tv) – It’s a Wonderful Life (cm) – L’Homme qui rit (cm) 2003 Cowards Bend the Knee (installation) – The Saddest Music in the world 2006 My Dad is 100 years old (cm) – Des Trous dans la tête ! 2007 Winnipeg mon amour 2009 Night Mayor 2011 « Ulysse, souviens-toi ! » 2013 Spiritismes 2015 La Chambre interdite (The Forbidden Room)
Origine du Projet par Guy Maddin
La plupart des réalisateurs ayant participé aux cinquante premières
années de l’histoire du cinéma – Hitchcock, Lang, Murnau, Ford, Weber,
Borzage, Guy-Blaché, et bien d’autres – ont au moins une fois perdu un
de leurs films, l’abandonnant aux caprices du destin. Le plus souvent,
la société de production qui a financé les images détruit simplement les
bandes après un certain temps, afin de vider les étagères pour y
accueillir de nouveaux films ; très souvent d’ailleurs l’équipe brûlait
le stock de nitrate dans un spectaculaire feu de joie lors de
pique-niques champêtres. Autrement, soumis à des conditions de
stockage inappropriées – haute température, humidité trop élevée – qui
favorisent la réaction chimique transformant le celluloïd en vinaigre,
les films se sont auto-détruits.
Ceci étant, une grande partie est simplement perdue de vue, rangée au
mauvais endroit par un projectionniste, égarée au cours d’un envoi, ou
même abandonnée par une des victimes dépressives et alcooliques de
l’industrie du cinéma. On estime que 80 % des films réalisés dans
l’ombre se perdent à jamais. Quelles qu’en soient les raisons, ils
disparaissent pour de bon. J’aime imaginer ces pellicules perdues comme
des films qui n’auraient pas trouvé leur dernière demeure.
Eclairés ainsi, les disparus apparaissent comme des fantômes. Il est
facile de rapprocher ces travaux perdus, dont les seules traces
restantes sont quelques photos de tournage ou autres critiques dans
Variety, à des esprits errants qui resteraient nous hanter. Le paysage
de l’histoire du cinéma est habité par leur présence, tourmenté par la
promesse de leur retour, jusqu’à ce que la douce lumière qui en émane
soit restaurée comme par miracle. Ces films sont comme des corps,
disparus sans laisser de cadavre, privant leur famille de toute
possibilité de deuil. Aussi longtemps que l’incertitude de leur mort
planera, leur possible retour à la surface continuera de nous hanter.
Ces films perdus sont les « revenants » que j’espère invoquer au cours
des Séances
Entretien avec Guy Maddin
Souhaitiez-vous inclure un long métrage dans le projet SEANCES dès le début ?
Oui, c’était prévu depuis le début ! Sans cela, nous n’aurions jamais
pu assembler toute la matière que nous avions. Pour les scénarios, nous
avons tiré notre inspiration de cette incroyable source d’histoires,
presque de la taille du noyau de la Terre, qui était là, oubliée, sous
nos pieds, telle un gisement frémissant de pétrole – des milliards et
des milliards de barils – prête à exploser et déverser toutes ces
histoires jamais imaginées, et pourtant oubliées. Nous voulions puiser
dans ce prodigieux réservoir que sont les milliers de films réalisés
dans le premier siècle d’existence
du cinéma, et qui avaient d’une manière ou d’une autre disparu. Il y a
tant d’histoires merveilleuses et profondément originales qui ont jadis
été filmées, puis perdues, dans presque chaque pays du monde, des contes
de divers groupes religieux ou idéologiques, de diverses cultures, de
réalisateurs de tous âges, genres et classes sociales. Et certaines
d’entre elles sont incroyablement excentriques. C’était profondément
exaltant de découvrir cette matière artistique extraordinaire, qu’il ne
restait plus qu’à cueillir ! Evan et moi étions si impatients de faire
connaître ce précieux filon au monde entier que nous avons décidé de la
partager en une seule et unique expérience explosive.
Nous savions depuis le début qu’Internet était la plateforme idéale
pour faire découvrir tout ça, le meilleur moyen d’atteindre le monde
entier. Mais, nous sommes avant tout cinéastes, et voulions bousculer
les repères cinématographiques dans les festivals, ainsi que dans le
domaine du streaming. C’est ainsi qu’est né le long métrage La Chambre interdite. Je
sens que c’est de loin mon meilleur film, et certainement le plus
divertissant. Mais c’est aussi celui qui cristallise le mieux ce qui
nous enivre tant, Evan et moi, dans le cinéma. Pas seulement son
potentiel narratif, mais la sensation même des émulsions qui apportent
tant de bonheur au public depuis 120 ans. Il nous semblait que le moment
était idéal, à l’heure où le cinéma et Internet fusionnent plus que
jamais, pour présenter au monde ce festival de fantômes du cinéma. Nous
avons l’impression de représenter le rêve frénétique du cinéma, les
fragments passionnés de la grande littérature et des romans de gare, les
hurlements irrépressibles des émotions les plus primaires, tout cela
dans un millier de couleurs sursaturées, et les lamentations et
grognements des fantômes qui nous hantent.
Comment s’est inclus le film dans la globalité du projet
SEANCES (courts métrages tournés en public et retransmis en live sur
Internet, le site…) ?
La Chambre interdite et les Séances
interactives fonctionnent ensemble. Ils n’ont pas été conçus pour se
mettre en avant l’un l’autre, mais c’est pourtant le cas. Le site Web
n’est pas un simple site de film comme les autres ; il a été pensé comme
une œuvre d’art pouvant être appréciée par quelqu’un qui n’aurait pas
vu le film. Et vice versa. Aussi bien l’un que l’autre ont été créés à
partir d’une matière narrative tirée de scénarios depuis longtemps
oubliés. Et cela représente une quantité incroyable de trésors
inestimables, des réserves extraordinaires de génie datant de l’apogée
du modernisme et de l’expressionisme, dans les premiers jours grisants
de l’expérimentation filmique, et les derniers jours de gloire du
romantisme. Pour les deux projets, nous avons tiré tous nos scripts des
veines sombres et riches des œuvres perdues. Dans le cas du site
Internet interactif, de nouvelles histoires seront créées à partir de la
matière perdue, pour une séance seulement, et le programme détruira
ensuite le tout nouveau film et le renverra dans le néant des films
perdus, pour toujours ! Oui, Séances est un site Web imaginé à la fois pour créer et perdre des films !
Comment s’est passé l’écriture du scénario, l’assemblage des différentes histoires ?
Mis à part le grand poète américain John Ashbery, qui a écrit pour nous
une adaptation du film d’exploitation perdu HOW TO TAKE A BATH, que
nous avons utilisé comme cadre de LA CHAMBRE INTERDITE, les scénarios
ont tous été écrits, afin qu’ils puissent fonctionner ensemble au fil
des transformations presque infinies qu’ils demandent, par moi, mon
coréalisateur Evan Johnson et mon coscénariste Robert Kotyk. Nous nous
sommes simplement assurés que chaque film présentait un certain nombre
de points où il pouvait être interrompu à un moment intrigant ou à fort
suspense – assez simple – afin que les histoires puissent être
recomposées de manière inventive au hasard sur Internet, et à dessein
dans le film. Etant, en tant qu’auteurs, des médiums de la
réinterprétation de chaque film perdu, les histoires ont inévitablement
été filtrées par nos sensibilités – tout comme les esprits de l’au-delà
parlent par la voix du médium qui les a contactés. Nous, en tant
qu’auteurs, et moi, en tant que réalisateur, étions les médiums, et les
films ont inévitablement été matérialisés par notre voix, contextualisés
par nos préoccupations et nos obsessions qui, étant donné que nous
sommes tous amis, étaient très proches. Par conséquent, quelle que
soit l’origine de ces différents films, ceux-ci semblaient tous
appartenir au même petit monde psychique douillet, notre monde, qui
reflète, parfois trop clairement, notre attitude envers l’amour, la
luxure et la lâcheté.
Comment avez vous choisi les acteurs français ?
Nous avions prévu d’aller à Paris et de faire le casting du film à
partir de contacts Facebook établis au fil des années, ce qui aurait été
drôle. Mais notre producteur F.P. Clavel, basé à Paris, m’a présenté
Alexandre Nazarian, un directeur de casting de sa connaissance, qui a
littéralement changé le cours de ma carrière. Alexandre s’est lancé dans
notre projet avec un engagement et un dévouement sans bornes. Il a aimé
notre idée, et très vite, je l’ai aimé lui. Sa compréhension de nos
scénarios était encore meilleure que la nôtre. C’était fou ! Qui plus
est, il connaissait de nombreuses stars du cinéma français, et il savait
lesquelles seraient prêtes à me suivre dans une telle aventure : jouer
pour moi, une histoire différente chaque jour, et jouer en public, sous
le nez de la foule de Beaubourg ! C’était une expérience de jeu hors du
commun. Ajoutez à cela le fait que je mettais les acteurs en transe au
début de chaque journée de travail, afin de les préparer à recevoir les
sombres esprits des films perdus planant au-dessus du musée. Ces
superstars – Mathieu Amalric, Charlotte Rampling, Udo Kier, Géraldine
Chaplin, Adèle Haenel, Ariane Labed, André Wilms, Maria de Medeiros,
Jacques Nolot, Slimane Dazi, etc. ont accepté de se laisser posséder par
les esprits, les fantômes des films perdus, d’effrayants spectres qui
les ont obligés à jouer des scénarios longtemps oubliés pendant que je
m’activais autour d’eux avec ma caméra, pour garder une trace de leur
performance sous transe. A un certain point, j’ai réalisé que j’étais le
photographe d’esprits le plus fou de l’histoire du spiritisme. Un
bonheur total !
Où avez-vous tourné en dehors du Centre Pompidou ?
Après nos trois semaines de tournage au Centre Pompidou, nous avons
tourné trois semaines de plus au centre Phi de Montréal, un
nouveau complexe absolument incroyable, le Hollywood de l’industrie
cinématographique québécoise, un monde avec son propre star system,
presque totalement inconnu des Canadiens anglophones. Moi-même, cela m’a
ouvert les yeux de travailler là-bas et de découvrir que tant de choses
fleurissaient dans mon propre pays sans que je le sache. Ça a été une
expérience fantastique !
Parlez-nous de l’esthétique (couleurs saturées, montage hypnotique, image altérée…) de La Chambre interdite. Le film semble palpable.
J’avais vu de nombreuses photos représentant des séances de spiritisme
au fil des années. Sur ces photos, on pouvait souvent voir les sujets en
transe avec du tissu ou du coton blancs sortant de leurs orifices. Je
m’étais souvent demandé ce que cela donnerait en mouvement, mais nous
ne l’avons jamais fait. Puis j’ai vu, projetées sur un mur, les images
déformées de films dans les dernières années de leur vie : des émulsions
séchées, craquelées, boursouflées et blanchies – tellement
organiquement déformées et torturées qu’elles m’ont rappelé l’ectoplasme
que l’on voit toujours sur les photos de spiritisme. Nous avons donc
opté pour cette esthétique, cette texture extrêmement palpable, tangible
et presque paranormale du film qui se décompose, du moins par endroits.
Nous voulions aussi utiliser des palettes de couleurs représentant les
éventuels changements physiques dus au temps, des teintes et nuances
obscures inconnues dans l’histoire du cinéma (comme si elles existaient
uniquement dans un au-delà cinématographique et révélaient
l’intervention de fantômes travaillant dans le labo avant de nous
renvoyer le film). Je suis particulièrement content des couleurs qu’Evan
et notre chef décorateur Galen Johnson ont choisies pour ce projet. On
trouve dans le film des teintes jamais vues, des couleurs faites
d’éléments qui ne sont pas sur le tableau périodique. [EXTRAIT]