Bastien a vingt ans et milite depuis cinq ans dans le principal parti d’extrême-droite. Quand débute la campagne présidentielle, il est invité par son supérieur à s’engager davantage. Initié à l’art d’endosser le costume des politiciens, il se prend à rêver d’une carrière, mais de vieux démons resurgissent…
Réalisation, Écriture, Image, Son, Montage Étienne CHAILLOU & Mathias THÉRY
Produit par Quark Productions – Juliette GUIGON & Patrick WINOCOUR
Mixage Quentin ROMANET
Montage son Audrey GINESTET
Étalonnage Natacha IKOLI
Administrateur de production Pierre HOURI
Directeur de production Dan WEINGROD
Mathias Théry et Etienne Chaillou
Étienne Chaillou et Mathias Théry se sont rencontrés dans les ateliers de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris où l’un s’était spécialisé en cinéma d’animation et l’autre en vidéo. Ils réalisent la plupart de leurs films ensemble depuis 2006, prenant en charge l’écriture, le tournage, et le montage. Ils aiment s’appuyer sur une observation du réel et explorer diverses formes de narration, en utilisant notamment le dessin animé, la photographie, la peinture, ou la marionnette.
Filmographie
2019 : LA CRAVATE – Long-métrage
États Généraux du Film Documentaire – Lussas, 2019
Festival Un État du Monde – Forum des Images, Paris, 2019
2017 : PREMIER VOTE – Collection de 13 films pour France 3
Étienne Chaillou dirige la collection, Mathias Théry réalise le film de la région Hauts-de-France.
2016 : LA SOCIOLOGUE ET L’OURSON – Long-métrage
Prix du meilleur documentaire – Festival Fire – Barcelone, 2017
Étoile de la SCAM 2017
Prix du public – Festival des Etoiles de la SCAM, 2017
Prix du meilleur documentaire – Festival Roze Filmdagen – Amsterdam, 2016
Nomination aux 22èmes Lumières de la Presse Internationale, 2016
Prix du public – Festival Des Images Aux Mots – Toulouse, 2016
Prix du public – Festival Vues d’En Face – Grenoble, 2016.
2014 : L’OEIL DU VOISIN – Web-série documentaire pour Arte
2012 : J’AI RÊVÉ DU PRÉSIDENT – Web-série documentaire pour Arte
2010 : LES ALTANS
ENTRETIEN AVEC ÉTIENNE CHAILLOU ET MATHIAS THÉRY
Après La Sociologue et l’ourson, comment vous est venue l’idée de La Cravate ?
Étienne Chaillou : L’envie de filmer des jeunes politiques est née pendant les tournages à l’Assemblée nationale pour La Sociologue et l’ourson.
Nous croisions au café de l’Assemblée des jeunes de vingt ans, habillés
en costard, parlant déjà comme des vieux routiers de la politique. Nous
nous sommes dit qu’il serait intéressant de les suivre. Mathias a
ensuite réalisé un film documentaire télévisé pour une collection que je
dirigeais, sur des jeunes qui votent pour la première fois. Il a
rencontré Bastien à cette occasion, ainsi que d’autres jeunes Amiénois.
Après ce projet, il m’a dit que Bastien pouvait grimper dans la
hiérarchie du FN et il m’a proposé de réfléchir à un film sur lui. La
montée des partis nationalistes est un fait qui nous préoccupe beaucoup.
Comment s’est passée la rencontre avec Bastien ?
Mathias Théry : J’ai téléphoné au Front National de la
Jeunesse du Nord, et je leur ai dit que je voulais rencontrer des jeunes
militants. Ils m’ont donné des contacts que j’ai vus un par un. À la
première rencontre avec Bastien, nous l’avons trouvé d’aspect un peu
caricatural, en blouson de cuir et cheveux ras, et complètement fasciné
par Marine Le Pen, dont il avait même un portrait affiché au dessus de
son lit. Mais il se montrait très curieux. C’était un jeune qui
cherchait à discuter avec des gens qui ne pensent pas comme lui. Il nous
disait aussi que sa famille n’était pas politisée, que très peu de ses
amis partageaient ses opinions, que certains étaient de gauche, et qu’il
était entré au parti par lui-même. Comment s’était-il retrouvé au FN ?
C’était un mystère pour nous. Un mystère que nous avons mis deux ans à
comprendre.
Avez-vous tout de suite mis au clair avec lui l’idée que vous pouviez tout filmer ?
ÉC : Non, ça s’est fait en deux temps. Pendant le premier
tournage, pour la télé, Bastien acceptait bien la caméra, mais il
restait dans un rôle de militant. Nous avons décidé ensuite de faire des
entretiens non filmés, avec juste un petit micro, et le premier
entretien a sans doute été déterminant pour gagner sa confiance. Il nous
a convié dans un bar de Beauvais et nous a longuement confié une partie
de sa vie qu’il cachait au FN. Et là, nous avons senti qu’il allait
accepter de se raconter assez largement et que le projet l’intéressait.
MT :
Concernant les enregistrements audio, il y avait un accord entre nous :
nous ne les utiliserions pas dans le film. Nous enregistrions car nous
voulions conserver ses mots, ses phrases qui nous ont beaucoup aidés à
écrire le texte. Dès le départ, nous lui avons dit : « Ce que nous
voulons connaître, ce n’est pas uniquement le parti, mais c’est ta vie
en général. On veut faire un portrait de toi plus complet ». Nous
voulions nous intéresser au processus d’adhésion à ce parti qui nous
inquiète. Pourquoi des milliers d’individus qui ne sont certainement pas
tous des salauds finissent par se retrouver à hurler ensemble « on est
chez nous », et à s’imaginer qu’une Marine Le Pen peut leur ouvrir un
monde meilleur ? Comprendre quelle avait été sa vie pour qu’à vingt ans
Bastien soit si engagé, quelles étaient les racines de son engagement et
quelle place le parti était venu prendre dans sa vie intime. Donc, il
était logique qu’on aille le filmer avec ses amis, au Laserquest, dans
son appartement, parfois même lorsqu’il dort dans son lit.
Pendant combien de temps l’avez-vous suivi ?
ÉC : Mathias l’a suivi presque deux mois pour la télé, et nous
l’avons ensuite filmé sur six mois, pendant les campagnes électorales
de 2017. Un an plus tard, nous l’avons invité à lire, devant la caméra,
le texte racontant son histoire et destiné à être la voix off du film.
MT :
Ce qui nous a fait gagner du temps, ce sont les entretiens pendant
lesquels Bastien se racontait beaucoup. Ils nous ont permis de
comprendre de nombreuses choses qu’une caméra n’aurait jamais pu capter.
Au cours d’une séquence par exemple, Bastien assiste à un meeting et on
peut voir qu’il ne se sent pas bien. Si l’on ne regarde que les images,
on voit juste un Bastien un peu éteint, mais ce qu’il nous a raconté
lors d’un entretien nous a permis de comprendre qu’il était à un
tournant important de son histoire : la découverte qu’il y a beaucoup
d’opportunistes au FN, davantage intéressés par l’argent que par la
politique.
À quel moment avez-vous compris que le film prendrait cette forme si particulière, très romancée ?
ÉC : C’est venu très tôt, et c’est une intuition que l’on a précisée par la suite.
MT :
Nous avions compris que parler frontalement d’un parti que l’on
souhaite combattre pouvait être contreproductif. La force du roman est
de centrer l’attention sur un personnage, lequel nous permet d’entrer
dans un milieu. Nous avons décidé que ce serait le destin de Bastien qui
nous donnerait des clés de compréhension du parti d’extrême droite et
non l’inverse. Chaque étape de sa relation au FN (besoin d’autorité,
quête de respectabilité, dissimulation des vieux démons, etc.) nous
renseigne sur le parti lui-même. Cela a déterminé notre manière de
filmer : il fallait s’emparer du langage de la fiction et, bien que nous
filmions en immersion, rester calme dans la cohue, poser des cadres
larges destinés au grand écran, éviter la caméra à l’épaule, penser
comme pour un livre d’images ou un roman photo en accumulant les plans
et les détails nécessaires à un récit de cinéma muet.
C’est
singulier parce que cela va exactement à rebours du documentaire
politique, qui est plus dans la tradition du « no comment »… Ici, la
voix off efface quasiment toutes les voix, à part celle de Bastien…
ÉC :
C’est aussi un film sur la manière de faire de la politique
aujourd’hui, or la communication y tient maintenant une place centrale.
Les partis politiques contrôlent énormément ce qu’ils laissent
apparaître. Pendant le tournage, le FN nous a fermé régulièrement ses
portes. Si nous nous étions contentés de ce qu’ils donnaient à voir,
tout aurait été très lisse, voire franchement déformant. On peut dire
que nous étions en terrain hostile et comme nous ne voulions pas nous
cacher pour filmer, nous avons senti que si nous laissions les séquences
brutes que nous avions captées, la communication du FN risquait de
s’imposer. Particulièrement dans un film sur un parti en pleine
opération de « dédiabolisation », comme ils disent. Cette stratégie a
pris une place très importante dans le film. Il se trouve que nous
filmions un groupe particulièrement actif dans ce nettoyage de l’image
publique du FN. Or en éteignant les voix et en racontant d’un point de
vue plus distancié ce qui est orchestré devant nous, la mise en scène de
la ”dédiabolisation” apparaît.
MT : Oui, nous avons
décidé de ne pas nous comporter comme des enquêteurs ou des opposants
politiques, mais d’adopter une autre posture : celle de l’écrivain, qui
peut exprimer des avis sans contredire à tout prix son personnage.
L’écrivain cherche plutôt à faire un portrait le plus fin et le plus
juste possible.
Pouvez-vous dire un mot sur la forme ? Le
roman dix-neuvièmiste, le passé simple, cette forme de narration très
littéraire : on n’est pas juste dans la description journalistique, on
est vraiment dans une écriture romanesque…
ÉC :
Nous étions partis avec des modèles en tête, Flaubert, Balzac. Le passé
simple nous a plu très vite parce qu’il donnait aux images une couleur
d’archives.
MT : Oui, le passé simple ajoute de la
distance. Il permet de suivre la trajectoire d’un jeune homme en 2017
comme si on l’observait cinquante ans plus tard, avec un regard plus
clairvoyant que celui que l’on porte sur l’actualité.
Il y
a la voix off d’une part, et il y a le dispositif de mise en scène
d’autre part, le fait que Bastien soit face caméra et qu’il lise ce
texte que vous avez écrit. Comment avez-vous écrit ce texte, et pourquoi
avez-vous décidé de le lui faire lire ?
ÉC : Nous avons écrit le texte en nous appuyant sur les
entretiens audio, sur les conversations off que nous avions eues avec
lui pendant les tournages, ou en racontant des moments filmés qui ont
disparu du montage. Le propos est toujours issu d’une récolte
documentaire, hormis quelques déductions. Nous sommes capables de tout
justifier. Nous avons beaucoup hésité entre le « je » ou le « il », mais
nous avons finalement opté pour la troisième personne, du fait de cette
inspiration des romans réalistes du XIXème siècle. L’idée de lui
montrer le texte est arrivée rapidement ensuite, quand nous avons
compris que nous ne pouvions pas nous passer de sa validation pour que
le texte soit crédible, et que ce serait un outil essentiel pour
discuter en profondeur.
MT : Dans le film, nous ne
débattons pas des idées ou du programme comme sur un plateau de
télévision, mais nous discutons d’un objet : « Que penses-tu de ce texte
? Sommes-nous dans le vrai ? Assumes-tu que ceci soit raconté ? Quel
effet cela te fait-il ? ». Nous avons fait le pari qu’en étant honnêtes
avec lui jusqu’au scrupule, en le laissant commenter, et même contrôler
ce que nous disions de lui, nous irions beaucoup plus loin. Et c’est ce
qui est arrivé, bien au delà de tout ce que l’on avait imaginé au
départ… Finalement, le film raconte deux histoires : d’une part un
récit de la vie de Bastien, et d’autre part l’histoire de Bastien qui
découvre le texte, et l’effet que cela lui procure. C’est à ce moment
qu’il a fait une sorte d’incroyable coming out sur son passé, puisqu’il a
réalisé qu’il voulait qu’on en garde la trace, et avec ce film assumer
une histoire que le FN l’obligeait à taire. Après avoir espéré que la
politique modifie son destin, il tente à nouveau quelque chose et nous
dit « on va voir si le film va changer ma vie ». Cette tentative de
Bastien est un geste fort, et le film devient l’histoire de ce geste.
À
environ une heure du film intervient en effet cette révélation. Comment
avez-vous appris cette information ? Étiez-vous déjà au courant ?
MT : Cela
faisait plus d’un an que nous connaissions Bastien. Je faisais des
recherches sur le collège Saint-Esprit, parce que nous voulions tout
simplement ne pas écrire de bêtises et être très précis. Je suis alors
tombé sur un vieil article de journal, lequel racontait une histoire
grave impliquant un adolescent âgé de 13 ans. Cela coïncidait avec sa
scolarité dans ce collège et une période qu’il nous avait décrite comme
particulièrement difficile au point d’avoir dû quitter l’établissement.
Puis un autre article laissait fuiter un prénom: « Le jeune Bastien ».
Tout concordait.
ÉC : Le jour du tournage de la
lecture, nous pensions donc à 90% que Bastien était le jeune collégien
des articles. Nous étions décidés à en parler avec lui ce jour-là, ce
qui remettait pas mal de choses en question. S’il nous avait caché cela,
qu’avait-il caché d’autre ? Tout ce qu’il nous avait dit était-il vrai ?
Que se passe-t-il une fois cette révélation faite ?
ÉC : Nous nous rendons compte que s’il en est arrivé à la politique, c’est parce qu’il y a eu cet épisode.
MT : Comme
notre intérêt dans le film est de comprendre quelle place le parti
prend dans sa vie, l’épisode a toute sa place : il pète les plombs car
il se sent rejeté, et c’est parce qu’il pète les plombs qu’il est placé
en famille d’accueil et qu’il croise les skinheads.
ÉC : On
comprend que la rencontre avec les skinheads est plus subie que
désirée, alors qu’il nous avait toujours fait croire que c’était lui qui
avait cherché à les rejoindre.
MT : Il nous décrit
cette rencontre un peu comme on décrit une arrivée en prison : « Il y a
des types qui me font peur et je suis obligé de cohabiter avec eux.
Donc, il faut que je sois dans leur camp ». Il nous décrit comment
progressivement il se fait lobotomiser par ces types et comment, suite à
cela, il essaye de s’en sortir. Selon moi, il quitte les skinheads pour
aller au FN en croyant s’extraire de la radicalité. À la fin du film,
il quitte le FN en croyant à nouveau sortir de la radicalité. Et là on
touche à ce qui nous a le plus intéressés : observer l’évolution des
liens entre sa vie personnelle et la politique. D’ailleurs, il est
encore aujourd’hui en train d’évoluer et le film va certainement avoir
une incidence sur la suite. C’est ce qui est puissant avec le cinéma, et
avec le documentaire en particulier. Ça n’est pas seulement un récit
mais une expérience en tant que telle… faire un film, c’est aussi
influencer le cours des choses.
Dans un premier temps, il
refuse que vous ajoutiez cette révélation au montage. Il finit par
accepter. Comment a-t-il changé d’avis ?
ÉC :
Il nous a donné son accord à la fin de la séance de lecture, et l’a
confirmé par la suite au visionnage du film. Finalement, nous raconter
ce qu’il tait par ailleurs, c’est ce qu’il fait depuis notre rencontre.
Qu’on décide de relater sa vie devient pour lui l’occasion de ce coming
out, qu’il décide de faire par étapes. Nous montrons qu’il refuse
d’abord de le rendre public parce c’est une décision très lourde pour
lui.
MT : Il est important pour nous que les
spectateurs aient accès à la complexité de notre relation avec Bastien
pour pouvoir la juger. Elle n’est jamais simple, elle est peut-être à
l’image de la société française, fracturée. Avec d’une part une colère
qui dégénère et de l’autre la crainte que l’écoute de cette colère
devienne la validation de la violence. Une relation ambigüe et risquée.
Bastien et nous ne sommes pas du même bord, c’est le moins qu’on puisse
dire ! Lui au départ a accepté le film car c’était une opportunité pour
faire valoir ses idées, puis à notre contact et à cause du texte, son
objectif a changé. Le film est devenu l’occasion de tout dire et d’être
compris. « Je pense malgré tout être quelqu’un de bien », nous
confie-t-il . De nôtre coté, nous voulions faire un film sur notre
ennemi politique. Or pour tourner un film documentaire, il y a une forme
de collaboration. Dans ce film particulièrement, il est important pour
nous de montrer cela. Parfois nous le dirigeons : « Bastien, recule-toi,
mets-toi là, on te paye un café », ou parfois nous lui parlons sur un
ton professoral, une situation qui nous met un petit peu mal à l’aise.
Et puis le film se faisant, la relation a évolué. Nous avons compris
qu’avoir de l’empathie pour lui ou lui reconnaître du courage ne nous
empêche finalement pas d’identifier et de condamner ses paroles ou ses
actes violents. Comprendre, ça n’est pas excuser. Bastien est
intelligent, il n’est pas uniquement une victime.
À partir de cette révélation, le film change. Le montage a-t-il été compliqué ?
ÉC : Le comportement de Bastien lors de la lecture nous a obligé à revoir notre montage.
MT :
Cette révélation provoque chez nous un chamboulement et une remise en
question. Une fois que nous avons cette clé de compréhension du
personnage, nous ne pouvons pas reprendre le texte tel qu’il était et
faire comme si ça n’existait pas. Nous sommes obligés de revoir notre
copie, et nous voulons l’indiquer au spectateur en montrant que
certaines phrases ont été changées, avec les annotations du texte au
stylo rouge.
ÉC : Je pense que l’apparition du
narrateur, via la bouche qui énonce le texte à l’image, est une réponse à
son honnêteté. Bastien s’est ouvert à nous, il a montré sa fragilité.
Et nous, au lieu de continuer avec une voix off classique de cinéma,
comme on le fait au début du film, nous choisissons d’afficher la bouche
qui la récite. Donc nous montrons les coulisses de la fabrication du
film. Nous savons que cela fragilise le texte qui n’est plus vécu comme
une voix sans corps. On peut alors plus facilement remettre cette voix
en question puisqu’elle provient d’une conscience bien localisée. Nous
indiquons aussi que la voix off a été enregistrée après l’entretien,
comme toutes les voix off de film, détruisant l’artifice de la première
partie qui associe la lecture de Bastien, et la lecture de la voix.
Pourquoi « La Cravate » ?
ÉC : Le
titre ? C’est l’attribut du politicien. L’objet peut évoquer la
transformation du Front National en un parti institutionnel. Dans les
années 90, je me souviens que quand un représentant du FN arrivait sur
un plateau télé, on se demandait encore s’il fallait l’inviter.
Aujourd’hui, plus personne ne se pose la question. Le FN est devenu pour
certains une force politique comme les autres, ou presque. Pour
Bastien, la cravate est un objet qui a un statut particulier. Elle
peut-être vue comme un symbole de sa quête de respectabilité. Il s’est
senti très marginalisé, éjecté brutalement du corps social au moment de
l’adolescence. Il veut à tout prix redevenir respectable, peut-être par
la voie de la politique. Mais la cravate est aussi un objet qui enserre
le cou. Si on tire trop, ça étouffe.
MT : Le film
raconte l’histoire d’un jeune homme qui, en enfilant la cravate, espère
pouvoir faire évoluer sa vie. Pourquoi il est ensuite obligé de retirer
cette cravate malgré lui. Et comment plus tard, il la revêt comme un
uniforme de combat.