L"amant d'un jour de Philippe Garrel
Film soutenu

L’amant d’un jour

Philippe Garrel

Distribution : SBS distribution

Date de sortie : 31/05/2017

France – 1h16 – 2017 – Scope 2.39 – Noir et Blanc

C’est l’histoire d’un père et de sa fille de 23 ans qui rentre un jour à la maison parce qu’elle vient d’être quittée, et de la nouvelle femme de ce père qui a elle aussi 23 ans et qui vit avec lui.

Quinzaine des réalisateurs – Cannes 2017

Avec : Eric CARAVACA Gilles • Esther GARREL Jeanne • Louise CHEVILLOTTE Ariane • Laëtitia SPIGARELLI Narratrice

RÉALISATEUR Philippe GARREL • SCÉNARIO Arlette LANGMANN, Jean-Claude CARRIERE, Caroline DERUAS, Philippe GARREL • MUSIQUE ORIGINALE Jean-Louis AUBERT • Directeur de la photographie Renato BERTA • Montage François GEDIGIER • Son François Musy, Guillaume Sciamma, Gabriel Hafner • Décors Manu de CHAUVIGNY • Costumes Justine PEARCE • Directeur de production Didier ABOT • 1er assistant Paolo TROTTA • PRODUIT PAR Saïd BEN SAÏD, Michel MERKT – SBS Films • EN COPRODUCTION AVEC ARTE France CINEMA • AVEC LA PARTICIPATION de Arte France, du Centre National du Cinéma et de l’image animée • AVEC LE SOUTIEN de la Procirep Angoa, de Soficinema 11 Développement et Cinemage 10 Développement • EN ASSOCIATION AVEC Soficinema 13

Philippe Garrel

Fils (de Maurice Garrel) et père (de Louis Garrel), Philippe Garrel a choisi de s’illustrer derrière la caméra. Se situant dans la lignée de la Nouvelle Vague, son oeuvre doit beaucoup à Jean-Luc Godard et à l’esprit anar’ de Mai 68. Il participera notamment au film à sketches hommage à Eric Rohmer et les autres, Paris vu par… vingt ans après. Mais le réalisateur possède son univers propre, en germe dès son premier long métrage, Marie pour mémoire, film sur le mal de vivre adolescent, peuplé de visages de femmes sublimés par le noir et blanc. Tournant à l’instinct, Philippe Garrel privilégie toujours la première prise. La trilogie La Cicatrice intérieure, Athanor, Le Berceau de cristal, doit beaucoup à sa relation avec Nico, l’égérie du Velvet Underground. Le réalisateur décrit des corps errants, évanescents, laissant peu de place aux dialogues.
A partir de 1989 (Les Baisers de secours), sa collaboration avec l’écrivain Marc Chodelenko marque le retour à la narration. Introspection sur la douleur de la perte, celle de Nico, il obtient l’Ours de Berlin pour J’entends plus la guitare (1991). L’amour compliqué et l’errance nocturne sont encore dans La naissance de l’amour et dans Sauvage innocence l’amour est un art qui veut, « comme l’incendie, naître de ce qu’il brûle ». Après quatre ans d’absence, il fait un retour remarqué avec Les Amants réguliers, film-fleuve sur sa jeunesse disparue, sur fond de révolte étudiante. En 2008, La frontière de l’aube, est sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes. En 2015, L’ombre des femmes est présenté en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes

Filmographie

2017 L’AMANT D’UN JOUR
Prix SACD – Quinzaine des réalisateurs 2017
2014 L’OMBRE DES FEMMES
2013 LA JALOUSIE
En Compétition, Venise 2013
2011 UN ÉTÉ BRÛLANT
En Compétition, Venise 2011
2005 LA FRONTIÈRE DE L’AUBE
Sélection Officielle, Cannes 2008
2004 LES AMANTS RÉGULIERS
Lion d’Argent, Venise 2005 ; Prix Louis Delluc 2005 ; Prix FRIPESCI K Découverte européenne, 2006
2001 SAUVAGE INNOCENCE
Prix de la critique internationale, Venise 2001
1998 LE VENT DE LA NUIT
1995 LE CŒUR FANTÔME
1993 LA NAISSANCE DE L’AMOUR
1990 J’ENTENDS PLUS LA GUITARE
Lion d’Argent, Venise 1991
1988 LES BAISERS DE SECOURS
1984 ELLE A PASSÉ TANT D’HEURES SOUS LES SUNLIGHTS
1984 RUE FONTAINE (cm)
1983 LIBERTÉ, LA NUIT
Prix Perspective du Cinéma, Cannes 1984
1979 L’ENFANT SECRET
Prix Jean Vigo, 1982
1977 LE BLEU DES ORIGINES (cm)
1976 LE VOYAGE AU PAYS DES MORTS
1975 LE BERCEAU DE CRISTAL
1975 UN ANGE PASSE
1974 LES HAUTES SOLITUDES
1972 ATHANOR (cm)
1970 LA CICATRICE INTÉRIEURE
1969 LE LIT DE LA VIERGE
1968 LA CONCENTRATION
1968 LE RÉVÉLATEUR
1967 MARIE POUR MÉMOIRE
Grand Prix, Festival du Jeune Cinéma, Hyères 1968
1965 DROIT DE VISITE (cm)
1964 LES ENFANTS DÉSACCORDÉS (cm)

NOTE D’INTENTION

Quand il était tombé avec elle, quand il avait osé la prendre dans ses bras, quand ils avaient versé sur le lit de fortune au milieu de tous ces étrangers et ces enfants qui vivaient là à l’université et qui ne semblaient pas s’apercevoir de leur présence alors qu’ils étaient si proches, quand il l’avait pénétrée si chastement alors qu’elle souriait et se lovait contre lui en bougeant doucement son corps alors que leurs peaux à tous les deux se faisaient si douces l’une pour l’autre, il avait compris que oui c’était à l’amour qu’ils avaient cédé et qu’ils s’abandonnaient, l’amour qui venait d’intervenir dans leur vie auquel il ne s’attendait pas et auquel ils ne pouvaient plus se refuser. Elle avait vingt ans et toutes les armes de la jeunesse et lui bien cinquante et ça il ne s’en rendait plus compte. Vingt ans, mais voilà c’était aussi l’âge de sa fille à lui. Il y songeait en se rhabillant. Comment prendrait-elle ça sa fille, qu’il chérissait entre toutes ? Maintenant qu’il connaissait à nouveau l’amour ■ PHILIPPE GARREL


L’AMANT D’UN JOUR EST LE TROISIÈME VOLET D’UNE TRILOGIE, APRÈS LA JALOUSIE ET L’OMBRE DES FEMMES.
Oui, j’avais déjà fait un triptyque avec La Cicatrice intérieure, Athanor et Le Berceau de cristal : c’était fait pour faire une séance de cinéma, de 2h45. Ça a eu lieu une fois, à Chaillot. Pour une rétrospective, ils m’avaient demandé quel cadeau ils pouvaient me faire, et j’avais demandé deux séances gratuites, une de La Cicatrice intérieure et une de Marie pour mémoire, et de faire une séance avec les trois films d’affilée, sans rallumer la lumière. Avant ça, Athanor avait été attaqué, un critique avait dit que je me heurtais à un mur, à l’évidence que le cinéma, c’est du mouvement. La Cicatrice, c’était des travellings et de la musique, Athanor c’était du silence et de plans fixes et ensuite on reprenait Le Berceau, avec la musique d’Ash Ra Tempel. Donc Athanor marchait bien comme interlude entre deux parties d’un concert. Mais là c’est une trilogie, ce n’est pas fait pour être projeté ensemble.

ÇA VOUS EST APPARU QUAND, QUE VOS TROIS DERNIERS FILMS FORMAIENT UNE TRILOGIE ?
En préparant le deuxième. J’ai fait La Jalousie et j’ai vu que le prototype marchait. Le film faisait 1h15 : ¼ d’heure de moins, c’est ¼ d’heure de moins à produire. Mais il y a plein d’exemples de films courts dans l’histoire du cinéma : personne ne se souvient que Le Cuirassé Potemkine fait 1h05. Donc j’ai gardé le même prototype et je l’ai reproduit trois fois – un film de 1h15 tourné en 21 jours. Et en Scope noir-et-blanc.

PAR-DELÀ CETTE DIMENSION ÉCONOMIQUE, LA TRILOGIE S’EST-ELLE ENGENDRÉE À PARTIR DE MOTIFS THÉMATIQUES ?
Comme spectateur j’aime autant les autres arts que le cinéma. Je ne suis pas plus cinéphile qu’amateur de peinture. Mais il y a une chose que j’ai fait à long terme dans ma vie, c’est lire Freud. J’ai dû commencer en 1975. Au Conservatoire, je leur fais apprendre depuis plusieurs années les deux rêves de Dora, ou le rêve de l’homme aux loups. Quand je fais un film – c’est pour ça que j’adore Bergman, presque autant que Godard – il y a un devoir freudien que je me colle à moi-même. Dans
La Jalousie, je voulais traiter de la névrose chez la femme ; dans L’Ombre des femmes, la libido chez la femme ; dans L’Amant d’un jour, l’inconscient chez la femme. Dans L’Amant d’un jour, je voulais parler du complexe d’Electre, c’est-à-dire le pendant féminin du complexe d’Œdipe, même si ce n’est pas complètement symétrique. Electre a fait tuer sa mère, Clytemnestre, parce qu’elle s’était remariée avec un autre homme. Dans le film, c’est l’histoire d’une amitié consciente entre une jeune fille et sa jeune belle-mère qui a le même âge qu’elle, et comment l’inconscient de cette jeune fille la pousse à se débarrasser de cette rivale pour le père. Ce n’est pas très important de comprendre ça mais c’est comme ça que je l’ai bâti ■

Extrait d’un entretien réalisé par Stéphane Delorme
Les Cahiers du Cinéma – mai 2017