Les enfants de Goa de Miransha Naik
Film soutenu

L’enfant de Goa (Juze)

Miransha Naik

Distribution : Sophie Dulac Distribution

Date de sortie : 17/01/2018

INDE, PAYS-BAS, FRANCE / 1H34 / VOSTF / LANGUE : KONKANI

A travers le regard de Santosh, 16 ans, les chroniques du village de Boribmol, Goa, Inde. Ou comment à deux pas de la plage et des vacances, non loin des touristes, se joue une toute autre réalité. Le garçon vit avec sa grand-mère dans ce village dont la population, pour la plupart composée d’immigrés subit la tyrannie de Juze dit “Slum Landlord”, marchand de sommeil, seigneur de pacotille sans foi ni loi.
Malgré les coups et les menaces, Santosh ne cède en rien, sa détermination d’aller à l’école semble indestructible.
Au fur et à mesure des abus de toutes sortes et des violences qui vont crescendo, sa résistance au départ passive va évoluer jusqu’à un point de non-retour.

Avec : Rushikesh Naïk Santosh • Sudesh Bhise Juze • Prashanti Talpankar Tai • Gauri Kamat Maria • Barkha Naïk Maya • Pranav Narote Abdul • Sarah Driver Shabana

Réalisateur Miransha Naïk • Image Abhiraj Rawale • Scénario Miransha Naïk • Montage Siddhesh Naïk, Jacques Comets, Suzana Pedro • Son Rahul Badwelkar, Thomas Robert, Jean-Guy Véran • Musique Pierre Aviat • Décors Pronita Pal, Ravi Shah • Costumes Neelanchal Ghosh • Producteurs Thin Air Production, Ciné-Sud Promotion, Kepler Films • Prod. délégués Miransha Naïk, Vinit Chandrashekaran • Co-producteurs Olivia Steward, Jacques Comets, Thierry Lenouvel, Derk-Jan Warrink, Koji Nelissen

Miransha Naik

Originaire de Goa, Miransha Naïk a suivi un cursus scénario à l’école “Whistling Woods International” à Mumbai. En 2012, il commence à travailler en tant que scénariste pour la société de production “Gitanjali Creations”, puis autoproduit ses courts métrages sous la bannière “Thin Air Productions”. L’ENFANT DE GOA (JUZE) est son premier long métrage. Hormis Rushikesh Naïk (Santosh), Sudesh Bhise (Juze) et Pranav Narote (Abdul) qui ont joué dans un court métrage de Miransha Naïk et Prashanti Talpankar (Tai), la plupart des acteurs sont des non professionnels et vivent à Goa.

NOTE D’INTENTION

Depuis mon enfance, j’ai toujours vu des personnes comme Juze dans tous les villages aux alentours de Goa. Ces propriétaires de bidonvilles abusent de leur pouvoir et exploitent les personnes les plus vulnérables comme les immigrés.
A l’origine colonie portugaise, Goa, état riche, a toujours été perçue comme une sorte d’Eldorado, attirant de ce fait un important flux migratoire. Bien avant la décolonisation en 1961, un grand nombre de personnes venues d’autres états d’Inde venait à Goa chercher du travail. Comme tous les immigrés du monde entier ils prenaient les emplois que les Goans ne voulaient pas faire, des boulots occasionnels et précaires.
Inévitablement, les autochtones se considéraient comme mieux éduqués et méprisaient les nouveaux arrivants.
Dans mon film, Santosh est un enfant de Goa, mais du fait de son isolement avec sa grand-mère malade, il est vulnérable, sans protection, et se retrouve au même niveau qu’un immigré. Il est victime d’exploitation, de mauvais traitements et est considéré comme un étranger par les autres villageois. Sa résistance passive aux injustices énerve Juze. Blessé et désabusé, il atteint un point où il ne peut plus accepter toutes ces humiliations.
Aujourd’hui encore, beaucoup de gens, pour la plupart des immigrés, purgent des peines de prison pour avoir tué leurs oppresseurs qui les auront poussés à bout et à se révolter.
Santosh est assez intelligent pour comprendre que la question n’est pas « qui » mais « que » doit-il tuer : en l’occurrence, sa peur. Je voulais montrer aussi que, quel que soit le poids de ces « Juze », ils finissent tous par tomber sur plus forts qu’eux.
Dans mon village j’ai été témoin de la domination et de la chute d’un de ces “Slum Landlord”, et c’est ce souvenir qui a inspiré mon film.
 


ENTRETIEN AVEC MIRANSHA NAIK

Santosh est un « héros positif ». Bien que son obstination à aller en classe et à y être le meilleur suscite la jalousie et déclenche la colère de Juze dit « Slum Landlord », il oppose à cette violence une résistance pacifique. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce personnage ?
Du côté de Goa, et en Inde en général, on rencontre souvent des gens comme Santosh. Très appréciés de leur petit cercle de proches, mais isolés du fait de leur condition misérable, leur inertie face aux mauvais traitements dont ils sont les victimes en fait vite des laissés pour compte. Certains comme Santosh qui trouvent la force de résister s’en sortent. J’ai connu quelqu’un comme lui, il a grandi dans le même village que moi. Je me suis inspiréde son histoire.

La plupart des acteurs, dont Santosh, sont débutants ou non professionnels, comment avez-vous travaillé avec eux ?
Lorsque je faisais les castings de mes courts métrages, avant L’Enfant de Goa, j’ai pu rencontrer beaucoup de jeunes talents, des personnes avec un réel potentiel. Ils avaient juste besoin d’apprendre à travailler. Des ateliers ont été mis en place, je leur ai montré des films et indiqué le jeu que je recherchais. Il ne leur a pas fallu longtemps pour s’adapter.

Avez-vous montré le film à Goa ? Si oui, quelles ont été les réactions du public ?
Pas encore, mais il y a eu quelques projections lors d’un festival à Mumbai. Nous avons toujours cru que ce film trouverait son public en Europe, mais la réaction à Mumbai a dépassé nos attentes.

L’action se déroule dans un village à deux pas des touristes, de la plage, et pourtant c’est comme si une frontière invisible séparait ces deux mondes. Comment, dans la réalité, ce vit cette schizophrénie géographique ?
A l’heure actuelle, rien n’a encore changé. C’est comme si nous vivions dans deux mondes différents. C’est d’ailleurs un aspect que j’aborderai dans mon prochain film, Holy Fire.

Vous situez le récit en 1999, pourquoi cette date ?
Le film est inspiré de personnes et de situations ayant vraiment existé, à la fin des années 90.

Pensez-vous que la société indienne évolue vers une prise de conscience du sort réservé aux classes défavorisées ?
Le changement est en marche. Il y a une vraie prise de conscience, mais le rapport de force reste le même entre riches et pauvres, les puissants et les plus vulnérables

Qu’est-ce qui a changé depuis ?
La situation s’est légèrement améliorée, du fait de la puissance des réseaux sociaux à Goa, mais comme je l’ai dit, la vie y est étrange…

Quels sont vos projets ?
Je travaille sur mon prochain long métrage, intitulé Holy Fire, qui s’intéresse à un couple marié dans une communauté fermée, et dont le mari ne peut accepter que sa femme ,ne soit pas vierge.

Propos recueillis en novembre 2017