Sur un bout de côte désertique du nord du Chili où il ne pleut jamais, des ramasseurs d’algues vivent de peu et vivent pleinement, dans des cabanes provisoires et au volant d’épaves rouillées, comme des prospecteurs cherchant l’or du temps.
Ce film sans dialogues, où la musique et le bruit jouent le rôle de la parole, donne une vision heureuse de la simplicité du monde et de l’énergie des premiers jours. Si le monde devait recommencer, à quoi ressemblerait-il ? Peut-être à ça.
2024 – Festival International Jean Rouch • Paris • Compétition internationale
2023 – Al Sidr Environmental Film Festival • Abu Dhabi / Semaine de la critique • Festival international du film de Locarno• Locarno • Prix Marco Zucchi du « film le plus innovant en termes esthétique et cinématographique »
Scénario Stéphane BRETON • Réalisation, image, son Stéphane BRETON • Production déléguée LES FILMS D’ICI (Serge Lalou) • Production associée LES FILMS DU PLAT PAYS (Ala) • Montage Catherine RASCON • Création sonore et musicale Jean-Christophe DESNOUX • Montage son Catherine RASCON et Nathal • Mixage Nathalie VIDAL
Stéphane Breton
Stéphane Breton est cinéaste et ethnologue. Il a fait sa recherche de « terrain » dans les montagnes de Nouvelle-Guinée. C’est là que tout a commencé. Depuis, il tourne seul, pendant des mois, des films documentaires qui se passent dans les plis et les ourlets du monde moderne, s’occupant de l’image, du son et de tout le tremblement. Il a publié plusieurs livres : La Mascarade des sexes (Calmann-Lévy, 1989), Les Fleuves immobiles (Calmann-Lévy, 1991), Télévision (Grasset, 2005), Qu’est-ce qu’un corps ? (Flammarion, 2006). Il a dirigé entre 2006 et 2010 pour le musée du quai Branly et ARTE une collection de films documentaires produits par Les Films d’Ici et intitulée « L’Usage du monde ». Il y a réuni des cinéastes comme Serguei Loznitsa, Wang Bing et Aleksandr Sokourov. Il a été commissaire d’exposition au musée du quai Branly : « Qu’est-ce qu’un corps ? » en 2006 et « Dans le blanc des yeux » en 2010. Il est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, où il enseigne le cinéma documentaire et l’analyse de l’image à la chaire d’« Ethnographie du sensible ». Les Premiers jours est son troisième long métrage
NOTES DU RÉALISATEUR
Argumentaires
Un film documentaire ? Pourquoi pas une petite musique qui se moque de la distinction habituelle des images sonores et des images visuelles et qui raconte les choses comme dans un rêve, sans savoir d’où l’on vient et où l’on va ?
Que se passe-t-il ici ? Une poignée de gens vivent entre le désert et l’océan. C’est au nord du Chili. Ils vivent de peu mais vivent pleinement, ramassent des algues pour gagner de l’argent, dorment dans des abris de toile et roulent au volant de voitures déglinguées. Leur manque-t-il quelque chose à quoi nous tenions ?
Dans ce petit coin du monde à mi-chemin de Mad Max et de La Planète des singes, où vivent des gens dont les gestes font parfois penser aux personnages de Jacques Tati, le cosmos se bat avec lui-même. Parfois c’est la caillasse qui l’emporte, parfois les vagues, parfois la rouille. Voilà de quoi parle ce film muet et sonore à la fois.
Refusant les dialogues, donnant à la musique et au bruit le rôle de la parole, il donne une vision heureuse de la simplicité du monde et de l’énergie des commencements, tout en s’abandonnant au lent frottement des choses : des impressions, des sensations, des sons. Ceux-ci composent une musicalité qui devient la pensée du film.
Remarques sur le son
La matière sonore et musicale a été montée en même temps que l’image, dans un véritable montage cinématographique. Parfois l’une commande l’autre, parfois c’est le contraire. Il n’y a pas un moment où elle n’a pas été découpée, tordue et détordue, déplacée, juxtaposée ou superposée avec autre chose. La construction des images visuelles et des images sonores obéit à la même idée, mélangeant
les timbres de l’océan avec les soupirs d’une machine à laver, car il n’y a rien de plus beau que la rencontre inattendue de choses qui n’ont rien à voir les unes avec les autres mais qui brûlent de se regarder dans les yeux.