Heroique Lande de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval
Film soutenu

L’Héroïque Lande (La frontière brûle)

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval

Distribution : Shellac

Date de sortie : 11/04/2018

France - 2018 - 3h40 - DCP – 1.77 – 5.1

En hiver 2016, la Jungle de Calais est une ville naissante où vivent près de 12000 personnes. Au début du printemps, la zone Sud, avec ses commerces, ses rues, ses habitations, sera entièrement démantelée. Les habitants expulsés déplacent alors leurs maisons vers la zone Nord, pour s’abriter et continuer à vivre. En automne l’État organise la destruction définitive de la Jungle. Mais la Jungle est un territoire mutant, une ville monde, une ville du futur ; même détruite, elle renait toujours de ses cendres.
Tourné avec des jeunes gens pris dans le tumulte des guerres, des  violences policières, et leurs tentatives de traverser la frontière vers l’Angleterre, L’Héroïque Lande pourrait être un épisode ignoré de l’Odyssée d’Homère.Synopsis

Scénario et réalisation Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval • Image Nicolas Klotz • Son Elisabeth Perceval • Montage image | Montage son Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval • Mixage Mikael Barre • Musique originale Ulysse Klotz • Étalonnage Loup Brenta • Musiques additionnelles Rihanna, Christophe, King Krule, Gil Scott-Heron, Johannes Brahms, Hans Otte, Leonard Cohen • Studios de mixage Actarus, Sonn Production • Laboratoires numériques Stempel, Paprika • Communication Toka • Graphisme Elena Germain enfeu studio • Producteur Thomas Ordonneau • Chargée de production Francine Cadet • Coproducteurs Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, mata atlantica, Julien Sigalas, stempel • Avec la participation de la Région Normandie avec l’aide du Tax Shelter du gouvernement fédéral de Belgique avec la participation du Centre national du Cinéma et de l’image animée

Réalisateur

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval développent ensemble un mode d’écriture et de filmage qui interrogent autant la forme cinématographique que les bouleversements du contemporain. En 2004, ils ont créé leur maison de production Petits et Grands Oiseaux. Parallèlement au cinéma, ils ont aussi travaillé au théâtre et plus particulièrement sur des textes de Bernard-Marie Koltès, Didier-Georges Gabily, Heiner Müller, Sarah Kane, et Jean-Luc Nancy.

Filmographie

Longs-métrages
1988 : La Nuit Bengali
1993 : La Nuit sacrée
2000 : Paria
2004 : La Blessure
2007 : La Question humaine
2010 : Zombies
2012 : Mademoiselle Julie (TV)
2012 : Low Life

Moyens-métrages
2012 : Il faut que l’homme s’élance au-devant de la vie hostile, d’après Quartett de Heiner Müller

Courts-métrages
2013 : Lucile, avec Silvia Costa, Baby Dee, Seventh Heaven de Frank Borzage
2013 : Pour se frayer un chemin à travers la jungle, il est bon de frapper devant soi avec un bâton pour écarter les dangers invisibles, avec Vincent Macaigne, Luc Chessel, Silvia Costa
2016 : Mata Atlantica

Courts-métrages Talents Cannes
2007 : La Consolation, Jeunesse d’Hamlet d’après Hamlet-machine de Heiner Müller.

Documentaires
2017 : L’héroïque lande, la frontière brûle
2013 : Le Vent Souffle sur la Cour d’Honneur
2009 : Julio et le Génie, Dans la cité des 3000
2008 : Dialogues clandestins
2007 : Paulo Branco
2003-2004 : Dialogues clandestins 2003
2001 : Dialogues clandestins 2001
1999 : Brad Mehldau
1998 : James Carter
1996 : Chants de sable et d’étoiles
1992 : Robert Wyatt, part one
1986 : Pandit Ravi Shankar

Nous avons tourné ce film entre janvier 2016 et février 2017
Avec toutes les personnes que vous allez découvrir
Contre la peur et la brutalité
Contre ce mauvais vent qui criminalise et méprise les êtres humains pris dans le tumulte de l’exil
Et dont nous sommes tous les contemporains
Un film sur ce qui se passe chaque jour, en ce moment sous nos yeux.
Nous l’avons fait avec toutes les personnes que nous avons filmées
Toutes ces personnes qui, par leur énergie, leur joie de vivre et leurs savoirs
Avaient réussi collectivement à faire surgir une ville de la boue
En inventant de nouveaux gestes, de nouvelles langues, de nouveaux avenirs
Ils nous parlent de ce qui est en train de se transformer et que l’on ne sait pas encore voir.
Du monde à venir et qui est déjà là
Mais notre monde trop vieux, trop lourd, n’est pas capable de l’accueillir
Et le cinéma est là pour montrer que cela est possible.
Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval


FILM REFUGE

Tout le monde essaie de passer de la même manière. Tout le monde, oui. C’est l’axe principal pour le passage.
Il n’est question que de ça, de passer. Passer, trépasser, surpasser, outrepasser. Oublier le passé.

Là-bas il n’y a que des problèmes, ici aussi.
Problèmes, difficultés, dangers, menaces, épreuves, embûches.
Fuir, échapper, quitter, partir. Se réfugier. Refuge : cela vers quoi on fuit. Cela où mène la fuite. Refuge ou refus, refuge ou rien.
Tôles et toiles, carcasses, barres, cartons, grillages, paysage sans pays ou bien pays sans paysage. Mais visages, oui, visages de partout, de tout le monde. D’ailleurs et d’autre part qui deviennent d’ici.

On s’est soufflé dans le visage les uns des autres pour calmer les brûlures.
Rien ne s’est passé comme prévu.


Ici et maintenant – le passage. L’instant longuement étiré du passage. La station nécessaire au passage. L’instant instable.
Nous sommes presque morts de faim pendant le voyage.
Voyage ? qu’est-ce que ça veut dire ? transport, déplacement, expédition, périple, errance. Errance sur place, ici et maintenant.
Errance et danse. Danse d’errance autour d’un foyer vite fait.

Il y a beaucoup de personnes comme moi ici.
O tout ce monde qu’il y a ! toute cette population.
La cuisine le foot la police le cricket le savon le smartphone la pétanque la mer les sacs plastiques le bulldozer le feu le feu de cuisine avec ses odeurs et le feu de destruction avec ses lourdes fumées.
Et nous là devant spectateurs ce n’est pas un spectacle c’est des regards beaucoup de regards une foule de regards de gestes de voix entre tous et de tous à nous. Qui regardent leurs avenirs leurs passés qui regardent ici et maintenant qui nous regardent.
Avec égard. En prenant garde.

Je ne veux pas qu’on nous voie nous battre à la télé.
C’est un film pas du cinéma c’est un film une mince membrane pas même une membrane une carte mémoire une mince étendue couverte de points lumineux points de peau points de vue points de couleur pas un film mais un refuge points de rencontre une longue étendue de mémoires et de moments présents et d’attentes comme un long tissu léger semé de scintillements c’est quoi notre avenir ?
Jean-Luc Nancy