Film soutenu

La mer et ses vagues

Liana et Renaud

Distribution : Shellac

Date de sortie : 29/01/2025

France, Liban | 2023 | 1h23

Par une nuit de pleine lune, la jeune Najwa et le musicien Mansour se rendent à Beyrouth. Ils suivent la piste des passeurs pour rejoindre une femme de l’autre côté de la mer. À quelques rues de là, Selim, le gardien de l’ancien phare, tente de réparer l’électricité de son quartier. 


ACID Cannes 2023 

Mays Mustafa • Roger Assaf • Mohammed Al Ammari • Hanane Hajj-Ali Bin 

Réalisation | Liana & Renaud · Scénario | Liana & Renaud · Image | Mark Khalife · Son | Haitham Atme et Kinda Hassan · Montage | Chaghig Arzoumanian · Musique | Zeid Hamdan · Production | KAFARD FILMS • Coproduction | Monkey Business Virals · Distribution | Shellac

Liana et Renaud

Liana et Renaud ont grandi respectivement dans la capitale libanaise et la campagne française. Ils se rencontrent à Paris en 2007. Ils s’installent à Beyrouth et achètent une caméra Super 16mm. Suivront des essais et des courts, écrits et réalisés à quatre mains entre les deux pays. 

Filmographie

COURTS MÉTRAGES
2012 – Vertical village
2015 – L’homme qu’on croyait mort
2018 – Le fleuve du chien
2021 – Le palais oriental

LONG MÉTRAGE
2023 – La mer et ses vagues

ENTRETIEN AVEC LIANA & RENAUD

Comment est née l’idée d’un film à la fois enchanté et ancré dans la réalité de Beyrouth ? 

Renaud : C’est l’ancien phare de Beyrouth, entouré par la modernité, qui a été l’image source du film. Et puis petit à petit, d’autres images nous sont apparues jusqu’à former un conte qui parle de la mer, de l’histoire d’une ville. On fonctionne toujours comme ça au niveau de l’écriture, on suit le fil des apparitions, des sons, qui nous viennent comme des certitudes pour raconter une histoire plutôt que d’inventer des images à placer dans une histoire que l’on aurait préécrite. 

Liana : Ce n’est qu’après s’être posées toutes les questions qui gravitaient autour de la lumière éteinte de ce phare, qui est toujours occupé par un gardien dans la réalité, que sont arrivées les questions de la migration, des déplacements dans une ville blessée. Et puis alors qu’on avait pratiquement terminé le scénario, nous avons été confrontés à la crise économique, aux black-out, au départ massif de la moitié de la population, au sentiment d’être dépeuplé, tous ces événements circonstanciels sont venus donner une substance, un présent au tournage, même s’il on reste toujours fidèles à une volonté de cinéma plutôt qu’à vouloir défendre un propos. 

Ce Beyrouth dépeuplé donne parfois l’impression d’une grande théâtralité.
R : Il y a l’idée de l’artifice, le côté artisanal qui permet d’évoquer tout un hors champ avec peu d’objets mais je parlerais plutôt d’un appel au conte. On a rencontré des conteurs pour comprendre comment emporter le spectateur avec de simples mots, comment arriver à lui évoquer des images très fortes en partant de la langue, c’était intéressant de voir ce qu’il se passe au cinéma quand les mots créent des images. 

L : Il y a aussi l’analogie du phare qui éclaire le film comme un projecteur. Là encore, on a dû composer avec la crise économique et les black-out qui ont plongé les rues de Beyrouth dans un noir très très opaque. L’équipe technique et l’équipe des électro devaient éclairer les rues et la corniche, c’est peut-être ces allers-retours des lumières artificielles qu’on allume et qu’on éteint qui peuvent faire penser au théâtre. 

R : Quant à Hanane Hajj Ali et Roger Assaf, qui incarnent la vendeuse de loto et le gardien de phare, ce sont deux piliers de la scène de théâtre au Liban, mais c’est un peu le hasard. 

Qu’en est-il des deux autres acteurs principaux ?
R : Les deux rencontres ont été très différentes. En ce qui concerne Mohamed, on cherchait un musicien, d’abord un flûtiste, quelque chose de boisé. Lui joue du mejwiz, qui produit un son beaucoup plus électrique qui ressemble à un cri, à un bouillonnement intérieur, on a tout de suite su que nous devions tourner avec lui.

L : Mays a rejoint l’équipe à 5 jours du tournage. Sur la petite centaine de personnes qu’on a rencontrées, elle était tellement disponible, prête à l’aventure. Elle est aussi chanteuse, musicienne et clarinettiste. Elle vit dans un camp à la Bekaa et elle brise tous les stéréotypes que l’on pourrait avoir sur les jeunes filles qui habitent dans les camps. Son père était d’une générosité absolue, très ouvert à tout ce qui pourrait se passer, il nous a accordé une confiance totale, il nous a dit « maintenant, c’est votre fille, à vous de sortir le meilleur d’elle. »

Entretien de Lucas Aubry, Sofilm