Pierre et Manon sont pauvres. Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, et elle devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux.
Un jour Elisabeth, la jeune maîtresse de Pierre, découvre que Manon, la femme de Pierre, a un amant. Et elle le dit à Pierre… Pierre se retourne vers Manon parce que c’est elle qu’il aimait. Et comme il se sent trahi, il implore Manon et délaisse Elisabeth. Manon, elle, rompt tout de suite avec son amant. On peut supposer que c’est parce qu’elle aime Pierre.
Ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, Cannes 2015
Avec : Manon Clotilde Courau • Pierre Stanislas Merhar • Elisabeth Lena Paugam • Lisa Vimala Pons • La mère de Manon Antoinette Moya • Henri Jean Pommier • La femme d’Henri Thérèse Quentin • L’amant de Manon Mounir Margoum • Voix-off Louis Garrel
Réalisation Philippe Garrel • Scénario Jean-Claude Carrière, Caroline Deruas, Arlette Langmann, Philippe Garrel • Musique originale Jean-Louis Aubert • Produit par Saïd Ben Saïd et Michel Merkt – SBS Productions • Coproduit par Joëlle Bertossa • Directeur de la photographie Renato Berta • Montage François Gédigier • Son François Musy • Décors Manu de Chauvigny • Costumes Justine Pearce • Directeur de production Didier Abot • 1er assistant réalisateur Guillaume Bonnier • Avec la participation de Arte France Cinéma, du Centre National du Cinéma et de l’image animé, de Cinéforom • Avec le soutien de la Loterie Romande, de la Procirep, et de l’Office Fédéral de la Culture • En association avec Soficinéma 10, et Cinémage 7 développement • Une coproduction du Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains
Philippe Garrel
Fils
(de Maurice Garrel) et père (de Louis Garrel), Philippe Garrel a choisi
de s’illustrer derrière la caméra. Se situant dans la lignée de la
Nouvelle Vague, son oeuvre doit beaucoup à Jean-Luc Godard et à l’esprit
anar’ de Mai 68. Il participera notamment au film à sketches hommage à
Eric Rohmer et les autres, Paris vu par… vingt ans après. Mais le réalisateur possède son univers propre, en germe dès son premier long métrage, Marie pour mémoire,
film sur le mal de vivre adolescent, peuplé de visages de femmes
sublimés par le noir et blanc. Tournant à l’instinct, Philippe Garrel
privilégie toujours la première prise. La trilogie La Cicatrice intérieure, Athanor, Le Berceau de cristal,
doit beaucoup à sa relation avec Nico, l’égérie du Velvet Underground.
Le réalisateur décrit des corps errants, évanescents, laissant peu de
place aux dialogues.
A partir de 1989 (Les Baisers de secours), sa collaboration
avec l’écrivain Marc Chodelenko marque le retour à la narration.
Introspection sur la douleur de la perte, celle de Nico, il obtient
l’Ours de Berlin pour J’entends plus la guitare (1991). L’amour compliqué et l’errance nocturne sont encore dans La naissance de l’amour et dans Sauvage innocence
l’amour est un art qui veut, « comme l’incendie, naître de ce qu’il
brûle ». Après quatre ans d’absence, il fait un retour remarqué avec Les Amants réguliers, film-fleuve sur sa jeunesse disparue, sur fond de révolte étudiante. En 2008, La frontière de l’aube, est sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes. En 2015, L’ombre des femmes est présenté en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes
Filmographie
2017 L’AMANT D’UN JOUR
Prix SACD – Quinzaine des réalisateurs 2017
2014 L’OMBRE DES FEMMES
2013 LA JALOUSIE
En Compétition, Venise 2013
2011 UN ÉTÉ BRÛLANT
En Compétition, Venise 2011
2005 LA FRONTIÈRE DE L’AUBE
Sélection Officielle, Cannes 2008
2004 LES AMANTS RÉGULIERS
Lion d’Argent, Venise 2005 ; Prix Louis Delluc 2005 ; Prix FRIPESCI K Découverte européenne, 2006
2001 SAUVAGE INNOCENCE
Prix de la critique internationale, Venise 2001
1998 LE VENT DE LA NUIT
1995 LE CŒUR FANTÔME
1993 LA NAISSANCE DE L’AMOUR
1990 J’ENTENDS PLUS LA GUITARE
Lion d’Argent, Venise 1991
1988 LES BAISERS DE SECOURS
1984 ELLE A PASSÉ TANT D’HEURES SOUS LES SUNLIGHTS
1984 RUE FONTAINE (cm)
1983 LIBERTÉ, LA NUIT
Prix Perspective du Cinéma, Cannes 1984
1979 L’ENFANT SECRET
Prix Jean Vigo, 1982
1977 LE BLEU DES ORIGINES (cm)
1976 LE VOYAGE AU PAYS DES MORTS
1975 LE BERCEAU DE CRISTAL
1975 UN ANGE PASSE
1974 LES HAUTES SOLITUDES
1972 ATHANOR (cm)
1970 LA CICATRICE INTÉRIEURE
1969 LE LIT DE LA VIERGE
1968 LA CONCENTRATION
1968 LE RÉVÉLATEUR
1967 MARIE POUR MÉMOIRE
Grand Prix, Festival du Jeune Cinéma, Hyères 1968
1965 DROIT DE VISITE (cm)
1964 LES ENFANTS DÉSACCORDÉS (cm)
NOTE D’INTENTION
Une femme a disparu. On célèbre l’amour qu’on a eu pour elle. On
reste à magnifier le monde et comment étaient doux ces sentiments qui
vous liaient. Et comment tout ça défait, on demande à l’art
l’apaisement, et on tente de laisser pour d’autres à travers lui, la
preuve que l’amour existe, et puis qu’il vous a quitté, puisqu’on l’a
connu, voilà de quoi est fait mon film.
Philippe Garrel
ENTRETIEN AVEC PHILIPPE GARREL PAR JEAN-MICHEL FRODON
L’Ombre des femmes est-il un film plus scénarisé que vos précédentes réalisations ?
Oui. Après une époque, désormais lointaine, celle de mes films
improvisés, j’ai trouvé bien d’avoir des scénarios mais surtout pour des
raisons d’organisation et de recherche de financement. Là, c’est la
première fois où j’étais content d’avoir un scénario, et où à mes yeux
il égalait, en termes d’efficacité, l’époque de l’improvisation. Ce
n’était plus utilitaire du point de vue économique, ou un pis-aller
nécessaire, mais un réel apport au film. Cela avait déjà été un peu été
le cas pour Liberté la nuit, mais cette fois j’ai atteint quelque chose
de nouveau, en tout cas pour moi. La mise en place d’un suspense
psychologique trouve de nouvelles ressources grâce à l’écriture.
Cette écriture est-elle différente de celle de vos précédents scénarios ?
Oui, certainement du fait de l’arrivée de Jean-Claude Carrière. Il
amène une conception du scénario fondée sur le récit, que je n’avais pas
avant. J’ai rencontré Carrière à cause de ce qu’il avait fait sur Sauve qui peut la vie
et je lui ai demandé ce que Godard lui avait fourni à l’époque, et
comment il avait travaillé. Il m’a dit que Godard lui avait donné
l’endroit et les personnages, cette démarche me convenait très bien, on a
procédé de la même manière. Avec Arlette Langmann et Caroline Deruas,
déjà coscénaristes de La Jalousie, nous avons établi un sujet, et
ensuite on l’a confié à Carrière qui a proposé les premiers
développements. Ensuite on retravaille beaucoup ensemble, chacun de nous
quatre apporte des éléments.
Comment définiriez-vous le sujet ?
Le sujet c’est : la libido féminine est aussi puissante que la libido masculine. Pour moi L’Ombre des femmes
est un film sur l’égalité de l’homme et de la femme, telle que peut la
prendre en charge le cinéma. Ce qui signifie qu’il fallait énormément
soutenir le personnage féminin, et aller contre l’homme : le cinéma a
été conçu par des hommes et ce sont quand même toujours eux qui
orientent nos représentations, nos manières de voir et de raconter même
si heureusement il y a de plus en plus de femmes qui font des films. La
plupart du temps, quand des femmes s’expriment à l’écran elles disent
des mots écrits par des hommes, ce que j’ai essayé de résoudre en
travaillant à quatre, deux femmes et deux hommes. Mais je crois que le
cinéma fonctionne de telle manière que si on met le personnage masculin
et le personnage féminin à égalité, le cinéma tend à renforcer la
position de l’homme. Pour contrebalancer ça j’ai voulu que le film soit
en défense de la femme et à charge contre l’homme. Et du coup à la fin
Pierre ne s’en sort pas mal, Manon et lui sont en effet dans un rapport
de force égal. Le film est sans doute quand même fait du point de vue
d’un homme, mais d’un homme qui va voir ce qui se passe du point de vue
des femmes.
Le scenario joue un role central lors du tournage ?
Pas central : pour moi, le cinéma c’est toujours fondamentalement ce
qui se passe au tournage, c’est là que tout se joue vraiment. Mais le
scénario joue un rôle important, surtout du fait des conditions dans
lesquelles sont faits ces films, c’est-à-dire très vite et pour très peu
d’argent. Un travail très poussé et très précis sur le scénario permet
ensuite d’être rapide, de ne pas perdre de temps ni d’argent. Tourner en
21 jours, à Paris ou tout près, dans l’ordre des scènes, comme le sont La Jalousie et L’Ombre des femmes
nécessite que le scénario soit solide. Il prévoit d’ailleurs aussi le
montage : pour travailler dans ces conditions, il ne faut presque rien
jeter, tout ce qu’on tourne est nécessaire, et figure dans le film. Le
montage proprement dit, ce sont des ajustements à partir de ce qui a été
anticipé à l’écriture et fabriqué au tournage d’une manière très proche
du résultat final. Mais le scénario ne peut pas, et ne doit pas tout
prévoir : il y a des choses qui ne peuvent s’écrire qu’avec la caméra –
peut-être les plus importantes. Les vrais risques, c’est sur le tournage
qu’on les prend.
Ce sont des conditions matérielles que vous subissez, ou qui vous conviennent voire vous stimulent ?
Elles me conviennent, elles sont la contrepartie d’une totale liberté.
Dès lors que je travaille dans ce cadre économique on me laisse faire
tout ce que je veux. Si je trouve une méthode de travail adaptée, ce qui
est le cas, je fais exactement le film que je désire. Les films chers
ne peuvent pas se faire sans un contrôle des financiers. Je trouve que
nous vivons une époque où il faut prendre en considération ces
questions, de toute façon l’économie m’a toujours intéressé. Dès 2011,
lorsque la crise de la dette européenne a pris des proportions
importantes, j’ai compris qu’on était entrés dans une époque où il
fallait réfléchir différemment, y compris à mon échelle. Depuis, les
films sont tournés en moitié moins de temps, et avec des budgets divisés
par 2 par rapport à ce que je faisais avant, qui n’avait déjà rien de
dispendieux comparé à la plupart des autres. Il faut inventer d’autres
prototypes. Et j’ai vu que j’y gagnais de la liberté. Mais sur mes
films, tout le monde est payé au tarif syndical, j’y tiens absolument.
On sait que je n’ai pas un grand public, à peu près le même depuis des
décennies, l’économie de mes films est en proportion, donc c’est sain.
Vous aimez l’austérité ? Vous y trouvez une énergie ?
Je ne le vis pas comme une austérité, mais comme la définition de ce à
quoi je tiens le plus. Je tourne avec les acteurs que je veux, les
partenaires techniques que je veux, en répétant beaucoup, je filme et je
monte en 35mm, en scope, en noir et blanc. Pour moi ce sont autant de
luxes, mais qui sont possibles parce qu’ils trouvent place à l’intérieur
du cadre défini très clairement avec le producteur, Saïd Ben Saïd, et
que nous respectons tous les deux. Je n’échangerais pour rien au monde
ma situation contre celle dans laquelle je vois d’autres réalisateurs
qui font des films beaucoup plus chers, à travers des crises terribles.
Je tiens à ce que l’art m’aide à vivre, il n’est pas question de
sacrifier ma vie pour le cinéma. Lorsque j’enseignais au Conservatoire,
j’étais effrayé par les élèves qui se disaient prêts à mourir pour
l’art, moi je préfère ceux qui sont prêts à vivre pour l’art.
Vous
retrouvez Saïd Ben Saïd comme producteur, il participle de votre vision
du cinema bien que son nom soit associé surtout à des films très
différents ?
Je l’ai rencontré il y a 6 ans, à l’anniversaire de Jean Douchet. Je ne
savais pas qui il était mais il produisait Barbet Schroeder ce qui
était déjà en sa faveur. Il m’a parlé avec une justesse et une précision
qui m’ont sidéré de la bande son de Elle a passé tant d’heures sous les sunlights,
je me suis dit : ça c’est un producteur attentif. Peu après, m’étant
trouvé sans producteur, je lui ai demandé s’il voudrait produire un film
que je ferai, il m’a dit oui, tout de suite. J’ai écrit très vite La Jalousie,
tourné avec un très petit budget, et aussitôt après il m’a proposé de
recommencer, exactement dans les mêmes conditions. Ça me convenait très
bien. Au sein de sa société de production, je suis le plus petit, ils
travaillent sur des gros budgets, du coup tout le monde me laisse une
paix royale. En outre, contrairement à la plupart des producteurs, Saïd
se soucie de ce qui se passe dans le monde entier et pas uniquement des
résultats en France, or il se trouve que j’ai un public un peu partout
dans le monde, il sait bien s’occuper de cette dimension, et moi j’aime
cette idée que mes films circulent.
Lorsque vous écrivez le scénario, les personnages ont un visage ?
Non, ce sont des personnages. Lorsque le scénario est terminé, je
choisis un acteur, ensuite j’en cherche un deuxième, en fonction du
premier, et ainsi de suite. Dans ce cas, j’ai choisi Stanislas Merhar,
avec qui j’avais envie de tourner depuis longtemps, que je trouve
magnétique. Je l’ai toujours beaucoup apprécié, surtout dans les films
de Chantal Akerman. Ensuite j’ai pensé à Clotilde Courau, je l’avais
repérée il y a très longtemps, après l’avoir vue par hasard dans un
téléfilm, immédiatement j’avais senti sa force. C’est une virtuose, je
l’ai su d’emblée. Mais ensuite c’est en faisant l’essai, en les voyant
ensemble lors des essais que j’ai su que c’était la bonne réponse pour
ce film-là.
Et pour le rôle d’Elisabeth ?
Je fais des essais, des lectures avec Stanislas Merhar et plusieurs
jeunes comédiennes, dont Lena Paugam, qui vient du Conservatoire. Je n’y
enseigne plus mais je continue de suivre chaque année les nouvelles
promotions, il y a beaucoup de découvertes à y faire. J’ai vu une
relation possible et qui me plaisait entre ces deux acteurs, après il
faut beaucoup travailler avec chacun. Je ne crois pas à la possibilité
de faire faire aux acteurs autre chose que ce qu’ils sont, il faut
s’appuyer sur leur propre rapport au personnage et aux situations, ce
qu’ils mettent euxDmêmes en place, et bâtir à partir de cela. Il faut
intervenir sans tout casser, c’est un processus long et complexe, mais
passionnant aussi.
Vous tournez pour la première fois avec le chef opérateur Renato Berta. Lui avez-vous demandé quelque chose de particulier ?
Lui aussi je l’avais surtout remarqué sur Sauve qui peut la vie,
même s’il appartient à la même mouvance des grands chefs opérateurs
liés à la Nouvelle Vague avec lesquels j’ai déjà travaillé, il fait une
image assez différente de Raoul Coutard, de Willy Kurant, de
Lubtchansky. Berta est remarquable en particulier pour les éclairages,
et je voulais travailler dans cette direction. J’ai particulièrement
aimé ses images assez denses, anthracites, qui me rappelaient les images
des films de Pabst, de cette époque, je lui ai demandé d’aller plus
loin dans ce sens. Et puis c’est un technicien chevronné, il ne commet
pas d’erreurs. Lorsqu’on ne fait qu’une seule prise comme moi, c’est
très rassurant d’avoir quelqu’un d’aussi expérimenté.
Comment s’est mise en place la voix off ?
Elle est là depuis le début, elle fait partie du projet. Je ne crois pas à la possibilité d’ajouter une voix off à la fin, il faut une nécessité organique. J’aime beaucoup les films avec voix off,
cela n’existe qu’au cinéma, des mots qui se glissent au milieu de
choses qu’on voit, qu’ils peuvent parfois commenter ou contredire. Cette
utilisation de la voix off vient clairement de la Nouvelle Vague, de
Truffaut beaucoup, de Godard aussi. Mais il y a plein de possibilités
différentes pour l’employer, elle permet d’indiquer des nuances qu’il
serait impossible de faire passer par les dialogues ou le jeu.
La mise en scène aussi permet de suggérer bien des choses qui ne sont pas dites.
Evidemment. Il me semble qu’il y a plusieurs types de réalisateurs,
dont ceux qui auraient pu aussi bien être peintres, qui l’ont d’ailleurs
souvent été. Je me sens de cette famille-là. Cela signifie une
attention particulière aux matières, aux motifs visuels, à des éléments
plastiques qui ont un sens mais pas d’une manière explicite. Par exemple
dans L’Ombre des femmes il y a une scène où Manon rentre chez
elle après avoir été avec son amant, pendant que Pierre, qui était lui
aussi avec sa maîtresse, l’attend dans l’appartement. J’ai mis un drap
blanc dans l’escalier, ce n’est pas un accessoire au sens utilitaire, et
presque personne n’y prêtera attention, mais pour moi c’est
exemplairement une trace visuelle de là dont l’un et l’autre sortent, le
lit, c’est un signe qui a une puissance de suggestion dans un coin du
tableau.
La scène d’ouverture, qui n’a pas de suite dans l’histoire, occupe une fonction comparable ?
Exactement, elle participe à l’établissement d’une forme de tension.
J’utilise aussi des images venues de mes rêves. Je cherche une forme
d’onirisme mais qui reste attachée à la réalité. Notamment bien sûr «
l’inquiétante étrangeté » du désir féminin dont parle la psychanalyse.
Qu’avez-vous demandé à Jean-Louis Aubert, avec qui vous travaillez pour la deuxième fois, pour la musique ?
Je lui ai demandé d’écrire, pour quelques moments très précis du film,
des chansons sans parole. Avec une musique simple, comme les chansons,
et puis les paroles, c’est le film lui-même, les images autant que les
mots. Jean-Louis et moi on s’entend très bien, nous appartenons au même
univers, sans doute en grande partie pour des raisons de génération.
Votre
cinéma est d’une telle cohérence qu’on est forcément tentés de comparer
les films entre eux, pour mettre en évidence ce qui a changé. Pour
vous, y a-t-il une continuité ente La Jalousie et L’Ombre des femmes ?
Ce qui m’intéresse c’est ce que je peux comprendre de l’inconscient. La Jalousie était lié à la mort de mon père, L’Ombre des femmes est lié à la mort de ma mère. Pour moi, chacun de ces films est profondément marqué par cet événement personnel.