Moronvia, Indiana de Frederick Wiseman
Film soutenu

Monrovia, Indiana

Frederick Wiseman

Distribution : Météore Films

Date de sortie : 24/04/2019

2018 / ÉTATS-UNIS / 2h23 / DCP

Monrovia, petite ville agricole du Midwest américain compte 1400 habitants, dont 76% ont voté pour Trump aux dernières élections présidentielles. Des salles de classe aux réunions municipales, du funérarium aux foires agricoles locales, Frederick Wiseman nous livre une vision complexe et nuancée du quotidien de cette communauté rurale, portrait d’une Amérique souvent oubliée et rarement montrée.

Mostra de Venise 2019 – Sélection Officielle
Toronto International Film Festival 2018
New York Film Festival 2018

Réalisation, Production, Montage, Son Frederick Wiseman • Image John Davey • Assistant Image James Bishop • Montage Son  Valérie Pico • Montage Son  Assistantmontage Christina Hunt • Productrice Karen Konicek • Mixage Emmanuel Croset • Etalonnage Gilles Granier • Sous-Titrage Marie-Pierre Duhamel Muller • Avec Le Soutien Du Utah Film Center • Affiche Casey Moore • Productrice Executive Pour Itvs Sally Jo Fifer Distribution Zipporah Films, Inc Ventes Internationales Doc & Films International • Distribution France Météore Films • Produit Par Civic Film, Llc • En Association Avec Public Broadcasting Service, Independent Television Service, Atacama Productions • Et Rendu Possible Par La Corporation For Public Broadcasting A Zipporah Films Release

Frederick Wiseman

Frederick Wiseman est un cinéaste américain né le 1er janvier 1930 à Boston, Massachusetts. Documentariste, il s’est principalement appliqué à dresser un portrait des grandes institutions nord américaines.
Après avoir fait des études de droit à l’université de Yale, il commence à enseigner sa discipline sans grande conviction. En 1964, sa vie prend un virage suite à sa décision de produire la réalisatrice Shirley Clarke, qui a décidé de réaliser The Cool World adapté d’un roman de Warren Miller. Cette expérience ayant été révélatrice pour lui, il décide de consacrer sa vie à réaliser, produire et monter ses propres films. Trois ans après sort dans les salles son premier documentaire : Titicut Folies qui jette un regard d’une acuité terrible sur un hôpital pour aliénés criminels.
Dès son premier documentaire, il se démarque clairement de ses contemporains. Ses films, que l’on peut rapprocher de l’essai littéraire, ne comportent aucune interview, aucune musique, aucun commentaire, ni ordre chronologique. Ils présentent des segments thématiques qui se répondent et se lient  par contraste et comparaison. Wiseman fournit une vision brute et laisse au spectateur le soin de se créer son propre avis. Il choisit pour tous ses tournages de prendre lui-même le son et dirige son cameraman en communiquant par des signes convenus.
Après son premier film Titicut Folies, il réalise et produit, au rythme de un par an,  une série de documentaires aux titres évocateurs dans lesquels il poursuit son étude des règles du “vivre ensemble“ tel qu’il est agi dans les grandes institutions dont s’est dotée la société américaine : High School (Collège) et Law and Order (Le commissariat de police) en 1969, Hospital en 1970, Juvenile Court (Tribunal pour mineurs) en 1973, et Welfare (Aide sociale) en 1975. Durant cette période, il réalise deux documentaires sur les rapports avec le monde animal : Primate en 1974 et Meat en 1976, respectivement sur l’expérimentation scientifique animale et l’élevage de masse des bœufs destinés à l’abattoir et la consommation. Ces deux films, particulièrement impressionnants, mettent en relief l’interrogation qui traverse l’ensemble de son œuvre : le phénomène institutionnel et ses rapports complexes avec le théâtre de la vie.
Il se lance ensuite dans l’observation des modèles de la société de consommation avec Model en 1980 puis The Store en 1983. Comme dans chacun de ses précédents films, il prend le temps d’écouter et de regarder en privilégiant les longs plans séquences. Acuité de l’observation, humour féroce et compassion caractérisent ses plongées dans l’agence de mannequins et le grand magasin  Neiman Marcus, temples de la modernité occidentale. Il s’immisce en 1995, dans les coulisses du théâtre et réalise La Comédie-Française ou l’amour joué. Il aborde de nouveaux les thèmes sociaux avec Public housing (1997), analyse des logements sociaux dans un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999), véritable radiographie du quotidien d’une ville côtière de la Nouvelle Angleterre. Domestic violence  (2001-2003), filmé à Tampa, en Floride montre le travail du principal centre d’accueil offrant un abri aux femmes et enfants victimes de violences physiques. Dans State legislature (2006), ode à la démocratie représentative et au travail législatif, Wiseman suit les travaux des deux chambres du Parlement de l’Idaho. En 2002, il réalise une œuvre de fiction: La Dernière Lettre, poignant monologue résumant les derniers jours d’une mère juive dans un ghetto en Ukraine, qu’il avait mis en scène au théâtre en 1988. Passionné de théâtre, il met en scène plusieurs pièces jusqu’à « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett à La Comédie Française, en 2006.
Les films de Frederick Wiseman ont été sélectionnés et récompensés dans de très nombreux festivals à travers le monde, aux premiers rangs desquels Cannes, Venise et Berlin. L’ensemble de son œuvre a été récompensé à plusieurs reprises. Il est membre d’honneur de l’Académie Américaine des Arts et des Lettres.

Filmographie

1967 TITICUT FOLLIES
1968 HIGH SCHOOL
1969 LAW AND ORDER
HOSPITAL
1971 BASIC TRAINING 1972 ESSENE
1973 JUVENILE COURT
1974 PRIMATE
1975 WELFARE
1976 MEAT
1977 CANAL ZONE
1978 SINAI FIELD MISSION
1979 MANOEUVRE
1980 MODEL
1982 SERAPHITA’S DIARY
1983 THE STORE
1985 RACETRACK
1986 DEAF – BLIND – ADJUSTMENT & WORK MULTI-HANDICAPPED
1987 MISSILE
1989 NEAR DEATH – CENTRAL PARK 1991 ASPEN
1993 ZOO
1994 HIGH SCHOOL II
1995 BALLET
1996 LA COMÉDIE FRANÇAISE
1997 PUBLIC HOUSING
1999 BELFAST, MAINE
2001 DOMESTIC VIOLENCE
2002 DOMESTIC VIOLENCE 2 – LA DERNIÈRE LETTRE
2004 THE GARDEN
2006 STATE LEGISLATURE
2009 LA DANSE, LE BALLET DE L’OPERA DE PARIS
2010 BOXING GYM
2011 CRAZY HORSE
2013 AT BERKELEY
2014 NATIONAL GALLERY 2015 IN JACKSON HEIGHTS
2017 EX LIBRIS – THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY
2018 MONROVIA, INDIANA

NOTE DU RÉALISATEUR

J’ai pensé qu’un film sur une petite communauté du Midwest aurait toute sa place dans la série de documentaires que j’ai déjà réalisés sur le mode de vie américain contemporain. La ville de Monrovia, dans l’Indiana, m’a paru être un bon choix, pour sa taille (1 400 habitants), son emplacement (je n’ai jamais tourné dans le Midwest rural) et l’intérêt des habitants pour la religion et l’agriculture. On parle beaucoup de la vie dans les grandes villes de la côte Est et de la côte Ouest. Ce qui m’intéressait, c’était de découvrir la vie des petites villes américaines et de partager mon point de vue avec les spectateurs. J’ai fait part de mon idée de faire un film sur une petite ville du Midwest à une amie professeure de droit. Elle m’a dit qu’elle connaissait quelqu’un qui enseignait le droit à l’Université de l’Indiana, dont la famille vivait dans la même petite ville depuis six générations. Je devais justement faire une conférence à l’Université de l’Indiana. J’ai donc pris rendez-vous avec ce professeur de droit avant de quitter Boston. C’est lui qui m’a emmené à Monrovia ; il m’a présenté sa cousine, qui est la directrice des pompes funèbres de la ville. Nous nous sommes vus pour la première fois au cimetière. Elle a accepté de m’aider et c’est elle qui a organisé les rendez-vous avec le chef de la police, le président du conseil municipal, le directeur scolaire du secteur, les patrons de restaurants, et plus généralement avec tous ceux que je voulais rencontrer dans la ville. Elle a été mon intermédiaire et elle a bien voulu répondre à mes questions quand j’avais besoin d’aide. Durant les neuf semaines de tournage, les habitants de Monrovia ont été accueillants, aimables et serviables. Ils m’ont laissé voir tous les aspects de leur vie quotidienne. Une seule personne seulement n’a pas voulu être filmée. Ils étaient contents que je m’intéresse à eux et à leur façon de vivre. Ce qui m’a le plus surpris à Monrovia, c’est le manque de curiosité et d’intérêt qu’ils manifestent pour le monde extérieur à leur ville. Ils vont très rarement à Indianapolis, la plus grande ville de l’Indiana, qui n’est qu’à 30 minutes de là. Je n’ai entendu personne manifester d’intérêt pour ce qui se passe en Europe, en Asie, ou ailleurs dans le monde. Leur monde, c’est Monrovia et ce qui se passe autour. Personne ne parlait de politique, et personne ne m’a demandé ce que je pensais politiquement. Les gens parlent de leur famille, du travail, de religion, de maladies, de voitures, de matériel agricole et de leurs voisins. Lorsqu’ils sont confrontés à un problème, ils tirent des réponses, des analyses littérales de la Bible et de ses variantes fondamentalistes. Aucun scepticisme, pas de doutes…


FOCUS SUR MONROVIA

Monrovia est une ville américaine d’environ 1400 habitants à une trentaine de minutes de voiture d’Indianapolis.

MONROVIA (données de 2016)
Blancs-Américains : 96,3 % Afro-Américains : 1,4% Hispano-Américains : 1,2 % Asio-Américains : 0,6% Autre : 0,5 %

ÉTATS UNIS (données de 2010)
Blancs-Américains : 63,7%Afro-Américains : 12,6 % Hispano-Américains : 8,7% Asio-Américains : 4,8% Autres : 10,2 %

VOTE POUR DONALD TRUMP (2016)
Monrovia : 76% Indiana : 57,2 % États Unis : 47,5%REVENU ANNUEL MÉDIAN PAR MÉNAGE(2016)Monrovia : 67 484 $Indiana : 52 314 $Etats Unis : 60 309 $

PARMI LES HABITANTS DE MONROVIA SE DÉCLARANT CROYANTS ( 2016)
Évangélistes protestants : 63,4% Protestants : 21,9% Catholiques : 12,2% Autres : 2,5%