longs métrages : LE JOLI MAI, LE FOND DE L’AIR EST ROUGE, SANS SOLEIL, LEVEL FIVE, LETTRE DE SIBÉRIE, JUNKOPIA, VIVE LA BALEINE
courts métrages : DIMANCHE À PÉKIN, LA JETÉE
EN PARTENARIAT AVEC L’ADRC
Chris Marker
Souvent
qualifié de « cinéaste inclassable », l’auteur commence à se faire
connaître par des films de voyage comme Les Statues meurent aussi,
documentaire consacré à l’art nègre et pamphlet anticolonial coréalisé
avec Alain Resnais et partiellement interdit par la censure jusqu’en
1963, mais aussi Dimanche à Pékin (1956) et Lettre de Sibérie (1957). Ce
dernier film amène le critique André Bazin à parler de la naissance
d’une forme nouvelle : « l’essai documenté » en insistant sur les liens
établis par Marker entre le son et l’image à l’origine d’un nouveau
montage non plus vertical dans le déroulement de la pellicule mais
horizontal, de la bande son à la bande image. Suivront Description d’un
combat (1960) consacré à la naissance de l’Etat d’Israël et Cuba si
(1962) qui célèbre le deuxième anniversaire de la Révolution cubaine.
(…)
C’est avec Loin du Vietnam que naît la société de production Slon qui
deviendra Iskra en 1974. Pendant 10 ans, le cinéaste se consacre à une
activité militante dont Le Fond de l’air est rouge (1977) sera le
résumé. Film polyphonique sur l’amitié et l’engagement, ce long métrage
sera complété par des portraits d’amis proches comme Simone Signoret
avec Mémoire pour Simone (1986), Alexandre Medvedkine avec Le Tombeau
d’Alexandre (1993) ou Andrei Tarkovski à travers Une Journée d’Andreï
Arsenevitch (2000).
Sans soleil (1982) permet à Marker de renouer avec les films de voyage à
travers une réflexion sur la mémoire et les nouvelles images que l’on
retrouvera dans Level 5 (1996) mais aussi sur le CD-Rom Immemory (1998).
Le cinéaste poursuivra cette réflexion sur « Second Life » avec
l’exposition virtuelle L’Ouvroir inaugurée en 2008.
Son dernier film, Chats perchés (2004) est un codicille à l’ensemble de
son œuvre retrouvant ses grands thèmes sous l’égide du chat, son animal
fétiche. Le film est traversé par la figure du cercle qui résume la
manière dont l’œuvre est construite comme la vie de Marker faite de
hasard et de nécessité.”
Bamchade Pourvali
LE JOLI MAI
Le Joli Mai brosse un portrait de Paris et des
Parisiens après la signature des Accords d’Evian qui mettent fin à huit
ans de guerre en Algérie. Pour saisir ce « premier printemps du temps de
paix », le film utilise la technique du « cinéma direct » :
caméra légère et son synchrone, inaugurée deux ans plus tôt par Jean
Rouch et Edgar Morin avec Chronique d’un Eté (1960) qui avait lancé la polémique du « cinéma-vérité ». Utilisant les mêmes moyens, Le Joli Mai ne renonce
pas à sa subjectivité. Ainsi le titre renvoie à Apollinaire. De la même
manière, la première partie : Prière sur la Tour Eiffel est un hommage à
Jean Giraudoux et la seconde : Le Retour de Fantomas à
Louis Feuillade. Si le film repose essentiellement sur des entretiens,
la caméra de Pierre Lhomme se montre attentive au moindre détail. Si
bien qu’il est possible de parler d’un « ciné-ma vérité » selon
l’expression Roger Tailleur.
France – 1962 – 2h16- N&B – VISA 26 489 – Restauration
effectuée avec le soutien du CNC et de l’image animée et des Archives
françaises du film, supervisée par Pierre Lhomme – Réalisation : Chris
Marker et Pierre Lhomme – Récitant : Yves Montand – Librettiste :
Catherine Varlin – Musique : Michel Legrand – Son : Antoine
Bonfanti,- René Levert – Image : Etienne Becker, Denys Clerval, Pierre
Villemain – Production : La Sofra – Distribution : Potemkine Films, La Sofra
LE FOND DE L’AIR EST ROUGE
Divisé en deux parties, « les mains fragiles » et « les mains coupées », Le Fond de l’air est rouge retrace dix ans de militantisme de 1967 à 1977. Sous-titré Scènes de la Troisième Guerre mondiale, le
film met en perspective différents événements de la guerre du Vietnam à
la mort du Che en 1967, de Mai 68 au Printemps de Prague, jusqu’au coup
d’Etat militaire au Chili en 1973. À travers ce montage,
c’est l’histoire d’un siècle que raconte Marker comme le montre la
séquence d’ouverture où les images du Cuirassé Potemkine (1925)
d’Eisenstein sont mises en relation avec les manifestations des années
1960- 70. Le film mêle des témoignages personnels à des faits collectifs
à travers les voix d’Yves Montand, de Simone Signoret ou de Jorge
Semprun. Le Fond de l’air est rouge a été complété par un épilogue en 1993 et fait l’objet de plusieurs montages jusqu’en 2008.
«
Les véritables auteurs de ce film sont les innombrables cameramen,
preneurs de son, témoins et militants dont le travail s’oppose sans
cesse à celui des pouvoirs, qui nous voudraient sans mémoire. »
France – 1977 – N&B – Couleur – VISA 47787 – Version
inédite restaurée de 3h – Réalisation : Chris Marker – Musique : Luciano
Berio – Son : Chris Marker – Montage : Chris Marker – Avec les voix de
: Simone Signoret, François Perier, Yves Montand, Jorge
Semprun, François Maspero, Davos Hanich, Sandra Scarnati, Laurence
Guvillier, Régis Debray, Chris Marker – Production : Iskra, Dovidis, INA
– Distribution : Iskra
SANS SOLEIL
A travers les lettres d’un homme à la caméra qui parcourt le monde,
Sans soleil s’interroge sur la mémoire et les nouvelles technologies. Du
Japon à la Guinée-Bissau, de l’Ile-de-France à San Francisco, le film
dresse une « liste de choses qui font battre le coeur ». L’auteur oppose
le temps africain au temps asiatique. « L’éloignement des pays répare
en quelque sorte la trop grande proximité des temps », peut-on lire en
introduction à travers une citation reprise à Racine. L’auteur cherche à
placer dans une continuité une image de « bonheur » : celle de trois
enfants sur une route en Islande en 1965. Il se souvient d’avoir eu
l’idée cette année-là d’un film de science-fiction intitulé Sans soleil
qui s’intéressait à l’« homme de l’an 4001 » qui aurait perdu non pas la
mémoire mais l’oubli. S’il a renoncé à ce projet, le film que nous
voyons (et qui s’appelle aussi Sans soleil) en porte la trace.
France – 1982 – 1h44 – Couleur et N&B – Visa 53055 – Version
restaurée avec le soutien du CNC – Scénario et Réalisation : Chris
Marker – Bande électro-acoustique : Michel Krasna (Thème de Sans
soleil Modeste Moussorgski) – Voix : Florence Delay – Chant : Arielle
Dombasle – Montage : Chris Marker – Production : Argos Films – Distribution : Tamasa
LEVEL FIVE
Une jeune femme, Laura, cherche à terminer un jeu de stratégie laissé
en suspens par l’homme qu’elle aimait sur la bataille d’Okinawa qui
d’avril à juin 1945 constitua le dernier épisode de la guerre du
Pacifique avant le recours à la bombe atomique à Hiroshima. La jeune
femme s’adresse à l’homme disparu par caméra interposée. C’est son
journal de bord qui nous est montré. Pour l’assister dans sa
recherche, elle fait appel à « Chris, l’as du montage » qui refait le
voyage du couple à Okinawa. Pendant ce temps, Laura se rend sur OWL, «
le réseau des réseaux » à la recherche de nouvelles informations et fait
la connaissance de correspondants cachés derrière des masques. «
Semi-documentaire» d’après les termes de Marker, Level Five met en scène
l’actrice Catherine Belkhodja et utilise un nombre important d’images
n,virtuelles définissant les bases d’un nouveau cinéma.
«
J’ai fait plusieurs autres voyages dans l’île d’Okinawa depuis Sans
soleil (fascination personnelle), j’y suis retourné seul avec ma caméra
vidéo à plusieurs reprises, toujours dans la perspective de Level Five. »
Chris Marker
France – 1997 – 1h46 Couleur – Version restaurée avec le soutien du CNC
– Réalisation : Chris Marker Avec Catherine Belkhodja – Avec la
participation de Kenji Tokitsu, Nagisa Oshima, Ju’nishi, Ushiyama,
Shigeaki Kinjo – Images additionnelles : Gérard De Batista, Yves Angelo
– Bande sonore et clavier : Michel Krasna – Production : Argos Films
– Les Films de l’Astrophore – Distribution : Tamasa
LETTRE DE SIBÉRIE
« Je vous écris d’un pays lointain » dit la voix off du film. Grâce à
la forme de la lettre, Chris Marker déploie tout un univers personnel
pour évoquer cette région reculée de l’URSS. Des actualités
imaginaires en noir et blanc à la publicité, en passant par les private
jokes, le dessin animé, la chanson ou la leçon de montage, il fait
preuve d’une invention permanente qui rejette le discours idéologique
autant qu’une objectivité trompeuse qui limiterait l’élan et la
diversité qui ont sa préférence.
« Tout en vous écrivant,
je suis des yeux la frange d’un petit bois de bouleaux, et je
me souviens que le nom de cet arbre, en russe, est un mot d’amour
: Biriosinka ». Chris Marker
France – 1958 – 1h01 – Couleur – VOSTF – Visa 20911 Version restaurée avec le soutien du CNC – Réalisation : Chris Marker – Musique : Pierre Barbaud – Direction d’orchestre : Georges Delerue – Récitant : Georges Rouquier – Directeur de la photographie : Sacha Vierny – Producteur délégué : Anatole Dauman – Production : Argos Films – Distribution : Tamasa
JUNKOPIA
Sur la côte californienne près de la Baie de San Francisco, le cinéaste filme des sculptures réalisées à partir de « déchets » par des artistes anonymes. Hommage à un art bricolé, Junkopia apparaît comme une cité abandonnée des hommes tandis qu’au loin se fait entendre la rumeur de la ville avec sa circulation et ses fréquences radio.
France – 1981 – 6’ – Couleur – Visa 54826 – Version restaurée avec le soutien du CNC ,- Réalisation : Chris Marker, Frank Simeone et John Chapman – Effets spéciaux : Manuela Adelman, Tom Luddy, Sara Ström – Voix : Arielle Dombasle – Production : Argos Films – Distribution : Tamasa