Anna, enquêtrice dans l’armée israélienne, est une jeune femme idéaliste. Quand elle confronte un officier supérieur à des accusations de violence gratuite à l’encontre d’un Pales- tinien, sa propre intégrité et sa détermination sont mises à l’épreuve. Malgré la complexité politique de l’affaire et les mises en garde de ses collègues, elle prend clairement position contre ce qui ressemble à un abus de pouvoir. Mais sa quête de justice de plus en plus acharnée aura de lourdes conséquences pour toutes les personnes impliquées.Synopsis
Tribecca film festival, 2012
International film festival Rotterdam2012
Selection officielle ACID, Cannes 2012
Avec : Asia Naifeld, Guy Kapul, Ohad Hall, Udi Persi, Rafi Kalmar, Hilly Israel
Réalisation et scénario : Sharon Bar-Ziv • Image : Edan Sasson • Montage : Shira Arad • Production : Sharon Bar-Zivi, Michal Rubin, Bibi Arbel Rekhess
Sharon Bar-Ziv
Né à Tel-Aviv, Sharon Bar-Ziv est scénariste, producteur et réalisateur. Il fait des études de cinéma à l’Université de Tel-Aviv. Dans les années 90, il est acteur dans des films et séries télévisées et travaillera ensuite comme scénariste et rédacteur. ”Room 514” est son premier long métrage qu’il a lui-même écrit et réalisé. Le film a été produit avec l’aide du Israel Film Fund.
NOTE D’INTENTION DU RÉALISATEUR
Room 514 – la salle d’interrogatoire – représente le microcosme de la
société israélienne contemporaine. Un drame qui porte un regard cru,
sans concession, sur la psychologie d’une
génération de jeunes Israéliens façonnés par les effets d’un interminable conflit.
Le film, inspiré de faits réels, représente en huis-clos la dualité des
valeurs fondamentales et des convictions du citoyen israélien.Le
personnage principal du film, Anna, est une jeune enquêtrice d’origine
russe qui évolue dans un univers militaire typiquement masculin, et qui,
au fur et à mesure de son enquête, vivra une expérience
aussi fascinante que perturbante.Le langage cinématographique de «Room
514» est caractérisé par de longs plans séquences renforçant le côté
réaliste et minimaliste du film. Ainsi, le spectateur plonge dans
l’intimité desofficiers qui entourent Anna. La jeune femme, belle, forte
et déterminée réussit à faire face à l’univers militaire patriarcal.
L’origine russe d’Anna provoque un fascinant renversement des rôles où
c’est l’«autre» – l’immigrant russe – qui représente l’institution,
alors que l’agressif natif Israélien devient à son tour «l’autre». Le
choix des acteurs, qui ont tous combattu dans les unités spéciales des
Forces de Défense d’Israël, rend l’interprétation des
personnages d’autant plus authentique.
«Room 514» aborde le conflit interne de la société israélienne. Le
spectateur se trouve au coeur du conflit opposant le profond besoin de
sécurité aux valeurs morales et humaines de ce peuple attaché à sa
terre par des liens historiques et émotionnels. Ce drame est fortement
ancré dans l’histoire de l’armée israélienne, où de jeunes soldats font
face à des situations dans lesquelles les responsabilités personnelles
et nationales se contredisent.
Commentaire de Fabianny DESCHAMPS, cinéaste (ACID)
Room 514 : pièce exiguë, plafonds bas, murs azur sans âme ni horizon,
cadre irrespirable où les visages affleurent toujours trop serrés, comme
enchâssés dans une enceinte tragique. Nihiliste et implacable, le huis
clos s’abat sur nous : enfermés dedans, enfermés dehors, cette
claustrophobie permanente nous donne à sentir l’inconfort le plus
dérangeant, cette impossibilité d’être au monde dans le monde.
Pourtant, elle rit Anna lorsqu’elle fait l’amour en retenant son
souffle entre deux interrogatoires, vestale zélée, fonctionnaire amazone
qui pense tenir tête à l’appareil patriarcal, à l’appareil militaire, à
l’appareil d’Etat. Elle s’en fout Anna, elle croit à la justice et à
l’égalité comme elle aime à répéter en prenant des poses lascives : Baby, we are a free country.
La puissance de ce film réside dans la place intenable qu’il choisit de
tenir, un endroit complexe, polémique, parfois même douteux, où les
personnages ne sont qu’antagonismes et où la mise en scène, gommant tout
hors champ, prend elle aussi une dimension autoritaire en nous
racontant ainsi un dispositif voué à l’échec. Bien au-delà du conflit
israélo-palestinien, cette tragédie contemporaine relate l’ambivalence
universelle qui existe entre l’homme et la femme, le devoir et l’utopie,
la domination et la soumission, la croyance et la liberté.
Baby, we are a free country.
Non, Anna. Le monde est en guerre.
Fabianny DESCHAMPS, cinéaste