Laissez bronzer les cadavres de Hélène Cattet et Bruno Forzani
Film recommandé

Laissez bronzer les cadavres

Hélène Cattet et Bruno Forzani

Distribution : Shellac

Date de sortie : 18/10/2017

FRANCE / BELGIQUE - 1H30 - COULEUR - DCP

La Méditerranée, l’été : une mer d’azur, un soleil de plomb… et 250 kilos d’or volés par Rhino et sa bande ! Ils ont trouvé la planque idéale : un village abandonné, coupé de tout, investi par une artiste en manque d’inspiration. Hélas, quelques invités surprises et deux flics vont contrecarrer leur plan : ce lieu paradisiaque, autrefois théâtre d’orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un véritable champ de bataille… impitoyable et hallucinatoire !

Festival de Locarno 2017

Avec : Elina LÖWENSOHN, Stéphane FERRARA, Bernie BONVOISIN, Michelangelo MARCHESE, Marc BARBÉ, Marine SAINSILY, Hervé SOGNE, Pierre NISSE, Aline STEVENS, Dorylia CALMEL, Dominique TROYES, Bamba FORZANI NDIAYE

Réalisateurs HÉLÈNE CATTET & BRUNO FORZANI • Scénario HÉLÈNE CATTET & BRUNO FORZANI, d’après le roman LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES! écrit par Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid, paru aux Editions Gallimard en 1971 • Image MANU DACOSSE • Son YVES BEMELMANS • Décors ALINA SANTOS • Montage image BERNARD BEETS • Montage son DAN BRUYLANDT • Mixage BENOÎT BIRAL • Production EVE COMMENGE, ANONYMES FILMS (BELGIQUE) & FRANÇOIS COGNARD, TOBINA FILM (FRANCE)

Hélène Cattet et Bruno Forzani

Après avoir tourné plusieurs courts-métrages, auto-produits pour la plupart, Hélène Cattet et Bruno Forzani réalisent AMER en 2009 et L’ETRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS en 2012, un diptyque féminin/masculin autour du désir et du giallo.
Entre temps, ils participent au long métrage d’anthologie ABC’S OF DEATH (2012) qui réunit 26 réalisateurs émergents de la scène fantastique internationale avec leur segment fortement érotique « O IS FOR ORGASM ».
En 2016, ils tournent LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES, toujours accompagnés par le tandem de producteurs Eve Commenge – François Cognard. Ce troisième long métrage est tiré du roman éponyme découvert par les réalisateurs une dizaine d’années auparavant… roman qui restera longtemps pour eux un fantasme d’adaptation cinématographique… enfin concrétisé !

LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES

C’était l’été 1970. Le soleil cognait fort sur ce hameau provençal paumé sur les hauteurs des Cévennes, quelque part du côté de Pont-Saint-Esprit, là où vingt ans plus tôt, une partie de la population, frappée de folie furieuse rendue folle à cause du LSD balancé par la CIA ou de l’ergot de seigle, s’était entretuée.
Les deux jeunes types tapaient dehors, en pleine chaleur, les machines à écrire Hermès posées sur une grande table en bois. Il n’y avait pas d’eau courante, il fallait aller chercher la flotte à un puits en contrebas : siffler quelques bières bouteille entre deux Gauloises était plus simple, et plus stimulant. Ils avaient tous les deux la vingtaine, et ils avaient un plan.
Ils allaient conquérir le monde avec leurs livres. Celui qu’ils étaient en train de taper, «Les cadavres bronzent avec indifférence», débordait d’énergie, parfois désordonnée, parfois millimétrée. Ce serait un Série Noire, et un bon. Avec deux ou trois autres romans, ce serait aussi, sans que nul ne l’ait vu venir, le point de départ de la grande saison du néo-polar français.
Quarante-cinq ans après, le film d’Hélène Cattet et Bruno Forzani a la même énergie démente, la même précision maniaque, le même débordement d’idées foutraque et jubilatoire.
Que ce duo détonnant vienne appliquer son style post-moderne si particulier, visible dès leurs débuts dans leurs courts-métrages autant que dans AMER ou L’ETRANGE COULEUR…, à ce roman écrit par Manchette et Bastid à la grande époque du western européen, c’était une belle perspective, franchement excitante. Car les Cadavres, c’est avant tout un western transposé dans le cadre du polar, une histoire de bandits réfugiés dans un relais de poste qui prennent en ôtage les voyageurs de la diligence et luttent contre un courageux Marshall. Disons, un bon petit Budd Boetticher interprété par Randolph Scott, ou un bis italien. Cattet & Forzani, passionnés du cinéma de genre transalpin, pouvaient trouver dans ce récit une source d’inspiration à la mesure de leur passion, de leurs références et de leur audace.
S’il m’a tant fait plaisir de les voir s’attaquer à ce Manchette-Bastid, c’est aussi parce que les adaptations précédentes des romans de mon père ont été banalisées et traitées sur un mode conventionnel, comme le tout-venant des films policiers d’hier et d’aujourd’hui.. À l’opposé, la grande originalité de l’écriture cinématographique de H&B se joue des conventions et apporte du coup un résultat sensoriel inédit.
Enfin, mon père lui-même fut toujours un franc-tireur, une anomalie dans le paysage littéraire et cinématographique francophone. Que lui souhaiter de plus que la survie de ses écrits grâce à l’envie qu’il peut susciter auprès de brillants jeunes cinéastes ?
DOUG HEADLINE


JEAN-PATRICK MANCHETTE

Jean-Patrick Manchette, né le 19 décembre 1942 à Marseille, mort le 3 juin 1995 à Paris est un écrivain français de romans policiers, critique littéraire et de cinéma, scénariste et dialoguiste de cinéma, et traducteur. Connu pour ses opinions d’extrême gauche, proche de l’International situationniste, il co-écrit avec son ami Jean-Pierre Bastid un premier roman pour la série Noire en 1971, LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES ! Fin cinéphile, avec une passion particulière pour les westerns et les films noirs, il estime que l’écriture de romans l’aidera à devenir scénariste pour le cinéma. Il inaugure au passage un nouveau genre dans le roman policier français, qu’il baptise lui-même de « néo-polar ». Rompant avec la tradition pittoresque, son style précis et tranchant, débarrassé des considérations psychologiques et entièrement dédié aux comportements de ses protagonistes est également l’occasion de développer une critique sociale et politique typique des années 70. A partir de 1973, il travaille pour le cinéma comme adaptateur, scénariste et dialoguiste. Parmi ses collaborations, on retientNADA (1973) de Claude Chabrol, adapté de son propre roman, L’AGRESSION (1974) de Gérard Pirès et LA GUERRE DES POLICES (1980) de Robin Davis. Trois de ses romans sont portés à l’écran par Alain Delon (TROIS HOMMES À ABATTRE en 1980, POUR LA PEAU D’UN FLIC en 1981, LE CHOC en 1982) mais le résultat n’emballe guère Manchette, qui se consacre alors à la traduction de romans de Donald Westlake et Robert Bloch et à la critique cinéma dans CHARLIE MENSUEL et STARFIX. À l’occasion d’un article resté fameux paru le 7 juillet 1987 dans LIBÉRATION, il signale aux amateurs de polars LUNE SANGLANTE, le troisième roman de James Ellroy, puis s’isole de la rumeur du monde dans son appartement du 59 avenue du Dr. Arnold Netter dans le 12ème arrondissement parisien aux côtés de son épouse Mélissa.