Inupiluk + Le film que nous tournerons au Groenland de Sébastien Betbeder
Film soutenu

Inupiluk + Le film que nous tournerons au Groenland

Sébastien Betbeder

Distribution : Ufo Distribution

Date de sortie : 25/02/2015

FRANCE – 2014 / 2015 – 34’ et 32’ format 1.79 – son 5.1 - DCP

Inupiluk : Ce soir, comme 2 ou 3 fois par semaine, Thomas rejoint Thomas au café, là où ils ont leurs habitudes. Mais l’esprit de Thomas est ailleurs : son père, explorateur, immobilisé suite à un accident, l’a chargé d’accueillir ses amis inuit Ole et Adam pour leur 1ère visite à Paris, leur 1ère sortie hors du Groenland…
Le film que nous tournerons au Groenland : Sébastien Betbeder et ses comédiens Thomas Blanchard et Thomas Scimeca se donnent rendez-vous pour imaginer le scénario du film qu’ils tourneront dans un an au Groenland, à Kullorsuaq – une suite à INUPILUK. On y retrouvera les personnages de Ole et Adam, c’est même le fondement du projet, mais ce qui s’y déroulera, ils ne le savent pas encore…

INUPILUK : Prix Jean Vigo 2014 – Prix du Public du Festival Clermont-Ferrand 2014 – Prix du Public au Festival Séquence de Toulouse

INUPILUK
Avec THOMAS BLANCHARD, THOMAS SCIMECA, OLE ELIASSEN, ADAM ESKILDSEN, GAETAN VOURC’H
Scénario et réalisation SÉBASTIEN BETBEDER • Accompagnateur du projet NICOLAS DUBREUIL • Produit par FRÉDÉRIC DUBREUIL • 1er assistant réalisateur ANTHONY MOREAU • Chef opérateur SÉBASTIEN GODEFROY • Prise de son ROMAN DYMNY & JÉROME AGHION • Montage image CÉLINE CANARD & SÉBASTIEN BETBEDER • Musique ROMAN DYMNY • Une production ENVIE DE TEMPÊTE

LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROELAND
Avec THOMAS BLANCHARD, THOMAS SCIMECA, LUCIA SANCHEZ, SÉBASTIEN BETBEDER, NATHALIE SALLES, PIERRE QUINTARD, FRÉDÉRIC DUBREUIL, LOUIS CARVALHO
Scénario et réalisation SÉBASTIEN BETBEDER • Image SÉBASTIEN GODEFROY • Montage CÉLINE CANARD • Prise de son Pierre Quintard PIERRE QUINTARD • Montage son et mixage ROMAN DYMNY • En partenariat avec l’Atelier de la Création de France Culture

Sébastien Betbeder

Sébastien Betbeder, né en 1975 à Pau.

Filmographie

1999 : La Fragilité des revenants (court métrage)

2000 : Le Haut mal (court métrage)

2004 : Des voix alentour (court métrage)

2006 : Nu devant un fantôme (court métrage)

2006 : Les Mains d’Andrea (court métrage)

2007 : Nuage

2009 : Toutes les montagnes se ressemblent (court métrage)

2009 : La Vie lointaine (moyen métrage)

2010 : Yoshido (les autres vies) (moyen métrage)

2012 : Je suis une ville endormie (moyen métrage)

2012 : Les Nuits avec Théodore

2013 : 2 automnes 3 hivers

2014 : Inupiluk

2016 : Voyage au Groenland

ENTRETIEN AVEC SEBASTIEN BETBEDER

Comment est née l’idée d’INUPILUK ? Comment s’est-elle développée jusqu’à former LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND ?
Nous sommes à la fin du printemps 2013 et Nicolas Dubreuil, le frère de mon producteur, m’annonce que dans trois semaines, Ole et Adam, deux de ses meilleurs amis inuits, viendront en France pour une dizaine de jours. Nicolas est explorateur et vit la moitié de l’année à Kullorsuaq, un des villages les plus excentrés du Groenland. Ole et Adam n’ont jamais quitté Kullorsuaq. Nicolas me demande si je suis intéressé par la réalisation d’un film sur cette expédition inédite. Je lui dis que je ne me sens pas la légitimité de faire un documentaire, mais lui propose de créer, à partir de cette venue, une fiction. Une fiction où le réel aurait la première place. Nicolas accepte la proposition. Il ne me reste que peu de temps pour imaginer ce que sera ce film. Je décide alors d’inviter deux comédiens, Thomas Blanchard et Thomas Scimeca, à participer au projet. J’écris en deux semaines la trame d’un scénario les mettant en scène face à deux chasseurs d’ours débarquant pour la première fois à Paris. Quand Ole et Adam atterrissent à l’aéroport de Roissy, nous ignorons si nous sommes prêts. Nous n’avons pas le temps de réfléchir. Ainsi commence le tournage du moyen-métrage qui deviendra INUPILUK.
Au printemps 2014, l’atelier de la création de France Culture m’offre une carte blanche. L’idée de tourner un film « frère » d’INUPILUK, au Groenland, dans le village d’Ole et Adam, commence à occuper de plus en plus mon esprit, je saisis donc l’occasion et convoque de nouveau Thomas Blanchard et Thomas Scimeca pour, cette fois-ci, essayer d’imaginer ensemble ce que sera LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND. Je décide alors d’un programme en partie scénarisé, fait de déambulations dans le quartier de Ménilmontant et de situations propices à la discussion, dans le but réel de poser les bases du scénario du long métrage. Le chef opérateur d’ INUPILUK accompagne le preneur de son de France Culture lors de ces trois journées.
Les deux films, chacun à sa manière, empruntent des méthodes et un style documentaires. Et vous jouez délibérément de cette frontière, ténue parfois, entre fiction et réalité, jusqu’à la confusion, dans LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND. Je m’intéresse depuis des années, en tant que spectateur, aux liens entre la fiction et le réel, aux possibilités narratives qu’ils offrent. Je rêvais d’un projet qui me permettrait de tenter une aventure cinématographique où des personnages inventés seraient confrontés à des individus qui ne joueraient pas. INUPILUK s’est révélé être le projet idéal pour mener cette expérience. Ce film a été pensé et fabriqué dans un temps record avec une liberté immense, mais aussi la conscience que nous prenions le risque que rien ne se passe comme prévu, qu’aucun film n’émerge de cette confrontation entre Thomas B, Thomas S, Ole et Adam. Avec LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND, j’avais envie de poursuivre cette démarche, d’aller encore plus loin dans la réflexion : comment se fabrique un film ? Comment advient la fiction ? En quoi le réel la nourrit ?
Mon immense chance est d’avoir rencontré les partenaires parfaits que sont “les deux Thomas”. Nous avons réussi à créer une relation et un mode de connivence qui se sont révélés des atouts indispensables pour une telle réalisation. Dans ce second film, je joue le rôle du modérateur, je leur soumets des hypothèses, leur livre des propositions scénaristiques, le but étant qu’adviennent sous les yeux des spectateurs une pensée, des idées et accessoirement des enjeux narratifs pour un film à venir. Il y a effectivement de la confusion dans LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND. J’aime cette idée que nous ne puissions plus discerner ce qui est écrit de ce qui est accidentel, ou plutôt de ce que nous n’avons pas vu venir…

Comment dans ce cadre s’est opéré le travail avec les deux comédiens, Thomas et Thomas ? Comment les aviez-vous découverts ? Quelle est la part d’écriture et d’improvisation ?
Je n’aime pas beaucoup l’improvisation pure au cinéma, je trouve qu’elle ne produit que trop rarement des moments forts. Je déteste sentir un comédien qui cherche le meilleur effet, la bonne blague, qui tire la couverture à soi. Il y a très souvent un manque de générosité dans l’improvisation au cinéma. Le travail que nous faisons avec Thomas Blanchard et Thomas Scimeca est en cela très différent. Je leur demande de me faire des propositions dans un cadre précis qui est écrit. Il s’agit de jouer avec le réel, de se donner la possibilité d’être surpris, ému ou amusé. Quand ils se sont retrouvés face à Ole et Adam la première fois, ce qui était beau, c’est qu’ils étaient aussi intimidés qu’eux. Ce qu’enregistre la caméra à l’aéroport dans INUPILUK est pour moi fantastique. Les regards qu’ils échangent, aucun scénariste n’aurait pu l’écrire. Je les admirais tous les deux en tant que comédiens sans les connaître personnellement. Nous nous sommes réellement rencontrés lors des essais pour 2 AUTOMNES 3 HIVERS. Comme il est dit dans LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND, Thomas Scimeca avait « des problèmes de disponibilités » et c’est Thomas Blanchard qui a été choisi pour jouer le rôle de Jan, le jeune suisse mélomane et suicidaire. Peut-être que le plus passionnant dans cette histoire, c’est que Thomas Blanchard et Thomas Scimeca sont devenus Thomas B et Thomas S ; que ces personnages ont hérité de leur attitude, de leur caractère, de leur humour et qu’il est aujourd’hui presque impossible de séparer le réel de la fiction.

Les deux Thomas présentent des profils qui vous inspirent, des trentenaires qui cherchent encore leur voie, et qui n’auraient pas détonné dans 2 AUTOMNES 3 HIVERS ? Est-ce conscient ?
Ce n’est pas très original – et je suis loin d’être le seul à penser ça – mais je crois que “les trentenaires qui cherchent leur voie” sont parmi les êtres les plus passionnants au monde et ceux qui me donnent le plus envie d’écrire des histoires aujourd’hui. J’adore le terme « d’adulescent » et ce qu’il évoque. Les deux Thomas font partie de ces individus pour lesquels il est extrêmement difficile de grandir (tout comme c’était le cas pour les personnages de 2 AUTOMNES 3 HIVERS). Je trouve très émouvant ce refus de devenir des personnes mesurées et responsables, cette capacité à rester émerveillé malgré l’époque, malgré le désenchantement des autres. J’aime la place qu’ils donnent à l’humour dans leur vie sans jamais surjouer le bonheur. Cette attitude a à voir, pour moi, avec une forme de rébellion, de courage.

A ce titre, ils semblent finalement presque aussi perdus que leurs 2 hôtes ?
Oui c’est vrai, et c’est une des idées du film auxquelles je tenais beaucoup. La situation est paradoxale. Confrontés à Ole et Adam, ils deviennent les “étrangers”, deux individus singuliers, deux citadins européens dans une époque en crise, dont on observe avec curiosité les us et coutumes. C’est de l’ethnologie à l’envers ! Ce qui les caractérise aussi, c’est leur évidente générosité, leur curiosité. Tout à fait ! Ce sont deux personnages généreux. Dans INUPILUK, ils ont le souci permanent que le voyage d’Ole et Adam se passe pour le mieux. Lorsque j’ai commencé à écrire le scénario, j’ai demandé à Nicolas Dubreuil quels étaient les souhaits d’Ole et Adam en venant en France. Il m’a répondu qu’ils avaient trois désirs : voir des animaux dont ils ne connaissaient que les représentations, marcher dans une forêt (il n’y a pas d’arbres au Groenland!) et se baigner dans la mer (la mer étant, pour eux, le lieu de la mort). Nous avons organisé notre programme de tournage en fonction de ces volontés. Les Thomas ont été, tout au long du film, attentifs à ce que tout se passe comme prévu, qu’ils ne soient pas déçus en repartant. La scène de séparation devant la bouche de métro a été tournée réellement juste avant qu’ils ne repartent, le dernier jour de tournage. L’émotion qui transparaît sur les visages des deux Thomas était réelle. Je crois que l’on a tous mis un certain temps avant de se remettre de cette expérience. C’est aussi pour les retrouver que nous avons décidé de partir tourner un long-métrage dans leur village à Kullorsuaq.

LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND donne à voir ce moment rarement montré des premières rencontres où l’on commence à penser un film. N’aviez-vous pas peur, néanmoins, qu’on n’y voie qu’une sorte de making of ?
Je ne suis pas un passionné des “making of” et, pour moi, LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND est presque à l’opposé de ce genre d’exercice. La première des différences, comme je le disais plus tôt, c’est que ce film, au contraire d’un making of, est sans cesse traversé par la fiction. Il y a une scénarisation, une évolution des personnages, une forme de suspens – même si le mot est peut-être fort : vont-ils parvenir à trouver les enjeux narratifs du long-métrage à venir ? La cousine de Lucia s’est-elle vraiment fait amputer ? Thomas S connait-il vraiment Marion Cotillard ? La seconde différence essentielle avec un « making of » concerne la temporalité.
“Le making of” est un objet que les spectateurs découvrent bien souvent après avoir vu le film. Là, le spectateur est au coeur du processus. Il participe à nos questionnements jusqu’à être le témoin de l’échec même de cette réflexion. En cela, c’est un film qui revendique son côté expérimental. Le projet transmédia autour du VOYAGE À KULLORSUAQ, le long métrage qui est en train d’être développé, prolongera un peu plus cette recherche.

Vous alternez la réalisation de longs métrages avec des travaux assez protéiformes – courts métrages, travaux radiophoniques… Comment situez-vous ces deux courts métrages dans votre parcours ?
J’ai toujours continué à faire des courts métrages parce que c’est une durée et un mode de production qui offrent une liberté difficile à exiger dans ce qui est devenu “l’industrie du long métrage”. Il n’y a pas de compte à rendre et beaucoup moins d’enjeux économiques. C’est un terrain d’expérimentation indispensable pour moi aujourd’hui. Tout comme l’est, depuis quelques années, la radio. J’aime – pour chaque nouveau scénario – en livrer une version destinée aux ondes. C’est une manière de commencer à penser un film ou de poursuivre un travail exécuté sur un film déjà fini. J’ai co-réalisé pour France Culture avec le regretté Jacques Taroni (presque un an après en avoir achevé le tournage) une version radiophonique de 2 AUTOMNES 3 HIVERS qui s’intitule LES MONOLOGUES AUTOMNES-HIVERS. Ce sont ces travaux qui me font avancer, qui me questionnent, qui remettent en cause mes préjugés sur le récit, sur la direction d’acteurs. Grâce aux courts, grâce à la radio, je continue d’apprendre. En cela, INUPILUK et LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND sont des films tout aussi importants pour moi que mes trois longs métrages.

Quelques mots sur le long métrage que vous tournerez en mars au Groenland, LE VOYAGE À KULLORSUAQ ?
Nous partons en effet fin mars, pour 5 semaines, tourner à Kullorsuaq. Le scénario est maintenant écrit. Nous retrouverons Ole, Adam et découvrirons les autres habitants du village. François Chattot se joindra à l’aventure, c’est lui qui incarnera Nathan, explorateur et père de Thomas B. Quelques-unes des propositions narratives énoncées dans LE FILM QUE NOUS TOURNERONS AU GROENLAND seront reprises. Il y sera aussi question de course de chiens de traîneaux, de dégustation d’yeux de phoques, d’amitié, de relation au père. Ce sera une comédie qui laissera place à des moments de véritable mélancolie. Et bien évidemment, le film sera nourri par tout ce que nous vivrons là-bas et dont nous ignorons encore la teneur.


LA SUITE… VOYAGE A KULLORSUAQ

Le tournage du nouveau long métrage de Sébastien Betbeder VOYAGE À KULLORSUAQ commencera le 25 mars prochain au Groenland. Il s’agit de la suite de INUPILUK: Thomas et Thomas partent dans le village de Ole et Adam, Kullorsuaq. Y habitent les derniers chasseurs d’ours du Groenland, qui utilisent pour seul moyen de locomotion les chiens de traineaux. Kullorsuaq, un des villages les plus reculés du Groenland !
L’aventure autour de ce tournage sera relayée dès le 20 février sur le site internet www.voyageakullorsuaq.com via une narration transmedia.
Différents contenus (articles, vidéos, documentaires sonores, photos) seront à découvrir sur le Groenland actuel et la vie quotidienne à Kullorsuaq, la culture traditionnelle inuit
et les changements liés à l’arrivée des nouvelles technologies dans le village.
Vous pourrez aussi y retrouver les épisodes de la préparation très particulière de Thomas et Thomas à ce voyage, sous forme de courts métrages qui seront parfois visibles au
cinéma en début de séance.

Le transmedia ?
Une histoire transmedia se raconte sur plusieurs supports, chacun apportant une contribution distincte et précieuse à l’ensemble de l’univers.

Kullorsuaq en quelques chiffres :
– 80% de glace
– température comprise entre 3° et -50°
– 450 habitants
– 4 douches communes
– 2 approvisionnements par an
– 4 avions, 1 hélicoptère pour 4 jours de trajet depuis Paris

En direct de la banquise
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Des rendez-vous réguliers vous permettront de découvrir le journal de bord filmé du tournage du film et de communiquer en direct avec le réalisateur
Sébastien Betbeder, son équipe et les habitants de Kullorsuaq venez vivre ce voyage en direct sur WWW.VOYAGEAKULLORSUAQ .COM