Inspiré par la vie de son grand-père, A New Old Play de Qiu Jiongjiong brasse de manière audacieuse et imaginative souvenirs familiaux et histoire nationale. Cette grande fresque digne d’Adieu ma concubine (Chen Kaige), qui embrasse cinq décennies de tourbillons historico-politiques chinois, transforme les nombreux tournants vécus dans le pays en un vaudeville éblouissant, et amène à une réflexion sur le passage du temps et le rôle de l’artiste, contraint de résister à la tempête de l’histoire.
Festival de Locarno 2021 (Prix spécial du jury) | Festival des 3 Continents 2021 (Prix du jury jeune) | Hong Kong International Film Festival 2021 (Firebird Award – Meilleur film & Prix FIPRESCI) | Singapore International Film Festival 2021 | Tallinn Black Nights Film Festival 2021 | Busan International Film Festival 2021 | Göteborg Film Festival 2022 | International Film Festival Rotterdam 2022
Avec Yi Sicheng, Guan Nan, Qiu Zhimin, Xue Xuchun, Gu Tao
Réalisation | Qiu Jiongjiong ·Directeur de la photographie | Feng Yuchao « Robbin » · Décors | Qiu Jiongjiong · Direction artistique | Lv Xin · Costumes, maquillage, coiffure | Bai Yun · Son | Wang Ran · Musique | Diao Lili · Coloriste | Fu Shu · Producteurs | Ding Ding, Yang Jin · Carlotta Films



Qiu Jiongjiong
Qiu Jiongjiong est un artiste contemporain et réalisateur chinois. Né en 1977 à Leshan, dans la province du Sichuan, il grandit dans un environnement imprégné d’opéra traditionnel chinois, qui marquera son art. Il débute sa carrière comme peintre. À partir de 2007 avec The Moon Palace, il se lance dans la réalisation de documentaires qu’il finance avec l’argent gagné grâce à la vente de ses peintures. Il filme et peint des portraits originaux, intimes et pleins d’humour, d’individus aux prises avec le contexte politique de leur pays (Madame, 2010 ; My Mother’s Rhapsody, 2012). Son documentaire Mr. Zhang Believes (2015) a été présenté au Festival de Locarno. A New Old Play (2021), son premier long métrage de fiction, a fait le tour des festivals, remportant de nombreux prix.
FILMOGRAPHIE
2021 – A New Old Play
2015 – Mr. Zhang Believes
2012 – My Mother’s Rhapsody
2010 – Madame
2007 – The Moon Palace
NOTE D’INTENTION
L’histoire est inspirée de la vie de mon grand-père, le clown et acteur d’opéra du Sichuan, Qiu Fu-xin. En grandissant dans le quotidien d’une troupe d’opéra, je suppose que j’ai eu une vision étrange et fragmentaire de ce monde, vu uniquement de l’intérieur comme un collage mouvant de visages, d’expressions, de voix, de gestes, de sons, d’odeurs et de couleurs, chauds ou froids, humides ou secs, ivres ou sobres. Les gestes des acteurs, fous, amers ou sincères, leurs bras tourbillonnants et leurs pieds trépignants, marquaient les scènes successives d’une pièce qui se déroulait. Et pendant ce temps, des événements petits et grands, sur scène et hors scène, façonnaient le monde et notre histoire. Mais de temps en temps, le glas sonnait, et un spectateur de plus disparaissait dans les gradins.
Les anciennes générations d’interprètes sont décédées, et les chocs et bouleversements de la vie ont accéléré le déclin de notre opéra du Sichuan. Un siècle plus tard, j’ai tenté de reconstituer la grammaire traditionnelle de la forme, de simuler et de faire revivre sa saveur et ses mélodies. Le film est une tranche de ma propre histoire et de celle de ma famille, mais aussi un carnet de voyage de ménestrels errant ensemble dans ce monde et dans l’autre. Ce sont mes ancêtres immédiats, et c’est ma « pré-biographie ».
Les souvenirs des disparus sont aujourd’hui perdus pour nous. Mais l’histoire est parlante et fourmille de détails. J’ai essayé de reconstruire un château du passé et de montrer comment chaque personnage se débrouillait dans ce cadre, en ouvrant progressivement toutes les fissures et les crevasses de ce monde, en effondrant l’espace-temps pour les appeler, sous leurs différents déguisements et métamorphoses, à poursuivre le riche fil de leur expérience dans le présent. Nous ne pourrons jamais reconstituer entièrement le passé, mais j’ai essayé de ressusciter ses habitants et de les laisser recycler l’histoire, comme eux seuls peuvent le faire. […]
Dans le folklore chinois, Tête de Boeuf et Visage de Cheval sont deux passeurs du monde souterrain et des personnages populaires du théâtre traditionnel. Dans mon film, ce sont des fonctionnaires de l’au-delà qui escortent le protagoniste principal pour qu’il poursuive sa carrière dans une autre vie, mais ce sont aussi des ouvreurs de cinéma qui nous guident jusqu’à nos sièges lorsque les lumières s’éteignent et que nous nous installons pour le spectacle.