Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes gens, menée par un ancien délinquant du quartier. Son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l’angoisse envahissent peu à peu la famille dont le quotidien devient infernal.
Grand Prix – Sundance Word Narrative Competition (USA) || Prix de la presse KNF – Rotterdam Spectrum (Pays-Bas) || Prix de la critique du futur – Miami (USA) || Meilleur réalisateur et Prix Fipresci – Cartagena (Colombie) || Compétition – Toulouse, Cinelatino || Prix spécial du Jury – Fribourg (Suisse) || Compétition – Panama || Compétition Sang neuf – Beaune Compétition || Villeurbanne || Prix Spécial du Jury et Meilleur acteur – Marseille || Grand Prix – IndieLisboa (Portugal) || Compétition – Paris Cinéma || Compétition – Edimbourg || Sélection au festival de La Rochelle
Avec : Jorge Daniel Candia • Marta Alejandra Yañez • Kalule Daniel Antivilo • Jorge Hijo Ariel Mateluna • Nicole Jennifer Salas
Scénario et réalisation Alejandro Fernandez Almendras • Image Inti Briones • Son Pabo Pinochet • Montage Soldedad Salfate Doren et Alejandro Fernandez Almendras • Musique Pablo Vergara • Production Eduardovillalobos Pino et Guillaume de Seille
Alejandro Fernandez Almendras
Diplômé en communication de l’Université du Chili en 1996, Alejandro Fernandez Almendras a travaillé comme critique, photographe et journaliste. Il réalise plusieurs court-métrages remarqués, en autres Desde Lejos (meilleur court-métrage à Santiago, 2006) et Lo Que Trae La Lluvia (Berlin, 2007).
Son premier film de long-métrage Huacho est présenté à la Semaine de la Critique au festival de Cannes en 2009 et a été sélectionné dans une cinquantaine de festivals (Prix du Meilleur premier long métrage à La Havane, Prix du Meilleur Film à Viña del Mar et Prix du Meilleur réalisateur au Festival de Punta del Este).
Prés du feu (Sentados frente al fuego), son deuxième long métrage, a été présenté à l’édition 2011 du Festival de San Sebastián et remporte une mention spéciale au Cinélatino de Toulouse en 2012 avant de sortir en salles en France en août 2012.
Tuer un homme, son troisième film, remporte le Grand Prix aufestival de Sundance (World Dramatic) et le prix de la presse au festival de Rotterdam en janvier 2014.
ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR
Comment est venue cette idée de film de genre ?
Je suis tombé sur ce fait divers en regardant une émission de télévision au Chili. J’ai découvert comment le harcèlement dont a été victime cette famille a mené le père et le fils au meurtre de leur harceleur. Ils ont caché le corps et se sont fait prendre. Le fils a écopé de cinq ans de prison car le père a pris toute la responsabilité sur lui et une peine de vingt ans. Quand on lui demande s’il recommencerait, il répond : « non, vous n’avez pas idée de ce que c’est de tuer un homme ». J’ai senti que j’avais une idée de film car on voit rarement au cinéma ce qui se passe juste après le meurtre de quelqu’un.
Aprés un certain point, le film atteint une sorte de dimension métaphysique…
Ça ne pouvait pas être un film complètement réaliste. Bien sûr, comme
les acteurs sont pour la plupart non professionnels et que le rythme des
dialogues est plutôt naturel, on peut avoir le sentiment d’assister à
une tranche de vie, mais le film est mis en scène et les plans sont
souvent composés comme des tableaux. Particulièrement après la
disparition du corps, on s’attache à ce qui se passe dans la tête du
personnage principal. Le film devient alors un cauchemar éveillé.
Vous avez un style trés particulier. Comment le développez-vous ?
Je pense sincèrement que chaque film appelle un style qui lui sera
propre. Pour Huacho, mon premier film, j’avais besoin de rester trés
proche de mes personnages. Avec Près du feu, je voulais sentir l’homme
face à la nature et aux saisons. Pour Tuer un homme, je voulais qu’on
entre pleinement dans la tragédie. Le titre nous débarrasse de tout
suspense. Ce n’est pas tant un film sur ce qui va arriver mais sur le
voyage personnel du père de famille. Pour moi, c’est une sorte de
western tragique. Le premier jour de tournage, en septembre 2012, tout
le monde s’affairait à préparer le plateau et tout d’un coup, le
personnage principal s’est retrouvé décadré, en bas du centre de
l’image. Là, j’ai trouvé ce qu’il fallait au film. Le ciel était chargé
de nuages colorés et j’avais un parfait sentiment de tragédie où le
personnage était magnifiquement écrasé.
Le choix de tourner de nuit ne donne pourtant pas trop l’impression d’un film sombre…
On a réalisé trés vite que plus de la moitié du film serait tourné de
nuit, ce qui est difficile en termes d’organisation. On n’a pratiquement
pas utilisé de sources extérieures de lumière et on a même insisté en
post-production sur les oranges et les jaunes pour renforcer
l’impression que le personnage évoluait en enfer.
Comment avez-vous trouvé vos comédiens ?
La première idée était de travailler à nouveau avec Daniel Munoz, qui
jouait le personnage principal dans Près du feu, mais il était engagé
pour la télévision. Je me suis alors souvenu d’un comédien à qui on
avait confié un petit rôle. J’ai réalisé que le scénario lui allait
parfaitement : il avait travaillé dans une scierie et savait
parfaitement manier la tronçonneuse. Pour le rôle du méchant, j’avais
repéré le comédien dans les films courts de mes étudiants : il est trés
grand, massif, et il fait peur rien qu’en le regardant.
La musique est impressionnante et vous avez un passé de musicien…
Il est difficile pour moi de travailler la musique ; elle oriente
souvent trop le spectateur et l’équilibre est toujours fragile. L’effet
musical est instantané et j’essaye de la travailler avec parcimonie. Je
n’utilise pas de thème répétitif, je préfère m’en servir pour créer de
la tension ou nous aider à entrer dans l’âme du personnage.