En s’emparant des captivantes archives cinématographiques des illustres volcanologues Katia et Maurice Krafft, Werner Herzog célèbre avec force et poésie la vie, brutalement interrompue en 1991, de deux chercheurs et preneurs d’images à l’œuvre unique. Trente ans plus tard, ce film redonne vie à leurs images époustouflantes et rend hommage à ce couple légendaire.
Réalisation Werner Herzog • Écrit & raconté par Werner Herzog Montage Marco Capalbo • Musique : Ernst Reijseger Produit par ARTE France / Unité découverte et connaissance Hélène Coldefy (directrice) Hélène Ganichaud (directrice adjointe) Bonne Pioche (France) Alexandre Soullier (producteur) Brian Leith Productions (Royaume-Uni) Mandy Leith (productrice) Pete Lown (producteur) Titan Films (Suisse) Julien Dumont (producteur)
Werner Herzog
Originaire de Bavière, Werner Herzog est un cinéaste hors- norme. Son oeuvre est monumentale et mêle documentaires, fictions, courts et longs métrages. Soit 66 films tournés sur tous les continents dont le fil conducteur est l’homme, sa place sur terre et son besoin toujours renouvelé de transcender une existence finie en dépassant les limites du corps, en créant, en rêvant. Représentant du nouveau cinéma allemand des années 1970, au côté de Rainer Werner Fassbinder ou Volker Schlöndorff, il a gagné rapidement la reconnaissance de ses pairs avec son premier long-métrage, Signes de vie, qui obtient l’Ours d’argent au festival de Berlin en 1968. Mais c’est en 1972 avec Aguirre, la colère de Dieu, tourné sur les rapides d’Amazo- nie, qu’il est reconnu internationalement, et notamment en France.
Il commence ici sa collaboration avec Klaus Kinski, avec lequel il tournera cinq films. Son film suivant, L’Énigme de Kaspar Hauser remporte trois prix au festival de Cannes, dont le Grand Prix du Jury. À partir des années 1990, il se tourne plus vers le documentaire, et travaille sur des personnages tels que le Dalaï Lama dans Wheel Of Time (2005) ou Timothy Treadwell, documentariste ayant vécu avec des ours bruns, dans Grizzly Man (2005). Habité par le voyage, aventurier tête brûlée, cinéaste de la nature, de la différence, de la démesure, il a fouillé les tréfonds de l’âme humaine, dans son rapport à la violence, à l’état sauvage, au travers de films dont les tour- nages ont été autant d’aventures.
Filmographie
FICTIONS
1968 › SIGNES DE VIE
1970 › LES NAINS AUSSI ONT COMMENCÉ PETITS
1972 › AGUIRRE, LA COLÈRE DE DIEU
1974 › L’ÉNIGME DE KASPAR HAUSER
1976 › COEUR DE VERRE
1977 › LA BALLADE DE BRUNO
1979 › NOSFERATU, FANTÔME DE LA NUIT
1979 › WOYZECK
1982 › FITZCARRALDO
1984 › LE PAYS OÙ RÊVENT LES FOURMIS VERTES
1987 › COBRA VERDE
1991 › CERRO TORRE, LE CRI DE LA ROCHE
2001 › INVINCIBLE
2005 › THE WILD BLUE YONDER
2006 › RESCUE DAWN
2009 › BAD LIEUTENANT : ESCALE À LA NOUVELLE-ORLÉANS
2009 › DANS L’OEIL D’UN TUEUR
2015 › QUEEN OF THE DESERT
2016 › SALT AND FIRE
2019 › FAMILY ROMANCE, LLC
DOCUMENTAIRES
1971 › PAYS DU SILENCE ET DE L’OBSCURITÉ
1971 › FATA MORGANA
1974 › LA GRANDE EXTASE DU SCULPTEUR SUR BOIS STEINER
1990 › ÉCHOS D’UN SOMBRE EMPIRE
1992 › LEÇONS DE TÉNÈBRES
1993 › LES CLOCHES DES PROFONDEURS
1997 › LITTLE DIETER NEEDS TO FLY
1999 › ENNEMIS INTIMES
2003 › LA ROUE DU TEMPS
2004 › THE WHITE DIAMOND
2005 › GRIZZLY MAN
2007 › RENCONTRES AU BOUT DU MONDE
2010 › LA GROTTE DES RÊVES PERDUS
2010 › HAPPY PEOPLE : UN AN DANS LA TAÏGA CO-RÉALISÉ AVEC DMITRY VASYUKOV
2011 › INTO THE ABYSS
2016 › AU FIN FOND DE LA FOURNAISE
2016 › LO AND BEHOLD, REVERIES OF THE CONNECTED WORLD
2018 › RENDEZ-VOUS AVEC GORBATCHEV
2019 › NOMAD: IN THE FOOTSTEPS OF BRUCE CHATWIN
2020 › FIREBALL: VI
NOTE D’INTENTION
Tous deux originaires d’Alsace, Katia Conrad et Maurice Krafft, géologues et volcanologues passionnés, se rencontrent en 1966 pour ne plus jamais se quitter. Pendant vingt-cinq ans, le couple parcourt le monde pour étudier, mais aussi photographier et filmer tous les volcans actifs de la planète dans les conditions les plus extrêmes. Éruption de l’Eldfell en 1973, du mont Saint Helens en 1980, du Nevado del Ruiz en 1985… Jusqu’à leur mort tragique le 3 juin 1991, emportés avec quarante-deux autres personnes, par une coulée pyroclastique sur le flanc du mont Unzen, au Japon, ils capteront – Maurice avec sa caméra, Katia avec son appareil photo – une formidable somme d’images d’une beauté stupéfiante.
SYMPHONIES DE COULEURS
Par cette immersion dans les archives cinématographiques du couple, Werner Herzog complète son œuvre documentaire consacrée aux volcans, commencée en 1977 avec La soufrière et poursuivie en 2016 avec Au fin fond de la fournaise. Il met ici son sens de la narration et son goût pour le sublime au service d’une célébration de la vie de ces deux grands scientifiques qui ont tant de fois trompé la mort et défié les éléments. Ce qui intéresse le cinéaste, c’est aussi la manière dont les Krafft se mettent en scène, l’imagerie qu’ils déploient et la singularité de leur regard, depuis leurs premiers essais devant et derrière la caméra, jusqu’à de stupéfiantes séquences filmées par Maurice au plus près des éruptions : d’hypnotiques symphonies de couleurs tendant vers l’abstraction, des jaillissements de lave rouge en plan serré, des paysages désolés parcourus de fumerolles d’où surgit la petite silhouette blanche de Katia s’avançant au bord du gouffre. Enfin, il révèle le regard profondément humaniste de ces passeurs de science, qui, en se penchant sur le sort des victimes des éruptions, ont sensibilisé le monde entier à la prévention des risques volcaniques.
DES ARCHIVES CINÉMATOGRAPHIQUES EXCEPTIONNELLES
Pour son film, Werner Herzog a puisé dans plus de 800 heures d’images filmées et 300 000 photos, restaurées, scannées et remasterisées en 4K pour la première fois. Il a bénéficié de l’aimable collaboration d’André Demaison (auteur de Les Diables des Volcans, Maurice et Katia Krafft), le plus proche ami et biographe de Maurice Krafft, et du soutien de son frère aîné, Bertrand Krafft.
« Tout au long de ma vie, je ne me suis jamais posé la question de la motivation pour laquelle je faisais un film. Mon approche est saine et spontanée. J’ai toujours su capter l’évidence. Grizzly Man est un bon exemple : j’ai tout de suite perçu que l’histoire était exceptionnelle. Je suis un conteur, et en tant que conteur je ressens une onde de choc en moi quand je suis confronté à une histoire de grande ampleur. Le film sur les Krafft entre dans cette même catégorie. »
Werner Herzog