Gonzalo Tamayo, madrilène d’une trentaine d’années, poursuit toujours ses études de philosophie, sans grande conviction. Au tournant de sa vie d’adulte, Gonzalo pense qu’un obstacle entrave son aspiration à réinventer sa vie : on ne lui a jamais demandé son consentement pour être baptisé ! Il décide donc d’apostasier et entreprend des démarches pour être radié des livres de l’Eglise. Il voit dans cette rupture radicale la fin de ses tourments et de son attachement à sa mère. Il entre alors dans une course folle, de prélat en cardinal, entraînant dans son sillage un doux chaos. A travers cette quête irraisonnée aux yeux de tous, il revisite son passé et est envahi par de drôles de visions. Va-t-il accéder à sa liberté ?
Avec : Gonzalo Tamayo Álvaro OGALLA, Pilar Marta LARRALDE, Maite Bárbara LENNIE, Mother Vicky PEÑA, Évêque Jorge Juan CALOT, Antonio Kaiet RODRÍGUEZ, Carlos Andrés GERTRUDIX
Réalisateur Federico VEIROJ • Scénario Álvaro OGALLA / Gonzalo DELGADO
Nicolás SAAD / Federico VEIROJ • Producteurs Guadalupe BALAGUER TRELLES
Fernando FRANCO / Federico VEIROJ • Producteurs exécutifs Nicolas BREVIÈRE / Céline MAUGIS • Producteurs associés Alejandro CRASNY / Garlós HAMPARZOUMIAN
Carmen SERRANO / Álvaro OGALLA • Une production CINEKDOQUE / FERDYDURKE / LOCAL FILMS
LA VIE EST BELLE
MARIA MARTIN STANLEY • Avec le soutien de LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE • Directrice de production Guadalupe BALAGUER TRELLES
Federico Veiroj
Né
en 1976 à Montevideo, Federico Veiroj, espagnoluruguayen, est diplômé
ensciences de la communication de l’Université Catholique d’Uruguay et
de l’Université de Virginie (USA). Il a d’abord travaillé à la
programmation du Festival International du Film organisé par la
Cinémathèque uruguayenne. Il a également travaillé pendant 4 ans à la
programmation et au service technique de la Filmothèque Espagnole. Il a
coproduit et réalisé son premier longmétrage ACNÉ en 2008, sélectionné à
la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. LA VIDA ÙTIL
(2010), son deuxième film à la fois comme producteur et comme
réalisateur, a été sélectionné à Toronto et à San Sébastian. Les deux
films ont été programmés dans plus de 100 festivals, ont remporté de
nombreux prix et ont été vendus aux USA, en France, au Royaume-Uni, aux
Pays-Bas,
en Espagne, au Japon, au Mexique, au Brésil et en Argentine, entre
autres. DIEU, MA MÈRE ET MOI (2015), son troisième long-métrage, a été
présenté au Festival du film de Toronto en Compétition Officielle ainsi
qu’au Festival de San Sebastian, où il a remporté une Mention Spéciale
du Jury et le prix FIPRESCI.
Filmographie
Dieu, ma mère et moi (El apostata) 2015
La vida ùtil 2012
Acné 2008
UN AUTRE REGARD SUR DIEU, MA MÈRE ET MOI (EL APOSTATA)
Tamayo, un jeune homme parfois candide, sait qu’il a besoin de
changer la personne qu’il est devenu, notamment sous la pression de ses
parents, qui attendent beaucoup de lui. Son opposition, sa petite
révolte, se manifeste de plus en plus dans sa quête donquichottesque de
faire son apostasie, c’est-à-dire de renoncer publiquement à la religion
catholique, et rayer son nom des archives de baptême de l’Église. Tout
cela révèle bien des visages et fait tomber bien des masques : Tamayo
doit se mettre au clair avec ses propres sentiments et révèle également
tout son petit monde à lui-même.
Avec l’innocence d’un adolescent, aussi sincère que tumultueux, il
avance avec ses contradictions et celles qu’il a héritées de sa famille.
Dieu ma mère et moi (El Apostata) est le nouveau film du réalisateur uruguayen Federico
Veiroj, qui s’était fait remarquer avec Acné en 2008 (sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs) et La vida ùtil en 2012. Deux films aussi curieux que personnels, qui avaient marqué les esprits.
Pour son troisième long-métrage, Veiroj tourne à Madrid et filme la
ville avec un regard neuf (tout comme le regard de son personnage est en
train de changer). Il signe une comédie existentielle et
quasimétaphysique, traversée çà et là par le fantôme de Luis Buñuel.
En effet, derrière sa légèreté apparente et ses situations comiques, le
film trace aussi le portrait de l’homme occidental contemporain, perdu
dans sa vie depuis que les dieux sont morts et que leurs sbires moins
bien intentionnés les ont remplacés. Veiroj transforme ce questionnement
sur la foi et la religion en réelle fable moderne. L’humour n’est plus
la politesse du désespoir, mais la nouvelle révolte de l’espoir.
FABIEN GAFFEZ
DIRECTEUR ARTISTIQUE DU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’AMIENS
NOTES DU RÉALISATEUR
Le point de départ
L’idée est née lorsque j’ai entendu parler de la tentative d’apostasie de mon ami Álvaro Ogalla ; je l’avais rencontré quand que je vivais à Madrid. Apostasier signifiait pour moi avoir l’intention de changer son passé, quelque chose d’impossible, donc un fantasme. C’est devenu un défi intérieur très tentant : créer un conte fictionnel avec des touches de fable. J’ai alors construit le personnage de Tamayo, qui à travers ses actes allait représenter une nouvelle façon d’être en conflit avec les institutions. Je sentais que cette histoire pourrait facilement être transposée dans d’autres pays.
Le personnage
Une fois que nous avons décidé que le personnage serait joué par Alvaro
lui-même qui n’a aucune formation d’acteur – je savais que le résultat
serait aussi étrange que lui. Ses gestes, son regard, son désir et sa
violence contenus, son apparence juvénile étaient des ingrédients
puissants avec lesquels je pouvais travailler afin de donner vie à son
personnage. J’ai essayé de montrer l’extrême variété de ses expressions
et de ses émotions. Tamayo transforme sa propre vie en une course
d’obstacles. Personnellement, je crois que Tamayo est un personnage
inoubliable. Durant l’écriture, je savais que je voulais faire un film
drôle, plein d’espoir, lumineux mais qui ne perdrait jamais sa
profondeur. Nous avons travaillé sur un récit qui pourrait inclure tous
ces aspects, sans oublier la conviction absolue de Tamayo, fil
conducteur de l’intrigue. Chaque fois que son passé ou ses délires
fantaisistes affluent, nous avons cherché à ne pas perdre ce qui le
motive : son désir de changement. Une volonté qui se manifeste par ses
grands renoncements, et des conquêtes épiques.
Tourner en Espagne
Je trouvais ambiguë cette idée d’apostasie de mon ami Alvaro – un
Espagnol né dans les années 70, presque à la fin d’une période
historique qui a marqué la vie de plusieurs générations. Pour parler de
la crise de maturité de Tamayo, sa relation avec les institutions
traditionnelles, il était nécessaire de les situer dans un pays
tourmenté comme l’Espagne. J’ai tenu à imprégner mon récit de ce mélange
de culpabilité, de plaisir et du poids de la tradition qu’on y trouve.
J’ai toujours senti que Madrid était ma vraie patrie, y ayant vécu une
partie importante de ma vie, et l’idée de filmer dans le pays d’où
viennent mes ancêtres était très séduisante.
Le scénario
Il y a eu divers apports pendant l’écriture du scénario : les lettres
d’Alvaro Ogalla à l’origine de cette histoire, la contribution de
Nicolás Saad à la structure lors la phase du traitement, et la réflexion
avec Gonzalo Delgado pour donner de la profondeur au personnage
principal. Tout au long du processus d’écriture, il était fondamental de
nous laisser emporter par la liberté du personnage de Tamayo, avec une
imagination croissante, aspect crucial du récit.
La musique
J’ai pensé aux différents styles musicaux comme s’ils étaient des
couches de la personnalité de Tamayo. C’est un grand privilège d’avoir
le piano de Federico Garcia Lorca « Romance Pascual de los Pelegrinitos »
en ouverture du film, qui introduit le personnage de Tamayo. La musique
classique orchestrale est tirée des NoDo – actualités et documentaires
réalisés en Espagne entre 1943 et 1981. Il y a aussi une chanson du
groupe basque Lisabö qui sonne étonnamment puissante et moderne. Des
fragments d’oeuvres du compositeur russe Prokofiev fonctionnent comme un
contrepoint. Enfin, j’ai utilisé du flamenco dans deux scènes du film,
la première interprétée par le chanteur et guitariste Israël Fernández
Rafael Rodriguez « El Cabeza »; et dans la scène finale, Estrella
Morente Enrique, qui, je crois donne un fantastique sentiment de
passion.
Les livres, les films et les chansons
Pour moi, il est impossible de ne pas être influencé par des livres,
des films ou des chansons qui reviennent à la surface quand je suis en
train de travailler. En l’occurence, il y a eu le livre à l’humour
magistral de Benito Perez Galdos « El audaz, Historia de un radical de
antaño » auquel nous avons emprunté quelques passages pour les scènes
avec l’évêque. Certains films m’ont inspiré, comme « La Prima Angélica »
de Carlos Saura, parce que j’aime vraiment sa relation entre le passé,
l’imaginaire et le présent. « Opera Prima » de Fernando Trueba est un
autre film espagnol qui m’a accompagné dans le processus, il dépeint
également la relation d’un jeune homme avec sa cousine. « L’Audience »
de Marco Ferreri m’a aidé à comprendre le degré de conviction de notre
Gonzalo Tamayo. En outre, je me sens proche de films comme « The Road »
de Omirbayev, les premiers films de Zanussi, et les merveilleuses
expressions du visage de Fernando Rey dans les films de Buñuel. Tous ces
éléments ont été très inspirants. Tout en écrivant le film avec Alvaro
Ogalla, nous avons imaginé le rythme du film comme un flamenco de
Manitas de Plata, qui n’a malheureusement pas pu faire la bande
originale, car il est mort le dernier jour de notre tournage.