Film soutenu

L’amour et rien d’autre

Jan Schomburg

Distribution : Dulac Distribution (Sophie Dulac Distribution)

Date de sortie : 18/04/2012

Allemagne / 2011 / 88 min / 1.85 / Dolby SRD

Est-il possible que quelqu’un vous manque si fort qu’on puisse le retrouver dans un autre ? Martha est une jeune femme épanouie et heureuse en amour. Lorsque son mari Paul disparaît soudainement, elle découvre qu’elle ne connaissait rien de lui. Alors qu’elle tente de faire face, elle rencontre Alexander, qui tombe amoureux d’elle. Un geste suffit pour que Martha projette l’image de Paul sur ce nouvel homme… Alexander pourra-t-il combler le vide laissé par Paul ? À quoi peut ressembler une nouvelle histoire d’amour après la fin soudaine du grand amour ?

Prix Europa Cinema – Festival International de Berlin 2011

Liste artistique
Martha Sabel SANDRA HÜLLER • Alexander Runge GEORG FRIEDRICH • Paul Sabel FELIX KNOPP • Trixi KATHRIN WEHLISCH • Anja VALERY TSCHEPLANOWA • Bruno Heimann STEPHAN GROSSMANN • Bernd ALJOSCHA STADELMANN

Liste technique
Scénario et réalisation
 Jan Schomburg • Image Marc Comes • Montage Bernd Euscher • Musique originale Tobias Wagner et Steven Schwalbe • ProductionClaudia Steffen et Christoph Friedel • Direction de production Katja Christochowitz • Production Pandora films • Co-production Westdeutscher Rundfunk

Jan Schomburg

Jan Schomburg est né en 1976 à Aachen. Après des études en communication visuelle à la Kunsthochschule de Cassel (en Cinéma et Télévision), il étudie la direction d’acteur à la Kunsthochschule à Cologne. En 2008 il reçoit une bourse pour intégrer le Andrzej Waida Master à la School of film directing à Varsovie. Beaucoup de ses court-métrages ont reçus des prix et récompenses. Il travaille et réside actuellement à Cologne.

Entretien avec Jan Schomburg

Le personnage principal de votre film est Martha. Après la disparition de son mari bien-aimé, elle commence à réaliser qu’elle ne le connaissait pas du tout. Comment vous est venue l’intrigue, vous êtes-vous inspiré d’une histoire vraie ?
En fait, il s’est passé une histoire similaire dans mon cercle d’amis. Une femme mariée depuis plusieurs années a soudainement découvert que le soi-disant travail excellent que son mari tenait dans une banque n’existait pas, qu’ils étaient fauchés et sans même la moindre assurance. Certaines personnes mènent des doubles vies à tel point qu’elles maintiennent ces mensonges même dans le contexte le plus privé et intime. Ce type de prétexte, qui évoque un faux succès, semble être plus ou moins spécifique aux sexes. Les cas que je connais touchent essentiellement des hommes. Lorsque la jeune femme dont je vous parle est allée à l’I.R.S. se renseigner sur leur situation financière réelle, un employé lui a dit qu’ils avaient pensé à approvisionner un placard avec de l’alcool dans les bureaux, pour les femmes comme elles qui venaient se renseigner sur les mensonges de leurs maris. Lorsqu’elles le font, elles ont vraiment besoin de boire un verre.

Personnellement, croyez-vous en l’amour véritable et aux rencontres fatidiques ?
Bien entendu, il y a quelque chose comme le véritable amour, mais je refuse d’accepter l’idée de la prédestination. D’une certaine manière, je trouve cela humiliant et mesquin. Je trouve par contre vraiment romantique de donner un sens à une histoire d’amour à travers des histoires mythologiques basées sur les coïncidences curieuses, les rencontres fatidiques et les anomalies numérologiques. Parfois, un «caprice» du destin nous fait prendre une décision. De plus, l’idée que nous ne sommes pas les seuls responsables de notre propre sort est réconfortante. Au début du travail sur L’AMOUR ET RIEN D’AUTRE, un tel «caprice» s’est produit. Bien entendu, quelqu’un ne croyant pas à ce genre de choses ne l’appellera pas comme cela. Je pense à un moment dans le projet ou il n’était pas encore sûr que Sandra Hüller jouerait le rôle de Martha. Elle avait lu la dernière version du scénario mais n’avait pas répondu. Je ne voulais pas l’appeler, de peur qu’elle me dise que ce projet était épouvantable.
Mais Sandra et moi-même nous sommes rencontrés quelques jours plus tard. Par hasard; dans un train Berlin-Hanovre incroyablement bondé, tôt le matin. Nous étions tous les deux très fatigués, mais comme nous étions là, debout dans le couloir à l’extérieur des toilettes, nous avons réalisé à quel point nous voulions travailler ensemble. Il ne fut pas vraiment possible de se débarrasser du sentiment que cette rencontre accidentelle était une bénédiction et que le destin était du côté de cette collaboration.

L’interprétation de Sandra Hüller est remarquable. Comment s’est passé votre collaboration avec elle ? 
L’interprétation de Sandra et son authenticité relève d’une forme de miracle. C’est un secret que je n’ai pas pu percer pendant notre collaboration. Pour moi, le moment essentiel lorsque vous travaillez avec des acteurs et avec Sandra en particulier, a lieu avant le tournage. Il s’agit alors de développer une relation de confiance, intime afin de faire ce voyage ensemble. Travailler avec Sandra fut vraiment très facile – simple et extrêmement productif. Je ne crois pas que les interprétations sont meilleures quand les comédiens passent par un processus douloureux et chargé de conflits ou par une manipulation psychologique et ce genre de choses.

Dans la majeure partie du film Martha cache ses émotions, jusqu’à ce qu’elles explosent lors d’une conversation avec Trixi. Comment avez-vous tourné cette scène ? Quelles indications avez-vous donné à Sandra Hüller ? 
Je pense que pour une telle scène, un réalisateur ne peut pas vraiment être d’une aide, quelconque. Pour moi, tout ce qui pouvait être dit avant de tourner aurait été un men- songe, un murmure impuissant. Ni Sandra ni moi ne pensions autant entrer dans la psychologie, même si les scènes étaient bien écrites et que nous les comprenions. Je crois que Sandra sait mieux de quelle manière le personnage va se comporter à ce moment là et comment créer ce personnage.
À ce moment précis, je me sens surtout responsable de la création d’un environnement afin que les acteurs ne soient pas distraits : cela peut sembler banal mais il s’agit de créer une atmosphère de concentration et de tranquillité sur le plateau et de veiller à ce que les paramètres techniques soient au point afin que la scène n’ait pas à être tournée trop de fois. Une fois que c’est fait, le réalisateur devient alors plus ou moins spectateur : subjugué par l’éclat – au même titre que n’importe qui sur le plateau. Après chaque prise c’était le silence complet sur le plateau. J’ai fait trois prises supplémentaires de la scène pour faire des petits ajustements, essentiellement techniques, mais la première prise était de loin la meilleure. C’est celle qui est dans le film.

Martha remplace son mari par un nouveau petit ami. Les acteurs Felix Knopp et Georg Friedrich ne se ressemblent pas tant que ça. Avez-vous pensé à la nécessité d’une ressemblance physique lors du casting pour le film ? 
En fait, il y a des versions antérieures du scénario dans lesquelles les similarités physiques des deux personnages sont plus frappantes. À dire vrai, l’idée d’un «fantôme» a défini principalement une ressemblance physique réelle – au tout début j’ai même pensé à faire jouer les deux personnages par le même acteur.
La partie vraiment intéressante de cette constellation n’est pas le fait qu’elle rencontre par hasard quelqu’un qui ressemble à la personne disparue mais que Martha «crée» cette ressemblance dans son esprit. La manière dont nous créons nos propres réalités n’a souvent rien à voir avec ce que les autres voient mais plutôt avec ce que nous voyons nous- mêmes. La perception est subjective, elle crée ses propres connexions sans s’appuyer sur une réalité objective.

Que pouvez-vous nous dire de votre collaboration avec le directeur de la photographie Marc Comes ? 
Marc et moi sommes amis depuis très longtemps et heureusement, cette amitié a évolué tout au long du tournage car nous sommes devenus encore plus proches, ce qui n’est pas toujours le cas. J’ai beaucoup de respect pour Marc et particulièrement pour son style impressionnant et assuré ainsi que pour sa passion. Une fois qu’il a décidé de faire quelque chose, il le fait de tout son cœur. Plus important encore, il pense toujours à la façon dont l’histoire est racontée, à l’intrigue. Son travail de caméra sert toujours l’histoire. Le fait qu’il filme L’AMOUR ET RIEN D’AUTRE a été une bénédiction pour moi.

Le film se termine avec un morceau de musique positif, donnant à la fin du film une connotation heureuse reposant sur un non-dit . Comment cette idée vous est-elle venue ? 
J’ai su très tôt qu’il faudrait une déclaration forte et énergique à la fin du film. Il me semblait important de montrer la décision de Martha de vivre sa nostalgie dans le présent, comme quelque chose de positif, comme une victoire de fiction sur les obstacles auxquels elle se heurte. L’idée de choisir une musique qui combine des éléments de la culture populaire française avec le Raï du Maghreb est liée au fait que ce mélange est très populaire à Marseille où nous avons tourné la scène finale dans laquelle nous voyons le port et les ferries au départ pour l’Afrique du Nord.

Dans la majeure partie du film Martha cache ses émotions, jusqu’à ce qu’elles explosent lors d’une conversation avec Trixi. Comment avez-vous tourné cette scène ? Quelles indications avez-vous donné à Sandra Hüller ? 
Je pense que pour une telle scène, un réalisateur ne peut pas vraiment être d’une aide, quelconque. Pour moi, tout ce qui pouvait être dit avant de tourner aurait été un men- songe, un murmure impuissant. Ni Sandra ni moi ne pensions autant entrer dans la psychologie, même si les scènes étaient bien écrites et que nous les comprenions. Je crois que Sandra sait mieux de quelle manière le personnage va se comporter à ce moment là et comment créer ce personnage.
À ce moment précis, je me sens surtout responsable de la création d’un environnement afin que les acteurs ne soient pas distraits : cela peut sembler banal mais il s’agit de créer une atmosphère de concentration et de tranquillité sur le plateau et de veiller à ce que les paramètres techniques soient au point afin que la scène n’ait pas à être tournée trop de fois. Une fois que c’est fait, le réalisateur devient alors plus ou moins spectateur : subjugué par l’éclat – au même titre que n’importe qui sur le plateau. Après chaque prise c’était le silence complet sur le plateau. J’ai fait trois prises supplémentaires de la scène pour faire des petits ajustements, essentiellement techniques, mais la première prise était de loin la meilleure. C’est celle qui est dans le film.

Martha remplace son mari par un nouveau petit ami. Les acteurs Felix Knopp et Georg Friedrich ne se ressemblent pas tant que ça. Avez-vous pensé à la nécessité d’une ressemblance physique lors du casting pour le film ? 
En fait, il y a des versions antérieures du scénario dans lesquelles les similarités physiques des deux personnages sont plus frappantes. À dire vrai, l’idée d’un «fantôme» a défini principalement une ressemblance physique réelle – au tout début j’ai même pensé à faire jouer les deux personnages par le même acteur.
La partie vraiment intéressante de cette constellation n’est pas le fait qu’elle rencontre par hasard quelqu’un qui ressemble à la personne disparue mais que Martha «crée» cette ressemblance dans son esprit. La manière dont nous créons nos propres réalités n’a souvent rien à voir avec ce que les autres voient mais plutôt avec ce que nous voyons nous- mêmes. La perception est subjective, elle crée ses propres connexions sans s’appuyer sur une réalité objective.

Que pouvez-vous nous dire de votre collaboration avec le directeur de la photographie Marc Comes ? 
Marc et moi sommes amis depuis très longtemps et heureusement, cette amitié a évolué tout au long du tournage car nous sommes devenus encore plus proches, ce qui n’est pas toujours le cas. J’ai beaucoup de respect pour Marc et particulièrement pour son style impressionnant et assuré ainsi que pour sa passion. Une fois qu’il a décidé de faire quelque chose, il le fait de tout son cœur. Plus important encore, il pense toujours à la façon dont l’histoire est racontée, à l’intrigue. Son travail de caméra sert toujours l’histoire. Le fait qu’il filme L’AMOUR ET RIEN D’AUTRE a été une bénédiction pour moi.

Le film se termine avec un morceau de musique positif, donnant à la fin du film une connotation heureuse reposant sur un non-dit . Comment cette idée vous est-elle venue ? 
J’ai su très tôt qu’il faudrait une déclaration forte et énergique à la fin du film. Il me semblait important de montrer la décision de Martha de vivre sa nostalgie dans le présent, comme quelque chose de positif, comme une victoire de fiction sur les obstacles auxquels elle se heurte. L’idée de choisir une musique qui combine des éléments de la culture populaire française avec le Raï du Maghreb est liée au fait que ce mélange est très populaire à Marseille où nous avons tourné la scène finale dans laquelle nous voyons le port et les ferries au départ pour l’Afrique du Nord.