Après la sortie française des deux volets de The Souvenir en février 2022 et la sortie de Eternal Daughter le 22 mars 2023, la rétrospective des films de Joanna Hogg présente ses quatre premiers films dont trois inédits en France : Caprice, Unrelated, Archipelago et Exhibition.
Joanna Hogg
Née en 1960 à Londres, Joanna Hogg est réalisatrice et scénariste. C’est à la télévision que la Cinéaste commence sa carrière, initialement comme photographe. Après plusieurs années passées à la télévision, Joanna Hogg a voulu explorer de nouveaux horizons. En se détachant de l’univers télévisuel, la réalisatrice souhaitait créer un cinéma plus contemplatif, loin des mouvements de caméras continus typiques de la télévision. C’est ainsi qu’est né son premier long-métrage, UNRELATED (2008).
Remarquée pour ce premier long impressionnant de maîtrise, Joanna Hogg s’est depuis construite une carrière de cinéaste complète et acclamée avec 6 long-métrages réalisés en moins de 20 ans et des sélections dans les plus grands festivals.
Découvrir l’oeuvre de Joanna Hogg, c’est plonger dans un univers singulier, exigeant et constamment fascinant. Puisant le plus souvent son inspiration dans son propre parcours artistique et intime, Joanna Hogg s’affirme, en seulement six longs métrages, comme une cinéaste du regard et du point de vue.
UNE RÉTROSPECTIVE
Née en 1960 à Londres, Joanna Hogg pratique la photographie avant d’intégrer la National Film and Television School en 1981. Elle réalise à cette période plusieurs films expérimentaux en Super 8. Son court métrage de fin d’études, Caprice (1986), avec une Tilda Swinton encore inconnue, est remarqué. Elle tourne ensuite plusieurs clips pour des artistes et travaille à la télévision. Il faudra des années à Joanna Hogg pour oser faire un film de cinéma. Son premier essai est magistral.
Avec Unrelated (2007), réalisé à 47 ans, elle témoigne d’emblée d’une extrême finesse dans l’observation des dynamiques de groupe et des rapports de classe, comme d’une maîtrise aussi délicate que vertigineuse de leur mise en scène. Le film révèle l’acteur Tom Hiddleston, qui deviendra un collaborateur régulier de la cinéaste. Archipelago (2010) et Exhibition (2013), avec Viv Albertine, l’ancienne guitariste du groupe punk culte The Slits, et le plasticien Liam Gillick développent l’exploration des liens familiaux, amoureux et sociaux en rapport avec leur environnement immédiat, du plus naturel – les îles Scilly, la campagne italienne en été – aux plus raffinés – une villa toscane, une maison moderniste à Londres, au travers de dispositifs originaux de distanciation du regard qui jamais ne méprisent leurs sujets. Joanna Hogg s’impose avec ces trois premiers longs métrages comme une figure incontournable du cinéma britannique.
Grand prix à Sundance, sélectionné et primé dans de nombreux festivals à travers le monde, The Souvenir (2019) – avec Tilda Swinton, sa fille Honor Swinton-Byrne et Tom Burke –, sur un amour chaotique entre une jeune étudiante en cinéma et un homme plus âgé, affabulateur aussi fascinant que toxique, la propulse sur le devant de la scène internationale. Le deuxième volet de cette autofiction, The Souvenir, part II, où l’étudiante fait le deuil de cet amour avec son premier film, a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2021. Martin Scorsese en a été le producteur exécutif, comme celui de son nouveau film.
UNRELATED
Grande-Bretagne, 2007, 100 min, DCP, coul., vostf
Avec Kathryn Worth, Tom Hiddleston, Mary Roscoe, David Rintoul / Prix Fipresci au London Film Festival, 2007
Alors que son couple bat de l’aile, Anna trouve refuge auprès de son amie Verena, qui passe les vacances d’été avec sa famille en Toscane. De nature réservée, Anna peine à trouver sa place et se rapproche peu
ARCHIPELAGO
Grande-Bretagne, 2010, 114 min, DCP, coul., vostf
Avec Tom Hiddleston, Kate Fahy, Amy Lloyd, Lydia Leonard, Christopher Baker / Sélection aux British Film Awards 2012
Edward, un trentenaire désoeuvré, décide de quitter son travail pour rejoindre une Organisation humanitaire en Afrique. Sa mère, Patricia, et sa soeur, Cynthia, prévoient avant son départ de réunir la famille à Tresco, une île idyllique de l’archipel des Scilly. Mais lorsque le père décide de ne pasles rejoindre, les émotions jusqu’ici refoulées par chacun d’entre eux refont alors surface.
EXHIBITION
Grande-Bretagne, 2013, 104 min, DCP, coul., vostf
Avec Viv Albertine, Liam Gillick, Tom Hiddleston / Festival de Locarno 2013
Quand D. et H. décident de vendre la maison qu’ils ont tant aimée et dans laquelle ils vivent depuis deux décennies, les angoisses de l’un comme de l’autre s’expriment. Les rêves, les souvenirs, les peurs aussi ont laissé leurs empreintes sur cette maison qui a joué un rôle déterminant dans leur relation et porte aujourd’hui les stigmates de leur vie commune passée bien plus jeune qu’elle.
CAPRICE
La vie de Lucky est bouleversée lorsqu’elle intègre l’équipe de son magazine de mode préféré, Caprice. En pénétrant dans ce monde de rêve, Lucky traverse les différents articles du magazine : une expérience à la fois fascinante et effrayante.
« Court métrage de fin d’études, Caprice, tourné en 1986, nous plonge dans un univers fantasmatique qui emprunte à l’expressionnisme allemand, au musical hollywoodien et à l’onirisme d’un Jean Cocteau. Dans ce périple digne d’Alice au pays des merveilles et du Magicien d’Oz, la protagoniste, fascinée par les magazines de mode sur papier glacé, bascule dans un monde captivant de conte de fée qui vire peu à peu au cauchemar. Avec des moyens limités, Joanna Hogg parvient à créer un univers visuel foisonnant. Tilda Swinton, épatante en jeune fille fantasque, trouve ici l’un de ses tout premiers rôles. » FRANCK GARBARZ
THE SOUVENIR – PART I
Au début des années 80, Julie, une jeune étudiante en cinéma qui se cherche encore, rencontre Anthony, un dandy aussi charismatique que mystérieux. Prise sous le charme de cet homme plus âgé, elle se lance aveuglément dans ce qui s’avère être sa première véritable histoire d’amour. Malgré les mises en garde de son entourage, Julie s’enferme peu à peu dans une relation toxique, qui pourrait bien menacer son avenir.
« Premier volet d’un diptyque inspiré par le propre parcours de la cinéaste, The Souvenir décrit un double mouvement contradictoire : l’élan artistique de Julie, d’un côté, constamment brisé par l’emprise d’Anthony, son amant, de l’autre. Dans ce film magistral, Joanna Hogg, qui se méfie depuis toujours du sentimentalisme, montre que la médiation des émotions, captées
par un miroir, une vitre ou une caméra, dépasse en intensité et en vérité l’émotion elle-même. Elle révèle également la naissance d’une comédienne, Honor Swinton Byrne. » FRANCK GARBARZ
THE SOUVENIR – PART II
Sortant durement éprouvée de sa liaison avec Anthony, homme séduisant et manipulateur, Julie cherche à faire la lumière sur l’existence fictive qu’il s’était inventé et à mettre de l’ordre dans ses propres sentiments. Lui vient alors une idée un peu folle : et si elle consacrait son film de fin d’études à cette douloureuse histoire d’amour ? Peut-on vaincre ses blessures en mettant en scène un épisode de sa propre vie ?
« Le second volet du diptyque The Souvenir est celui de la réparation et de l’émancipation. Ressourcée auprès de ses parents, Julie reconquiert sa place sur les plateaux de tournage et se réinscrit dans sa propre démarche créatrice. Profondément émouvant dans ce qu’il révèle d’intime sur le geste d’artiste de Joanna Hogg, The Souvenir – Part 2 mêle réalité, fiction et métafiction et renoue avec l’univers onirique de Caprice. On découvre alors, médusé, le fantasme de cinéma de Joanna Hogg. » FRANCK GARBARZ
PARUTION DU LIVRE : JOANNA HOGG, REGARD INTIME SUR L’IMAGINAIRE
SOUS LA DIRECTION DE FRANCK GARBARZ,
AVEC LA COLLABORATION DE FRÉDÉRIC MERCIER
Auteur d’une Œuvre aussi personnelle que singulière, Joanna Hogg a été révélée tardivement au public français grâce au diptyque The Souvenir sorti en salles début 2022. Pourtant, la réalisatrice anglaise a déjà signé quatre autres longs métrages, dont son dernier opus, Eternal Daughter (film également soutenu par le GNCR), présenté à la Mostra de Venise cette année.
Cinéaste du point de vue, Joanna Hogg témoigne d’une stupéfiante maîtrise du cadre et du travail sonore : dans chacun de ses films, elle délimite un espace dans lequel ses personnages se heurtent, s’affrontent, s’aiment, se découvrent ou ne se comprennent pas. Puisant le plus souvent son inspiration dans son propre parcours de photographe et de cinéaste, Joanna Hogg s’attache à des personnages d’une extrême pudeur dont les fêlures – une rupture, une disparition, une incapacité à communiquer, une addiction – se manifestent peu à peu.
Voilà donc une œuvre passionnante dont la singularité méritait qu’on lui consacre ce livre qui s’appuie essentiellement sur des documents visuels esquissant, en creux, un portrait de l’artiste.
Inclus :
- Un entretien exclusif de la cinéaste, par JUDITH REVAULT D’ALLONNES,
directrice du département Cinéma du Centre Pompidou - Deux préfaces, signées MARTIN SCORSESE et TILDA SWINTON.