Film soutenu

Flee

Jonas Poher Rasmussen

Distribution : Haut et Court Distribution

Date de sortie : 31/08/2022

Danemark/France/Suède/Norvège - 2022 -1h25 - documentaire, animation

L’histoire vraie d’Amin, un Afghan qui a dû fuir son pays à la fin des
années 80 alors qu’il n’était qu’un enfant. Trente ans plus tard, désormais
universitaire au Danemark, il va confier à son meilleur ami la véritable
histoire de son voyage et de son combat pour la liberté.

Festival de Cannes – Sélection officielle 2020

AVEC LES VOIX ORIGINALES DE :Amin • Jonas Poher Rasmussen • Daniel Karimyar • Fardin Mijdzadeh • Milad Eskandri • Belal Faiz • Elaha Faiz • Zahra Mehrwarz • Sadia Faiz

Réalisation Jonas Poher Rasmussen • Scénario et adaptation Jonas Poher Rasmussen, Amin • Montage Janus Billeskov Jansen • Direction de l’animation Kenneth Ladekjær • Direction artistique Jess Nicholls • Direction de production Charlotte Sanchez • Montage son Edward Björner • Mixage son Tormod Ringnes • Musique Uno Helmersson • Production Monica Hellström Signe Byrge Sørensen Charlotte De La Gournerie • Co-production Jean-François Le Corre et Mathieu Courtois – Vivement lundi ! Charlotte Most – MostFilm Maria Ekerhovd – Mer Film Anne Charbonnel et Alex Szalat – ARTE France Thomas Gammeltoft – Copenhagen Film Fund Barbara Truyen – VPRO • Production déléguée Riz Ahmed Nikolaj Coster-Waldau Danny Gabai, Natalie Farrey et Jannat Gargi – VICE Studios Hayley Pappas et Matt Ippolito – RYOT Films Philippa Kowarsky – Cinephil

Jonas Poher Rasmussen

Jonas Poher Rasmussen est un réalisateur franco-danois né en 1981.
En 2006, il démarre sa carrière avec un documentaire pour la télévision, Something About Halfdan, consacré au poète danois Halfdan Rasmussen, et une série de
documentaires radiophoniques. Il est diplômé de l’école Super16 en 2010.
Il réalise le docu-fiction Searching for Bill (primé au Festival International du film documentaire de Copenhague), puis le documentaire What he did, qui remporte le prix FIPRESCI au Festival du Film de Thessalonique en 2016.
Son premier long-métrage de cinéma qui bénéficie d’une sortie au cinéma en France, FLEE, a bénéficié d’une carrière hors normes en festivals : Sélection officielle à Cannes en 2020, Grand Prix du Jury à Sundance, Cristal du meilleur long-métrage à Annecy, Meilleur documentaire à Göteborg, Prix du Public (documentaires) à Toronto, entre autres. Le film, chose exceptionnelle, a été nommé aux Oscars dans trois catégories : Animation, Documentaire, Film étranger. FLEE a également remporté les prix du Meilleur documentaire et du Meilleur film d’animation aux European Film Awards.

NOTE D’INTENTION DU RÉALISATEUR


Les origines du projet


J’avais 15 ans quand j’ai rencontré Amin, au Danemark. Il est arrivé d’Afghanistan tout seul et vivait dans un foyer d’accueil, juste au coin de la rue où j’habitais. Nous nous croisions tous les matins à l’arrêt de bus, sur le chemin du lycée, et nous sommes progressivement devenus des amis proches. C’était il y a25 ans.
Comme je n’étais qu’un adolescent à l’époque, je ne l’ai jamais interrogé sur son passé. Ça ne me concernait pas vraiment.
Nous avons à peu près le même âge, nous avons tous les deux écouté la même musique, regardé les mêmes films et partagé un même intérêt pour le sport. Il aimait jouer au volley-ball à Kaboul, tandis que j’aimais jouer au football au Danemark. Mais sa vie a pris un tournant radical. Il a passé cinq ans à fuir, avant d’arriver finalement – tout seul – dans ma ville. Nos vies étaient à la fois semblables et très différentes.
Pendant au moins la moitié de sa vie, Amin a caché le pourquoi et le comment de son arrivée au Danemark. Faire ce film m’a permis de mieux comprendre les conséquences dramatiques de la fuite. À la fois quand on est un enfant, mais aussi lorsque le passé et le présent sont si déconnectés, comme pour Amin. J’ai observé que ce décalage créait chez lui une certaine tendance à se projeter dans l’avenir, tout en gardant une distance avec le présent, les gens qui l’entourent. J’ai compris ce que c’est que d’avoir un secret que l’on ne peut pas véritablement partager, mais qui sera toujours une présence silencieuse, qui hante les relations humaines et la vie en général.

Le processus de création du film


Au départ, Amin était réticent à l’idée de raconter son histoire dans un documentaire. Mais en 2013, en découvrant les possibilités du documentaire en animation, j’ai trouvé une voie qui permettrait à Amin de s’exprimer, sans s’exposer.
Ayant déjà réalisé des documentaires radiophoniques, j’ai utilisé la technique d’interview que j’emploie depuis des années : les personnes interrogées s’allongent et ferment les yeux, se souvenant de l’aspect, de l’odeur et des sensations des choses, de sorte que leurs souvenirs deviennent forts et immédiats, comme s’ils se déroulaient au présent. Avec FLEE, j’ai ajouté l’animation à mon répertoire.
Amin voulait tourner la page de son passé en s’y confrontant – parce que tous les traumatismes associés à son enfance créaient une distance avec toutes les personnes de sa vie. Ne pas pouvoir partager sa pleine personnalité était devenu un lourd fardeau. Nous avons pu utiliser sa vraie voix dans le film, pour s’inscrire véritablement dans le documentaire, tout en garantissant à Amin l’anonymat qu’il souhaitait préserver en choisissant l’animation. C’était important pour lui, aussi parce qu’il a de la famille qui est retournée en Afghanistan et qu’il veut aussi respecter leur vie privée.
Mais Amin voulait aussi partager son histoire pour que les gens comprennent ce que signifie fuir pour sauver sa vie.
Les histoires qu’Amin a partagées sont puissantes. Les détails de sa vie avant le lycée ont afflué au cours de plusieurs séances, reliant les points entre son exode douloureux d’Afghanistan et son purgatoire de pré-adolescent à Moscou, où lui et sa famille attendaient dans les limbes leurs papiers d’immigration, et enfin au Danemark, où l’adolescent s’est créé un nouveau foyer, seul, séparé de sa famille. Sur une période de trois ou quatre ans, nous avons réalisé plus d’une douzaine d’entretiens ensemble, chacun découlant d’une session initiale de trois jours au cours de laquelle Amin a déversé l’histoire de sa vie dans des détails souvent graphiques et déchirants.
Le choix de l’animation comme forme, tout en garantissant à Amin un anonymat qui,en le soustrayant au regard du public, lui permettait de se raconter librement et de vivre sans être renvoyé à ses traumas, a permis de rendre émotionnellement vivants des événements passés.
Une fois les entretiens terminés, nous avons composé un scénario, encadrant les principaux incidents de la vie tumultueuse de Amin, en le gardant présent dans le projet. Il reçoit un crédit d’auteur sur le film, car c’est son histoire, racontée de sa propre voix.
Au travail de l’animation pour mettre cette voix en image, j’ai voulu intégrer des images d’archives, pour rappeler régulièrement au spectateur qu’il s’agit avant tout d’un documentaire, et non d’une fiction. Ces images permettent de mieux contextualiser le film en l’ancrant dans une réalité historique.

À propos du statut de « réfugié »

Amin n’a pas grandi avec le sentiment d’appartenir à une communauté de destins ni à une identité collective de migrants ou de réfugiés, laquelle les enferme dans un statut. Il souhaitait avant tout se délester d’un passé qu’il avait longtemps caché.
Quant à moi, je n’ai pas cherché à faire un film politique : je voulais raconter l’histoire d’un ami, le récit universel de quelqu’un qui cherche sa place. Mais ma perspective a évolué, tant son récit donnait un visage humain à une expérience vécue par des millions de gens.

FLEE retrace aussi son parcours de jeune Afghan homosexuel…

Amin m’avait confié à 17 ans qu’il était gay, et cela a toujours fait partie de lui. Il m’avait aussi parlé de la difficulté à devoir cacher son identité sexuelle en Afghanistan, comme il devra plus tard occulter une partie de son passé en Europe. Ce film retrace donc aussi le chemin d’un homme condamné à fuir, qui cherche sa place pour s’assumer dans toute sa singularité.
Aujourd’hui, lui et son mari vivent heureux dans la maison avec jardin qu’on voit dans le film. Amin tient toujours à garder l’anonymat, d’autant qu’il ne veut surtout pas être considéré comme une victime.