Suite aux annonces de jeudi 10 décembre et à la décision de reporter l’ouverture des salles de cinéma, et plus généralement des lieux de culture, les réactions de protestation et d’indignation ne se sont pas fait attendre : prises de parole, communiqués, tribunes, tweets et autres posts. Au-delà des polémiques qui pourraient être engagées sur les chiffres, force est de constater que s’ils sont mauvais, les lieux culturels ne sont pas responsables, puisqu’ils sont fermés depuis plus d’un mois et que le maintien d’un haut taux de contamination trouve ses causes ailleurs. Il n’est pas non plus question de polémiquer pour savoir si ces causes sont liées à de mauvaises décisions, mais dans ces conditions, compte tenu également de l’accord unanime pour reconnaître que les salles de spectacle ne sont pas des lieux de contamination de la population, nous ne pouvons que constater que les lieux culturels subissent une réelle discrimination qui est profondément injuste et inacceptable.
Beaucoup de mots permettent d’illustrer et de qualifier ce que nous ressentons tous : tristesse, frustration, incompréhension et, désormais, colère. Un seul pourrait suffire à qualifier la façon dont nous avons été traités : mépris. Celui-ci a été beaucoup utilisé depuis jeudi, mais comment appeler autrement cette façon d’annoncer à tout un secteur économique, déjà en grande difficulté, quelques jours seulement avant la date fixée, que la reprise d’activité ne sera pas possible ? Sans aucune considération de tous les sacrifices et efforts accomplis depuis mars pour enrayer la pandémie et pour accueillir, dans le respect total des conditions sanitaires imposées, les spectateurs et les visiteurs. Sans aucune considération non plus de l’immense travail réalisé par les professionnels du secteur depuis plusieurs mois – reprogrammation des spectacles et des sorties de film, adaptation des horaires, modification de la billetterie – et de l’immense travail que nécessiteront ces nouvelles déprogrammations, le mépris trouvant son point d’orgue dans la fameuse « clause de revoyure » dont la date n’est qu’un leurre.
Pour protester et s’opposer à cette décision, des actions vont être menées qu’accompagnera ou soutiendra le Groupement National des Cinémas de Recherche. D’une part, différentes organisations s’apprêtent à déposer un référé/liberté auprès du Conseil d’État pour faire valoir le droit à tous les lieux de diffusion (spectacle, cinéma, musées) d’ouvrir. D’autre part, plusieurs actions symboliques auront lieu partout en France mardi 15 décembre à l’initiative de la FNCF (allumage des enseignes à partir de 17h00 et organisation de files d’attente devant les cinémas) et mercredi 16 décembre à l’initiative du BLOC BLIC ARP (projections dans des lieux de culte). Enfin, mardi 15 décembre, des rassemblements des professionnels du spectacle et du cinéma auront lieu dans toute la France. À Paris, une manifestation unissant toutes celles et tous ceux qui font vivre les arts et la culture – équipes des lieux de diffusion et de création, comédien.ne.s, technicien.ne.s, artistes… – aura lieu à 12h00 place de la Bastille.
Le GNCR appelle ses adhérent.e.s et leurs spectatrices.teurs à se mobiliser autour de ces actions et à se joindre à ces grands rendez-vous unitaires et solidaires.
Juliette Grimont & Gautier Labrusse
Co-Président.e.s