Edito décembre 2020

Le monde d’aujourd’hui

Editos

EDITO – décembre 2020

Aujourd’hui, les métiers d’exploitant.es (et de distributeur.trices, de producteur.trices, d’auteur.trices…) sont encore une fois mis à rude épreuve. Ce deuxième confinement fut bien plus difficile qu’au printemps : regarder le pays continuer à travailler tandis que les salles sont à l’arrêt n’est facile pour personne, alors que nous avions mis en place les précautions sanitaires qui nous ont permis de rester des lieux “safe”. Le sentiment que notre activité a été trop vite qualifiée de « non essentielle » ne nous a pas laissé dans l’inaction. Le GNCR garde une veille constante sur le soutien des puissances publiques à nos capacités d’action et de survie, notamment au sujet de la nécessité de la compensation des pertes des salles publiques en régie directe. 

Emmanuel Macron a fini par dire, lors de son allocution télévisée, que la culture était essentielle aux citoyens, et on ne doute pas que Roselyne Bachelot est également de cet avis, laquelle a soutenu jusqu’au bout les demandes conjointes du BLOC, du BLIC et de l’ARP pour une dérogation à la fermeture afin de permettre les séances scolaires et pour le maintien d’une séance à 20h00 dans le cadre du couvre-feu. Néanmoins, le refus délibéré de maintenir la séance de 20h00 à la réouverture le 15 décembre handicape les salles de cinéma comme leurs spectateurs (sans parler du secteur du le spectacle vivant) pour lesquels cette demi-heure gagnée sur le précédent couvre-feu ne constituera pas une véritable bouffée d’oxygène. C’est la raison pour laquelle, à leurs côtés et au sein du BLOC, le GNCR continuera à monter au créneau pour que les lieux de culture soient également accessibles en soirée.      

Dès le 15 décembre, les exploitant.es feront face à une saturation du nombre de propositions. Nous aurons d’une part celles qui commençaient tout juste leur vie en salle – dont le très beau City Hall de Wiseman, soutenu par le GNCR, que nous vous encourageons à programmer ou re-programmer à la réouverture ! Elles ont toute légitimité, comme c’était le cas en juin, à reprendre leur vie « là où elle s’était arrêtée ». D’autre part arriveront sur le marché tous les films qui n’ont pu sortir pendant ces mois de fermeture, auxquels s’ajouteront ceux qui attendent leur tour. Dans ce foisonnement de films, et fort.es de notre expérience de septembre et octobre, il faudra être attentif à préserver la diversité sur nos écrans, lutter contre la concentration sur certains titres, et refuser certaines stratégies de distribution qui voudraient imposer des conditions d’exposition bloquant alors l’accès aux écrans à d’autres films moins porteurs.    

Dans ce contexte, ne perdons pas de vue ce qui fait notre force : une programmation dans le temps, une connaissance du public et de ses pratiques, un engagement dans l’animation de nos lieux et une connexion permanente avec le tissu associatif de nos villes. Les chiffres le disent : les salles art et essai sont celles qui font mieux vivre les films les plus exigeants.      

Mais nous ne pourrons arriver à nos fins sans un soutien fort du CNC quant à la régulation des pratiques afin d’éviter la foire d’empoigne que fut la rentrée de septembre. Nous sommes à la disposition de nos partenaires pour réfléchir avec eux à la forme que pourrait prendre cette régulation nécessaire.

En attendant, nous vous invitons à découvrir les films que le GNCR a décidé de soutenir, pour ne pas oublier la raison pour laquelle nous nous battons !

Nous restons à votre écoute.

Juliette Grimont et Gautier Labrusse
Coprésident.e.s du Groupement National des Cinémas de Recherche